à vif, Billets

Retombés en enfance

Il ne leur a fallu que peu de choses, un bref instant et trois flocons à la fenêtre, et ils sont retombés en enfance.  

Ils poussent des cris aigus et quittent leur postes de travail pour s’agglutiner à la fenêtre pour un bourdonner, tels insectes égarés, ils ne vous le diront pas mais tous rêvent de sortir un moment et goûter à la joie trop lointaine d’une bataille de boules de neige.

Dehors, la circulation s’est faite plus lente, et bien moins dense aussi.
Des enfants qui ont peur de conduire.
Armés de leur seul appareil photo, ils prennent soin de garder une trace de ce filtre blanc qui a pris possession du gris de leur cité.
Ils se téléphonent, s’écrivent, se twittent et s’échangent des photos monochrome, seule preuve indiscutable qu’eux aussi ils ont de la neige
chaine

Inculte moi ?

J’aime bien toutes ces chaines de blogueurs ça permet de sortir de l’ordinaire,  d’en apprendre un peu plus sur les autres et puis à titre personnel ça me plait assez de bosser sur un sujet imposé de temps à autres, ça m’amuse. 

Alors forcément des chaines on m’en refile quelques unes.
Aujourd’hui c’est Valérie  qui a pensé à moi. 
Et vu qu’elle est foncièrement méchante espiègle elle me demande d’arrêter d’étaler mon égo et de vous parler un instant de mon inculture. 
Vu que je suis incontestablement trèeeeees cultivé je vais devoir inventer. 
[mais mais mais,  partez pas !  hey ! Je rigole… un peu.]


Ça va se passer comme à l’école, il y a plusieurs matières et je devoir  vous (d)écrire à quel point je les ignore


Cinéma :
Là je commence par le pire. 
Il faut que je vous dise que je vois environ 150 films par an.
De tout hein, de la palme d’or au nanar’ qui s’assume. 

Du blockbuster américain et dernier thaïlandais…
Du cinéma d’auteur jusqu’au Transporteur 2 (oui j’ai dit que j’allais m’humilier). 
Ce qui est bien c’est que, du coup, j’apprécie les films les plus variés sans que personne n’y comprenne rien, je vois les références partout et je me marre quand les autres s’ennuient. (même quand ils s’ennuient vraiment)
Le hic, c’est qu’en quinze ans de cinéphagie active je n’ai jamais eu le temps de me faire les grands réal’ italiens ne me parlez pas des Mastroianni, Fellinni, Rossellinni et consorts je n’y connais rien. Mais alors rien. 

Géographie :
Quand j’étais petit j’ai très vite compris que la géographie c’était le truc qu’on vous enseigne entre deux cours d’histoire. Il suffisait me suffisait d’écoute r correctement en histoire (j’adore qu’on me raconte des histoires, n’importe lesquelles) que je profite de ma mémoire et je m’en tirais avec une moyenne tout à fait honorable à la fin du trimestre, suffisamment en tout cas pour faire illusion.
Alors aujourd’hui je me sers d’une carte dès que je dois me rendre à vingt kilomètres de chez moi… 
Il y a quelques jours je me suis amusé à faire ce test là. J’en rigole encore…

Littérature :
Là aussi je suis assez boulimique. 
Pour vous donner une idée,  un été, ado, j’ai lu tous les Hercule Poirot en quinze jours de vacances à raison de deux à trois par jour… 
Alors logiquement j’ai fait L en me disant que ça allait être bien que j’allais lire quelques uns des classiques qui m’avaient échappé. 
Mais en fait en L ils vous font lire trois livres dans l’année et encore ils trouvent que ça fait beaucoup. 
Alors forcément il y a des classiques qui sont passés à la trappe au profit de jeunes auteurs plus sexy… 
Un jour je lirai « A la recherche du temps perdu » et quelques autres. C’est dit.

Mathématiques :

Là je vais faire bref.
En terminale L à mon époque on nous faisait faire des équations du premier degré, pour ma défense je fais ça très bien… 

Mais au delà… au delà ?

Nourritures :
J’aime cuisiner, j’aime manger, j’aime… enfin… 
Bon, ok. Sorti des moules et deux trois autres trucs j’ai franchement un problème avec ce qui vient de la mer. J’aimerais bien hein, parce que voir les autres se régaler avec des suchis, de la langouste ou même des bulots c’est rageant (économique mais rageant).
Alors ne me demandez même pas de cuisiner une sardine, c’est non.  Et n’insistez pas hein !

Boissons :
Il me semble plus ou moins confusément que la question ne porte pas sur mon gout pourtant avéré pour le jus de citron. 
On parle d’alcool là. 
Or je suis clairement amateur de vin, avec un penchant certain mais pas du tout exclusif pour le Bourgogne rouge. 
J’ai aussi un goût prononcé pour la vodka… et les alcools forts en général. 
Pourtant je n’arrive absolument pas à apprécier une traitre goutte de Whisky du meilleur au plus infâme. 
Cette boisson m’écœure absolument de sorte que j’aurais le plus grand mal à distinguer le bon malt de l’ivraie.

Ouf, je me suis assez humilié pour aujourd’hui. Il ne me reste plus qu’à me débarrasser de cette chaine, parce que le ridicule est bien moins insupportable dès lors qu’il est partagé.
Et je tague donc Geoffrey, Remi, Elise, Xavier et Bettie tiens !
Billets, justice, nos droits

Tiens ! Et si on tuait le juge d’instruction ?

Il est encore trop tôt pour s’alarmer puisqu’il ne s’agit pour l’instant même pas encore d’un projet mais juste d’un bruit de couloir amplifié par le Monde ce matin au point de devenir l’information du jour :

Nicolas Sarkozy envisage de supprimer le juge d’instruction pour confier l’ensemble des enquêtes judiciaires au parquet, sous le contrôle d’un magistrat du siège, appelé juge de l’instruction. Le chef de l’État devrait en faire l’annonce lors de la rentrée solennelle de la cour de cassation, mercredi 7 janvier.[source]

J’ai dit trop tôt pour s’alarmer, certainement pas pour réfléchir, bien au contraire.

Car la machine judiciaire, par nature imparfaite ne saurait faire l’économie de penser en permanence à des améliorations éventuelles. 

Voila les seules questions qui vaillent. Quel est le système actuel ? Quel serait l’apport de la réforme proposée ? 
Voyons donc. 
 
1- Quelques mots sur le procureur de la République
 Dans l’hypothèse où la loi qualifie des faits de crime délits ou contravention, l’action publique est en principe :

mise en mouvement et exercée par les magistrats ou par les fonctionnaires auxquels elle est confiée par la loi.

Cette action peut aussi être mise en mouvement par la partie lésée. [art. 1 du CPP]
Selon l’article L 212-6 du code de l’organisation judiciaire c’est « Le procureur de la République [qui] représente, en personne ou par ses substituts, le ministère public près le tribunal de grande instance. »
Au surplus selon l’article 12 du code de procédure pénale c’est lui qui dirige la police judiciaire.  

En outre -et c’est particulièrement important pour la suite de nos développements- l’article 40 al. 1 du même code dispose que : 
Le procureur de la République reçoit les plaintes et les dénonciations et apprécie la suite à leur donner conformément aux dispositions de l’article 40-1.
Il s’agit d’une faculté discrétionnaire, dans le cadre de laquelle le procureur de la République n’a pas à motiver sa décision. 
Selon l’article 40-1 le procureur a donc le choix de décider s’il est opportun :
1° Soit d’engager des poursuites ;
2° Soit de mettre en œuvre une procédure alternative aux poursuites en application des dispositions des articles 41-1 ou 41-2 ;
3° Soit de classer sans suite la procédure dès lors que les circonstances particulières liées à la commission des faits le justifient.
Vous avez bien lu. Le procureur de la République peut décider de ne pas poursuivre des faits pourtant punis par la loi et ce sans se justifier.

La chose est d’autant plus particulière que le procureur de la République, magistrat du parquet ne bénéficie pas de l’indépendance propre au magistrats du siège.
  • Il est hiérarchiquement soumis au ministre de la justice.
  • Il n’est pas inamovible. 
  • Ses décisions qui ne sont pas à proprement parler des décisions de justice ne sont pas susceptibles d’appel. 
2- Au sujet du juge d’instruction
Selon l’article 51  du code de procédure pénale.
Le juge d’instruction ne peut informer [c’est à dire enquêter] qu’après avoir été saisi par un réquisitoire du procureur de la République ou par une plainte avec constitution de partie civile, dans les conditions prévues aux articles 80 et 86.
 En clair, il intervient dans deux hypothèses bien distinctes : 
  • soit l’affaire nécessite une enquête longue et complexe qui dépasse les attributions du procureur de la République. Celui-ci, qui souhaite poursuivre saisit un juge d’instruction pour enquêter. 
  • soit le procureur de la République a décidé de « classer sans suite » ou n’a pas donné suite à la plainte dans un délai de trois mois et la victime a saisi elle-même le juge d’instruction (art 85 du CPP)
 Dans la forme actuelle, le juge d’instruction est un magistrat indépendant, inamovible et qui dispose de pouvoirs d’enquête extrêmement importants. 
Contrairement à l’idée reçue encore beaucoup trop répandue le juge d’instruction n’échappe cependant pas à tout contrôle.
Ses décisions sont susceptibles d’appel devant la chambre de l’instruction, qui est une juridiction collégiale. 

3- vers un juge de l’instruction ?
L’idée évoquée dans le Monde de ce matin est encore trop vague pour correctement analysée, mais pourtant suffisamment claire pour être inquiétante.
Il s’agit ni plus ni moins : 

  • de concentrer toutes les fonctions de poursuites entres les mains du parquet
  • de ne laisser au juge qu’un simple contrôle à postériori n lieu et place du rôle actif qui est le sien.

Dans ces conditions, et puisque -l’article le précise- l’exécutif n’entend pas accorder au parquet son indépendance dans le cadre de cette réforme.

Si un tel système devait voir le jour aucune enquête ne pourrait donc plus avoir lieu en France si elle se révélait contraire à la volonté du gouvernement.
Il s’agirait ni plus ni moins que d’une mise sous tutelle de la justice pénale, d’un bras coupé au pouvoir judiciaire… 


Mais heureusement, à l’heure où j’écris ces lignes il ne s’agit encore que d’une rumeur.


A demain donc.