littérature

Mors Tua (Poirot chez les romains)

La rencontre avec un livre à souvent quelque chose de profondément intime. A un moment donné on éprouve le besoin de passer du temps avec lui sans trop s’expliquer pourquoi… 
C’est a vrai dire ce qui m’est arrivé avec Mors Tua de Danila Comastri Montanari, un livre que je ne m’attendais pas vraiment à lire. 

C’est en déambulant dans le rayon « polar » d’une librairie que je suis tombé nez à nez avec lui.
Ce nom Italien et le visage de cette statue me semblaient si originaux au milieu des Fred Vargas et des Harlan Coben que je me suis arrêté.
Dans une sorte de réflexe j’ai parcouru avec curiosité le quatrième de couverture pour y lire : 

« Dans la Rome impériale, grouillante et prospère, le sénateur Publius Aurélius Statius, riche patricien et épicurien invétéré, mène une vie facile et insouciante. Mais tout bascule le jour où il découvre sa dernière conquête, une belle hétaïre nommée Corinna, poignardée chez elle. Pour ne pas être accusé du crime et se voir contraint de mettre fin à ses jours, comme le veut la sévère coutume romaine, Aurélius doit à tout prix retrouver l’assassin de la jeune courtisane. Des opulentes domus aux ruelles étroites et puantes de Subure, la ville basse où s’entasse la plèbe, Aurélius, aidé de son amie Pomponia et de l’avisé Castor, plonge au cœur d’une tragédie antique où chacun avance masqué… « 

J’ai jeté un regard  à d’abord à mes bras déjà chargés de livres puis à mon portefeuille à l’inverse pas si plein avant de me décider.
C’est pourtant Mors Tua que j’ai immédiatement ouvert une fois assis dans le bus qui me ramenait.

La première page annonçait, blasée ;

« Danila Comastri Lontanari est née en 1948 à Bologne où elle vit toujours. Après une licese en pédagogie et en sciences politique elle enseinge et voyage aux quatre coins du monde pendant vingt  ans. En 1993, elle publie la première enquête de Publius Aurélius ; Cave Canem et se consacre dès lors à l’écriture de polars historiques. la série des aventures de Publius Aurélius statius compte aujourd’hui quatorze volumes. »

La troisième précisait que le livre avait paru initialement en 2000 pour ne sortir dans l’édition de poche que je tenais dans ma main en 2008.

Fort de toutes ces précisions je me suis dit, penaud, que j’avais dù louper quelque chose. 

Premier contact avec le roman lui même. La traduction reflète un style plutôt rond, presque désuet. La construction de l’histoire me rappelle peu à peu ces romans d’Agatha Chrsitie que l’ai à peu près tous dévorés entre 12 et seize ans. Oui, Publius Aurélius c’est un peu Hercule Poirot au temps de l’empereur Claude
Les moeurs y sont bien différentes cependant et c’est précisément ce qui fait le charme de l’histoire. Affublé de son esclave sagace Castor, Publius interroge fouine et étudie les caractères pour découvrir bien sûr la vérité.

L’histoire est bien construite et les personnages sont attachants. Les amateurs de « Cluedo » qui cherchent une histoire originale y trouveront assurément leur compte.

Mors Tua est disponible en « poche »  aux éditions 10/18.
Et pour tout vous dire, j’ai bien envie de lire les autres aventures de Publius moi.

littérature

Miserere : le dernier Jean Christophe Grange

Quand j’entame un livre de Jean Christophe Grange Je pense inévitablement à cette tradition orale de conteurs qui a parsemé l’histoire jusqu’à nos jours. 
L’homme a un style perfectible, mais il sait assurément raconter une histoire, de celles qui vous tiennent en haleine jusqu’à la dernière ligne. 
Son dernier roman s’appelle Miserere, je en vous livrais cinq lignes il y a quelques jours. 
Comme promis alors, voici mes impressions plus détaillées.

Mais avant tout, quelques mots de la trame
Lionel Kasdan, 65 ans, est un flic retraité, Arménien d’origine. 
Lorsque Wilhem Goetz, l’organiste de sa paroisse, est assassiné d’une manière inexplicable dans sa paroisse il décide de mener l’enquète.
Il croise rapidement sur sa route Cédric Volokine, jeune flic de la Brigade de protection des mineurs, un « chien fou » mis sur la touche en dépit de ses bons résultats en raison de son addiction à l’héroïne. 
Chacun, puis ensemble, il partent à la recherche des raisons de la mort de l’organiste avec une certitude à l’esprit. La vérité à un rapport avec les enfants.
 


Le romancier nous sert dans Miserere une paire de flics attachants et paumés qui ne sont pas sans rappeler les deux héros des « Rivières Pourpres ».

C’est avec plaisir que l’on retrouve un Jean Christophe Grange en grande forme.
Celui-ci choisit une fois encore d’arpenter des thèmes qui lui sont chers  dans une histoire haletante et assez terrifiante qui tient à la fois du polar et du conte moderne.

Oui, Miserere est un conte, une histoire dans laquelle des Ogres s’en prennent aux petits enfants, une histoire où la personnification du Mal cherche à nous en apprendre un peu plus sur nous même.

Si vous cherchiez un compagnon à poser sur votre table de chevet pour les nuits à venir, celui-ci est un candidat idéal.

littérature

Malavita encore

Il y a quelques jours j’avais cru devoir publier ici quelques mots sur Malavita de Tonino Benacquista. C’était un extraordinaire et inoubliable billet en forme de séance de rattrapage pour ceux qui (comme moi) avaient manqué le premier opus paru il y a quatre ans alors que la suite vient de paraitre. 
Emporté par la foule du grand magasin ou je l’ai acheté mais aussi par l’élan dans lequel m’avait laissé Malavita j’en profite pour vous livrer dès à présent mes impréssions sur cette suite que je viens à peine de boucler. 
Mais avant tout quelques mots de la trame me semblent s’imposer : 
Cela fait maintenant  douze ans que la famille Manzoni est  sous la protection du programme « Witsec », le programme de protection des témoins du FBI.
C’est dans le petit village de Mazenc près de Montélimar que réside désormais Fred l’ancien capo de la Cosa Nostra. 
Les personnages de Malavita ont vieilli, mais ils cherchent encore leur route.
red est en train de préparer son troisième roman après le succès relatif et inattendu des ses deux précédents ouvrages. Il cherche à devenir romancier, vraiment, pleinement alors que sa famille peine à voir en lui autre chose qu’une brute inculte. 
Maggie a ouvert un commerce dans le XX° arrondissement de Paris, elle gagne peu à peu son indépendance. 
Warren est apprenti chez un menuisier et amoureux fou… 
Belle quant à elle s’est trouvé un concepteur de jeux vidéos mal dans sa peau et misanthrope qui lui cause bien du souci. 

Là ou il aurait pu se contenter de reprendre la recette qui avait fait le succès de Malavita pour la pousser quelques trois cent pages de plus Tonino Benacquista a fait le pari ambitieux de changer totalement de rythme pour cette suite. L’auteur s’est visiblement attaché à ses personnages et signe un roman plus profond, plus intimiste, plus mélancolique aussi et pourtant tout aussi « prenant ». 

Il s’agit assurément d’une excellente surprise dont je ne saurais trop vous conseiller de vous emparer dès maintenant.