Les cartes ne me disent rien au premier abord. Au début, je suis toujours perdu. Il me faut un point d’où partir et mettre un pied devant l’autre.
Une idée après l’autre.
Et si l’on est en ville, il me faut m’écarter des raccourcis.
La voiture va trop vite. Elle prive le regard des marches fendillées, des messages laissés sur les murs en latin et argot. La voiture reste sur les grands axes, balisé ; bien rangés.
Le metro est encore pire. Ses cartes sont si simples qu’elles en sont détachées de toute réalité. Le métro reduit les trajets en même temps que la perception des distances.
Et il divise les villes non pas en quartiers, mais en cercles. Des ronds dont le centre est une station.
C’est pratique, mais découvrir une ville ainsi ca ne me convient pas.
Alors, je mets un pas après l’autre, un trottoir après l’autre.
Et ce matin, Marseille est jolie sous les nuages. Et fatiguée aussi.
Elle donne l’impression d’avoir trop vécu. De vieillir trop tôt. De se déchirer plus vite que ce que l’on peut la raccommoder.
Belsunce est gris, comme toujours.
Le boulevard d’Athènes m’essouffle comme à chaque fois.
Alors je gravis les marches, le souffle court et je reprends ma route.