La foule de l’aéroport Roland-Garros s’extirpe de l’aéroport avec l’enthousiasme de celle qui vient d’arriver à la Réunion.
Ceux qui rentrent chez eux regardent par la vitre et guettent leurs proches en direction de la sortie.
Ceux qui atterrissent sur l’ile pour la première fois ont les yeux rivés sur le ciel, la montagne. Les narines curieuses de l’air de l’océan.
Jean aussi est curieux, il se tient contre un mur près du tapis roulant qui amenera bientôt les bagages.
Il n’a pas encore trouvé ce qu’il cherche, mais cela ne tardera pas.
Un homme passe à sa hauteur, serré dans un costume froissé. Il a les yeux bouffis de celui qui n’a pas pu dormir dans l’avion. Jean lui demande l’heure avec son sourire le plus affable. L’autre soulève la manche de sa chemise et dévoile une Patek Philippe Nautilus. Un véritable Trésor. Jean, qui n’en esperait pas tant, la regarde avec gourmandise
Il tend la main pour serrer celle de l’homme au costume. Qui le regarde interloqué quelques instants. Il veut tendre la droite mais c’est la gauche que Jean présente dans sa direction. L’homme au costume présente à son tour sa main gauche, gêné, comme pris en faute. Et Jean entame ce qu’il sait faire de mieux. De deux pressons de l’index et du majeur, il défait le bracelet-montre. Puis il pose sa main droite sur celle de l’homme au costume en récitant des un pickpocket emerite.remerciements trop appuyés. Le poignet de l’homme au costume se retourne sous la pression des remerciements de Jean, et la montre glisse sans un bruit tandis que Jean tient toujours le bracelet de ses deux doigts experts.
Cette chorégraphie maintes fois répétées n’a duré qu’une dizaine de secondes tout au plus. Jean est un pickpocket remarquable.
Et pourtant discret. L’homme au costume s’en va trop heureux de s’éloigner des remerciements excessifs de Jean, lequel peut alors se diriger vers la sortie, satisfait de la belle prise du jour.