1
Simon est étendu sur le canapé. D’une oreille, il écoute The love Supreme de John Coltrane qui tourne sur la platine. La télévision est allumée…Une série dont le nom n’a pas d’importance…Simon ne la regarde pas. Dans la pénombre du salon, les reflets de l’écran qui dansent au plafond aident la vodka à anesthésier.
Sur la table, son téléphone portable s’éclaire sans un bruit. Un inconnu laisse un message que Sion n’écoutera pas.
A la frontière de la conscience, Simon est en train de se dire que dans une société dans laquelle la plupart des drogues sont prohibées, la télévision est le moyen le plus simple de s’empêcher de penser.
Il promeut ainsi, pour un bref instant, la télévision en tant que dernier rempart de notre société contre le suicide de masse.
Simon tourne la tête vers l’écran. La vue de Jean Pierre Pernaud le ramène à ses envies de suicide.
Il remplit à nouveau son verre, laisse la bouteille quelques instants en suspension et fait tomber la dernière goutte.
Simon ne se drogue pas. Bien sûr, il en a eu envie, mais au fond, il sait bien qu’i lest trop lâche pour sauter le pas.
L’alcool ne le fait pas planer très longtemps, déjà la brume s’écarte, les émotions reviennent.
Simon se lève brusquement, certainement trop brusquement. Un bruit sec, une violente douleur dans son genou précipitent la fin de sa torpeur éthylique, alors que la bouteille explose en s’écrasant sur le marbre du carrelage.
Pendant un moment, Simon laisse le temps s’effacer. Il regarde les éclats de v erre brisé qui brillent au sol : multitude d’étoiles d’un ciel imaginaire.
Sans réellement le comprendre, il prend alors conscience de son besoin d’ailleurs. Pourquoi ? Comment ? Pourquoi pas…On verra….
2
Le dossier de son siège est incliné. Simon regarde la paysage s’enfuir par les épaisses fenêtres de l’Eurostar.
Dans ses oreilles, « Disco Science » de Mirways se joint au rythme du train pour le bercer. L’index crispé sur un baladeur MP3 de la taille d’une carte de crédit, la main moite, Simon se met à rêver d’un café. Comme à son habitude, il éprouve le plus grand mal à rester en place à bord d’un train.
Il se dirige lentement vers un wagon restaurant à la décoration hideuse, mélange malhabile de teintes jaunes, bleues et grises. La foule qui a envahi le wagon le fait regretter de s’être déplacé.
Sur le chemin qui le sépare de sa place, il s’arrête et ouvre la porte des toilettes d’un wagon. Le fait de se retrouver là, enfermé seul dans sa pièce étroite, étrangement le rassure, le calme.
Les kilomètres et les minutes s’écoulent. Dans le miroir qui lui fait face, deux yeux verts le fixent, cherchent à lui parler. Pour lui dire quoi ? Il n’en est pas très sur.
3
Arrivée à la gare de Waterloo, la foule des voyageurs se scinde en plusieurs groupes. Au mouvement fluide et détendu de la file des citoyens européens fait écho la foule métissée des étrangers à l’union. Pour eux, passer la frontière se révèle plus dur, plus long…Simon pense un instant à eux lorsque son regard croise celui d’une jeune turque aux yeux noirs et au regard éteint.
Simon rêve d’elle un instant, puis laisse doucement son image d’effacer lorsqu’il pénètre dans le grand hall de la gare.
Se faufilant à travers la foule, je jeune homme se dirige vers un distributeur automatique et fait l’acquisition d’un titre de transport, une « travel card ». Il laisse échapper un cri de rage lorsqu’il s’aperçoit qu’une fois de plus, le prix de cette dernière a augmenté depuis sa précédente visite.
Après un bref trajet en métro sur la Bakerloo line, Simon émerge face aux lumières éblouissantes de Time Square. Face à lui, des enseignes lumineuses démesurées clignotent et martèlent des logos, des marques, des messages publicitaires. Simon regarde les écrans, fasciné, comme s’ils ne s’adressaient qu’à lui. Il sourit et pense à voix haute « merci beaucoup, je ne m’attendais pas à un tel accueil ».
Le sourcil levé d’un passant surpris lui signale que son comportement peut paraître étrange. Simon ne s’en offusque pas. Après tout, il est normal que ce garçon ait été surpris, il vient de parler français !
A cet instant, Simon prend conscience de l’heure avancée. La nuit est tombée, et l’heure de décalage entre Paris et Londres n’a fait qu’ajouter à son propre décalage interne.
Pour Simon, le cycle du jour et de la nuit s’est progressivement effacé pour laisser la place à un simple concept ; celui du temps qui varie selon la manière dont on le brûle, puis à une réalité physique douloureuse : le sommeil vous rattrape toujours.
Simon n’a jamais aimé dormir. Enfant, il trouvait que dormir était du temps perdu ; quelques heures de semi-vie qui ne vous laissent ni choix véritable ni souvenir tangible.
Encore aujourd’hui, Simon a un peu peur du sommeil. Mais désormais, ce qu’il déteste plus que tout, c’est cette période qui précède celui-ci : ce moment au cours duquel on se retrouve seul comme face à un miroir cruel qui ne retient que les défauts.
Simon sait bien qu’il est loin d’être singulier sur ce plan. Tout le monde, il le suppose, s’est un jour dans sa vie abruti d’alcool, de télévision, de sexe ou d’un pétard maladroitement roulé. Simon se dit qu’il serait probablement incapable de rouler un pétard correctement…
Quelques centaines de mètres plus loin, il se retrouve devant le luxueux St James Hotel, sur la place du même nom. Il sourit de la platitude de la devise à l’entrée : « Customer is king ».
Sans surprise, le hall de l’hôtel affiche un luxe ostentatoire. Tapis, dorures, portiers, grooms et autres réceptionnistes, tout ici est en nombre. Tout est aussi impeccable que prétentieux. Le portier referme la lourde porte d’entrée derrière lui, Simon se dirige vers la réception. Dans un anglais impeccable, il demande une chambre au nom de Simon Claus à un réceptionniste au fort accent français. Ce dernier est intrigué car visiblement peu habitué à accueillir des clients portant tee-shirt, baskets et sac à dos.
Il se risque cependant à demander à Simon s’il a des bagages que l’on devrait éventuellement faire monter à sa chambre. Simon qui n’a avec lui que son maigre sac à dos s’amuse à l’idée qu’il ne cadre manifestement pas avec la clientèle habituelle de l’établissement.
L’employé de l’hôtel, également français, qui le guide jusqu’à sa chambre se révèle fort courtois, fort sympathique, mais surtout fort avide d’un éventuel pourboire substantiel. Simon lui a parlé anglais depuis le hall de l’hôtel. Il s’amuse du fort accent français du jeune homme qui l’escorte. Il s’en amuse d’autant plus que celui-ci n’a en aucun moment semblé réaliser qu’il se trouve en présence d’un compatriote.
Après s’être acquitté du substantiel pourboire attendu, Simon laisse l’employé s’effacer non sans l’avoir gratifié d’un perfide « au revoir, merci et bonne soirée » dans un français qui l’espère-t-il l’assomme littéralement.
Comme toujours, lorsqu’il pénètre dans une chambre d’hôtel, Simon commence par se détendre dans la baignoire. Il aime l’eau brûlante, la mousse épaisse.
Etendu dans la baignoire massive de la luxueuse salle de bains, par-delà la double porte épaisse, Simon peut voir les vêtements qu’il a jeté à la hâte sur le lit immense. Il peut également voir les lumières de la ville à travers la vitre. Sans trop savoir pourquoi ; il pense à la phrase Paul Auster : « le monde est dans ma tête, mon corps est dans le monde ».
5
Lorsque Simon pénètre à nouveau dans le hall, la lourde pendule qui trône au-dessus de la réception affiche 22h30.
Le réceptionniste le salue d’un sourire ; visiblement ravi de son changement d’allure.
Maintenant rasé de près, Simon porte désormais un costume Armani noir à doublure rouge vif et des chaussures Berlutti. Etrangement, celles-ci ne semblent pas avoir souffert du voyage en sac à dos. Deux boutons de sa chemise sont ouverts, les longues mèches blondes qui lui tombent finement sur les yeux achèvent l’ensemble tout en ajoutant une touche de désinvolture à sa tenue.
Simon s’avance vers la porte. Le portier lui demande:
– May I call a taxi Sir ?
– No thanks… Simon a envie de marcher un peu. De toute façon, il ne va pas très loin.
Une pluie fine et fraîche tombe désormais sur la ville, doucement. En cette fin de mois d’août, Simon trouve ce temps très agréable. Sentir une pluie d’été qui descend le long de sa nuque lui procure un plaisir simple, intense, profondément physique, de ces plaisirs qui, pour quelques instants, le font sentir réellement en vie. Il murmure à nouveau : « Le monde est dans ma tête, mon corps est dans le monde ».
Puéril, comme à chacune de ses visites à Londres, Simon pénètre dans un Burger King, en l’occurrence celui de Leicester Square, et commande un « double whopper ». Peu à peu, il s’imprègne du lieu, regarde les gens passer, voyeur. Il écoute les conversations. Pour Simon, tout endroit, toute émotion, correspondent à une chanson. Si celle-ci met parfois du temps à se dégager, elle se distingue toujours. De manière providentielle, « coffee and TV » de Blur passe à la radio. Simon se surprend à chanter : « …So we could start over again… »
Retour dans la rue. Simon marche au hasard, comme dans toutes ces villes que l’on connaît sans les connaître…en touriste. Il est venu souvent, mais jamais il n’a habité cette ville.
Simon pense fermement qu’il est vain de prétendre connaître une ville que l’on n’a jamais habitée. Il se plait à comparer la connaissance d’une ville à celle d’une femme. Si l’on ne connaît bien qu’une ville que l’on a habitée, on ne connaît réellement une femme que lorsqu’on l’a aimée.
Simon aime bien les théories prétentieuse.
6
Au détour d’une rue, une file d’attente s’est formée à l’entrée d’un club. Décidé à se vider la tête, Simon rentre dans la file. Perdu dans ses pensées, il prétend cependant que quelque chose ne se passe pas comme prévu…
Ce n’est que face à l’impressionnant videur que Simon remarque le drapeau aux couleurs de l’arc en ciel qui flotte au-dessus de sa tête…Saleté de pénombre ! Il est déjà trop tard. La main du videur, qui se révèle extrêmement avenant, s’est déjà avancée en direction de son entrejambe et se pose affectueusement sur la couture de son pantalon. Simon met une demi seconde à réfléchir aux conséquences funestes que pourrait entraîner le fait de refuser les avances d’un bébé body-buildé d’un mètre quatre-vingt-dix.
La demi seconde écoulée, il se met à courir furieusement. Lorsqu’il s’arrête enfin, à bout de souffle, la cheville tordue et le dos en sueur, il prend cette fois-ci une seconde entière pour méditer sur le ridicule et la stupidité de sa réaction. Dans l’éventualité, improbable, d’une adaptation cinématographique de sa vie, il semble à Simon que « We are the champions » de Queen serait un thème musical approprié à cette séquence.
Désormais trempé, le jeune homme continue sa ballade. Il se promet de faire virer le metteur en scène s’il passe « Singing under the rain » à ce moment du film.
Dix minutes plus tard, il débouche sur Oxford Street après un bref passage par le quartier chinois. Simon décide de partir cette fois-ci, en quête d’un club qui corresponde à ses envies. Soho lui semble être un quartier plus qu’approprié. Londres est une vraie ville nocturne, dans laquelle toute une population semble sortir de nulle part, à la tombée du jour, dans laquelle la moindre cave peut se transformer en une boîte de nuit plus ou moins improvisée. Londres est surtout une ville cosmopolite où l’éventualité de finir la nuit au lit entre une italienne et une polonaise n’est pas si improbable.
Simon sourit et retrouve des forces à cette idée.
7
Un garçon aux cheveux bleus distribue des flyers annonçant une soirée. Il porte un piercing à l’arcade sourcilière assorti à ses cheveux ainsi que des lentilles de contact elles aussi d’un bleu intense.
Simon s’empare du prospectus. Le club s’appelle « L’alien », la musique semble à son goût. Simon décide donc de passer y boire un verre.
Le videur de L’Alien est un amas de graisse et de muscles agglutinés. Une dizaine de piercing émergent de son crâne chauve et achèvent de déshumaniser son aspect. Le noir du maquillage qui cerne ses yeux renforce cependant la féminité incongrue de son regard.
Simon s’avance lentement vers lui et prie silencieusement pour que celui-ci ne soit pas lui aussi subitement pris qu’une bouffée d’affection à son égard.
Sa prière est exaucée. Derrière la porte, la voix de Marylin Manson rugit. Simon descend doucement la douzaine de marches de l’escalier. Les corps se détachent à la faible lumière que diffusent quelques ampoules disséminées à travers cette ancienne cave. Un stroboscope hors d’âge se déclenche. L’épaisse couche de fumée de cigarette capte la lumière comme un écran.
Les corps se figent puis s’animent dans une langueur à la fois sensuelle et inquiétante.
Sa platine posée sur une caisse de bois, un DJ à moitié nu joue à se poser en antéchrist.
Des gouttes de sueur coulent de son front alors qu’il hurle en renfort de la musique. Le vide de son regard finit de le poser en caricature.
Dans les hauts-parleurs hors d’âge, Manson laisse sa place à Dave Grohl et ses Foo Fighters. C’est le moment qu’elle choisit pour s’imposer au centre de la piste.
Accoudé au bar, une Vodka-Pomme à la main, Simon interroge le barman sur cette fille qui semble littéralement avoir pris possession du lieu. Quelques secondes plus tard, Simon échange quelques Pounds contre un nom : « Thandie » au dos du ticket de sa carte bleue.
La douceur indéfinissable de sa peau métissée, ses yeux d’un vert intense aspirent littéralement tous les regards. Son corps bouge, ondule au rythme qu’elle semble désormais imposer à la musique. Plus fort que tout, ses longs cheveux noirs tombent de ses épaules et semblent vaguement chercher à cacher ses seins nus.
Une foule tant masculine que féminine la fixe du regard, sidérée. Sa beauté, son assurance irréelle semblent avoir eu raison de tous. Tous espèrent mais aucun n’ose l’approcher. Le cercle qui s’est maintenant assemblé autour d’elle semble figé en son pouvoir, pétrifié dans l’attente d’un signe d’elle.
Seul, Simon lui sourit puis détourne la tête.
8
Simon sent un frisson de plaisir lui parcourir la nuque alors que la langue de la jeune fille s’arrête sur son oreille. Il gémit lorsque ses dents appuient un peu. De sa main droite, elle passe ses doigts dans les cheveux du jeune homme. Le pouce de sa main gauche quant à lui glisse lentement et fermement sur la face intérieure de son sexe. Simon s’abandonne.
Thandie l’arrête d’un geste ferme lorsqu’il tente de la pénétrer. Comment croire, comment imaginer que cette superbe femme d’une vingtaine d’années, qui danse presque nue tous les soirs devant des mâles subjugués est bien vierge et entend de le rester ? Elle qui l’a choisi, suivi, elle qui vient de lui donner tant de plaisir ? Impensable…
L’impensable est souvent vrai. Simon caresse une fois encore les seins petits et fermes de la jeune fille alors qu’il jouit faiblement dans sa bouche.
Il se relève ensuite, en larmes. Il veut qu’elle parte, maintenant. S’il attend encore, il n’est pas sur qu’il aura la force de la laisser partir.
Thandie pousse un cri, verse une larme lorsqu’il la met à la porte encore à moitié nue.
9
Courbé sur le mini bar, Simon se saisit d’une bouteille de Champagne Louis Roederrer. A nouveau affalé dans la baignoire, il boit en écoutant Kurt Cobain fredonner « Polly ». Simon pense, sincèrement, que la musique est écrite par des gens qui, comme lui, ne supporteraient pas de vivre sans elle. Pour Simon, si l’eau, l’air, la nourriture, rendent la vie humaine possible, l’art quant à lui la rend supportable.
A nouveau, le temps s’efface. Simon est maintenant étendu, nu, sur le lit. Hélas moins ivre qu’il le voudrait, il s’en veut un peu de fredonner « I’ll made love to you » de Boys II men.
D’un pouce à moitié anesthésié, il zappe sans conviction. Sur BBCI, une femme est en train de se faire poser des implants mammaires en direct par un maniaque du scalpel. Mais NBC annonce encore un attentat au Moyen Orient. Vil Coyote manque de capturer Beef Beef sur Cartoon Network. Bref, tout est normal.
Après quelques manipulations, Simon presse la touche « OK » de la télécommande et ne sait s’il doit bénire ou maudire l’inventeur du « Pay per view ».
Le film commence. Malgré l’énergie déployée par les actrices à l’écran, Simon réalise qu’aucun film porno, ni certainement aucune femme, ne pourra lui procurer une sensation agréable cette nuit.
Quelques dards de lumière rouge apparaissent à l’horizon. La pollution donne au ciel des grandes villes des levers de soleil aux reflets rougeoyants singuliers et envoûtants. Assis sur le lit, Simon contemple, fasciné, le spectacle qui a lieu au-dessus de tous, mais qu’il se croit seul à apprécier en cet instant.
Une quinzaine de minutes plus tard, Simon remonte à nouveau la rue vers Trafalgar Square que, pour la première fois, il trouve quasiment déserte. Quelques noctambules attardés partagent un regard vitreux avec les travailleurs matinaux qu’ils croisent.
Débarqué du premier métro, Simon débouche sur le grand hall de la gare de Waterloo. Il se dirige vers le hall réservé aux clients de l’Eurostar et se met en quête d’un billet.
Muni de ce billet ; pour un train qui ne partira pas avant une paire d’heures, le jeune homme se dirige vers le snack qui se trouve derrière lui et dont le rideau métallique est en train de se lever. Il commande un petit déjeuner à une grosse anglaise au teint rouge qui lui semble aussi peu amène que réveillée.
« Three pounds and two pence » lui assène-t-elle avec un accent cockney dont Simon se délecte. Il sourit. Visiblement peu habituée à des sourires autres que moqueurs, elle fronce les sourcils.
Le nez dans son café, Simon observe distraitement le hall désert. Il écoute les bruits de la gare qui, lentement, se met au rythme de la journée.
Quelques notes de guitare arrivent à son oreille. Quelqu’un a le bon goût de jouer « Why does it always rain on me » de Travis.
Simon abandonne le plateau de son triste petit déjeuner et monte les marches qui le séparent du hall principal.
Accroupie, le dos plaqué contre la rambarde, une fille chante, sa guitare posée sur un genou.
Des reflets rouges parcourent des cheveux d’un noir intense qui lui descendent aux épaules. Elle porte un jean usé et un tee-shirt rouge qui laisse deviner deux seins lourds. Lorsque leurs yeux se croisent, Simon reconnaît celle qui déjà avait arrêté son regard lors de son arrivée. Elle lui sourit.
Simon s’assied face à elle sans un mot. Autour d’eux, des milliers de voyageurs, des dizaines de trains passent. Enfin, son train est annoncé. Quelques minutes plus tard, Simon le regarde partir sans aucune émotion autre que celle que lui procure la musique. Son cœur ne bat plus qu’au rythme des notes qui se succèdent. Face à lui, des doigts d’une douceur infantile jouent maintenant le « Knocking on heaven’s door » de Dylan.
11
Simon se tourne vers le metteur en scène, il lui fait signe de couper. Lentement, la caméra s’éloigne. La suite leur appartient.