Je m’arrête à la hauteur de la vitrine le temps de sortir mon téléphone de ma poche.
Aucune notification n’apparait à l’écran. J’aurais pourtant juré l’avoir senti vibrer.
Puis je jette un regard à ma droite avant de reprendre ma route.
Elle était là bien avant moi cette boulangerie. Je suis passé si souvent devant sa façade que je ne lui prête plus la moindre attention depuis longtemps.
Et pourtant cette fois quelque chose a changé.
Il ne s’agit pas simplement d’un nouveau visage derrière le comptoir.
Il y a aussi des fougasses dodues en vitrine et d’appétissantes boules de pain joliment fendues.
Je reste un moment au beau milieu du trottoir à fixer l’écran vide de mon téléphone.
Et si je l’appelais ? C’est quand même trop bête.
Cinq sonneries, voilà ce qu’on nous accorde avant de passer sur répondeur.
En théorie, je pourrais profiter de ces cinq sonneries, qui représentent un délai d’environ vingt secondes pour envisager la tournure d’un message clair et efficace à laisser sur le répondeur.
Mais dans les faits, je passe la totalité de ces vingt secondes à m’agacer de devoir parler à un répondeur, alors que je devrais tenter de condenser ce que j’avais à dire en deux ou trois phrases claires et concises.
De sorte qu’il ne me reste que le temps d’un bip, soit guère plus d’une seconde, pour remâcher ma déception et bredouiller une dizaine de mots confus avant de raccrocher. Continuer la lecture…