Billets, nos droits

Où j’attends la loi Macron

Ça y est, les débats en séance publique sur la loi « Macron » ont enfin commencé à l’assemblée nationale.
Il était temps. Le sujet a tellement été débattu qu’il est temps d’en finir.

Je suppose que comme moi, le sujet commence à vous lasser…

Si vous me lisez de temps à autre, vous savez probablement que je suis juriste dans un cabinet d’avocat d’une petite ville de province.
Puisque les Avocats sont l’une des professions les plus concernées par le projet Macron, je commence à avoir hâte de savoir à quelle température le législateur entend régler le four qui va nous cuire.
J’ai écrit une première version de cet article à la fin du mois de septembre 2014. (au moment de la journée sans professions libérales)
J’y expliquais le détail des mesures votées ces jours-ci et j’y détaillais pas mal de chiffres supposés vous faire comprendre pourquoi cette loi va fragiliser la plupart des cabinets d’avocats.
Mais, ce projet d’article a fini à la corbeille.
Parce que réflexion faite, tout cela n’est pas très intéressant.

Si j’ai du mal à me sentir concerné lorsque les médecins généralistes demandent une revalorisation du tarif de la consultation, je ne vois pas pourquoi vous vous intéresseriez à la suppression du tarif de la postulation.
Alors je vais plutôt essayer de vous décrire ce qui va changer en pratique au travers de deux mesures phares qui concernent les avocats leurs conséquences probables sur vos rapports avec eux.

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reverie

Les sept moineaux de Pattensel [Conte]

Par un joli matin d’automne, le vieux magicien Arlo qui avait fait tant de bien sa vie durant mourut de son grand âge. Alors qu’il poussait son dernier soupir, sept moineaux s’envolèrent depuis le centre de Pattensel, le village que le magicien avait habité de longues années.

Ceinturé par des collines tapissées de pins, et de bosquets d’herbe rases où se cachaient du thym, et au-delà desquels s’étendait une forêt dense et giboyeuse, Pattensel était le plus paisible village dont le souvenir ait jamais habité les mémoires.
En ce temps-là les hommes et les animaux n’avaient pas encore oublié qu’ils sont des frères aux yeux de la nature de sorte que le village de Pattensel les accueillait indifféremment.
La vie y était douce et heureuse.

Le premier moineau termina son vol sur le plus haut toit de la ville.
Louise leva la tête et lui fit de grands signes de la patte alors que l’oiseau commençait à chanter.
Elle était la plus jolie des oursonnes, la plus vive et, aux dires de ses instructeurs, la plus indisciplinée aussi. Souvent, le vieux blaireau Alphonse, qui habitait la maison voisine frappait a la porte de la famille ourse pour se plaindre de l’une ou l’autre farce de Louise. A chacune de ses visites, le vieil Alphonse répétait que l’oursonne resterait à jamais une petite irresponsable.
Mais son papa, le grand ours brun qui s’appelait Nestor, avait décidé de faire mentir cette réputation en lui confiant pour la journée Victorine, la chèvre dont Nestor tirait un lait dont la qualité était fameuse sur bien des lieues alentours.
C’est investie de toute la confiance de son papa que Louise l’avait regardé partir à la ville voisine pour vendre ses fromages tandis qu’elle-même se préparait à conduire au champ la chèvre Victorine.
Avant de se mettre en route, Nestor avait posé le majeur sur le museau de sa fille et, de sa voix la plus grave lui avait énuméré les trois règles qu’elle devrait suivre jusqu’à son retour.
Tout d’abord, ne quitte jamais Victorine des yeux.
Ensuite, ne sort pas du champ jusqu’à mon retour.
Enfin, ne suit pas les inconnus.
L’oursonne avait vigoureusement hoché la tête, bien décidée à obéir.

Le deuxième moineau se posa en haut de la colline qui faisait face au champ de l’ours Nestor.
Là se trouvait la cabane d’Hugo, un petit garçon qui n’était guère plus âgé que Louise.
L’enfant s’était installé là environ deux mois plus tôt s’il fallait en croire les encoches qu’il avait tracé dans l’écorce d’un grand chêne. Hugo avait soigneusement choisi l’endroit où construire sa cabane. Il était situé en hauteur, ce qui permettait de voir venir d’éventuels intrus. Il était suffisamment proche de la ville pour pouvoir se glisser de nuit jusqu’aux abords des habitations et chiper des restes de l’un ou l’autre repas pour améliorer l’ordinaire. Il était aussi suffisamment loin du village pour ne pas prendre le risque d’être découvert et peut être maltraité.
Hugo se méfiait des villes. Avant de se construire une cabane, il avait rencontré des gens méchants sur les chemins. De sorte qu’il ne souhaitait plus prendre le risque de trop se mêler aux autres humains.
L’enfant s’abritait dans sa solitude comme dans une armure.

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Billets

Tesson : on ne peut plus rien faire

Dimanche je suis allé voir Marc Jolivet qui jouait pas loin.
La fin du spectacle était à la fois drôle et émouvante. C’est la marque de fabrique du bonhomme.
J’ai été moins convaincu par la séquence d’actualité en qui a ouvert la représentation.
Ce n’est pas facile de dire et des choses à la fois drôle et pertinente ces derniers jours.
Dans une France où il est acquis qu’on peut mourir pour une caricature, Jolivet trouvait qu’on ne peut plus rire de tout un tas de choses sans risquer de vexer l’une ou l’autre minorité.

Mouais.
Perché sur l’un des derniers rangs je regardais les têtes blanches et grisonnantes qui peuplaient le public et je me disais qu’avant de se plaindre que tout le monde de vexe on pourrait essayer de faire en sorte de créer les conditions pour que chacun se sente le bienvenu.

Je pensais à cela lorsque j’ai appris sans surprise l’ouverture d’une enquête pour provocation à la haine ouverte contre Philippe Tesson à la suite ses propos récent sur les musulmans qui selon lui « amènent la merde » et sont selon lui à l’origine du « problème de l’atteinte à la laïcité ».

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