à vif, reverie, SNCF

Seuls dans le train de nuit

Je dévale les marches à la volée et m’excuse au passage alors que mon coude maladroit les heurte par mégarde.

L’homme me répond dans un sourire.
Des notes de bière teintent son haleine et sa voix lorsqu’il m’adresse des remerciements exagérés, de ceux qui distinguent l’homme qui n’en a pas l’habitude
A cet instant, je ne prête attention ni à sa chemise trop grande, ni à ce sac poubelle qui contient ses affaires. 
Je n’accorde pas même un regard à cette brune qui s’accroche à son bras.
Moi je finis ma course, encore tout à mon élan, plus emporté par habitude que réellement pressé.

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actu-fiction, reverie

La gueule du vampire [actu-fiction]

Lorsqu’il l’avait vue passer sur la Piazza, Giovanbattista Penzo avait senti tout son être se contracter dans un frisson.
Il n’y avait pas que le désir dans cette impression étrange mais aussi l’ivresse d’une sensation absolue. Un sentiment bien plus fort en vérité que le jeune homme n’en avait jamais connu.

Non sans avoir précipitamment lancé à la volée deux pièces à l’adresse d’un serviteur, Giovanbattista avait quitté la terrasse pour se lancer à la poursuite de l’inconnue sans autre formalité.

Le serviteur surpris, avait tenté de héler ce jeune homme si pressé qu’il s’en allait en oubliant son chapeau autant que sa monnaie, en vain.

La signorina marchait du pas assuré de celle qui connait sa route et se faufilait dans les ruelles si vite que Giovanbattista dut bousculer quelques passants pour ne pas la perdre de vue.
Les plis de sa jupe dansaient de droite et de gauche tel un métronome et imposaient leur rythme aux pas et aux pensées du jeune homme, envouté.
Bientôt Giovanbattista arriva à sa hauteur.
Aussitôt il se saisit du bras de la signorina dans un geste à la fois ferme et familier.
Lorsqu’elle se retourna, ses yeux noirs brillaient d’un éclat vif qui n’avait rien de l’expression de la surprise.
Avant même qu’il ne lui pose la question elle murmura : « Je suis Catarina. Catarina Filosi ».
et hop, reverie

L’ile aux musées : Feufol’s cut

Depuis ce matin, Lousia organise un concours dont le seul et unique lot est un bouquin.
Puisque justement j’arrive au stade ou une razzia en règle chez mon libraire s’impose lourdement l’idée de participer s’est imposée d’elle même.
Il s’agit de créer une suite à un extrait du livre en quelques lignes.
Si l’idée de jouter avec avec moi sur ce terrain vous tente vous pouvez participer vous aussi sur Acqua Tofana avant le 14.02 à minuit.

 

Mais en attendant voici ma contribution :
 
L’ Extrait original :
La nuit, nos silhouettes se dressent mystérieusement, vous marchez dans les rues, vous hâtant vers des rendez-vous, rentrant d’un pas rapide en hiver, enlacés en été, vous attardant, assis aux terrasses des cafés, mais hiver ou été, toujours les yeux baissés ou le regard ailleurs, cherchant celui ou celle qui vous conviendra pour la nuit ou pour la vie, essayant de transformer le cœur de celui ou de celle qui vous refuse ou vous fuit, qui a peur, mais hiver ou été, vous nous ignorez – vous ne pensez jamais à nous qui veillons sur la ville, du haut des socles et sur les toits, nous qui vous voyons, vous entendons, nous qui avons vu et entendu tant de choses. Nous sommes là pour des siècles.
 
Ma suite :
Nous sommes face à vous et hors du temps, c’est aussi ce qui vous fascine. 
A la fois si fragiles et bien plus grands que vous. Insolentes manifestations des contingences étroites de votre existence finie et pourtant preuve tangible de votre capacité à parfois accéder au génie.
C’est étonnant en fait ce que nous sommes devenus. Il y peu nous n’étions presque rien, pigments éparts, roche grossière ou toile nue. 
D’ailleurs, que sommes nous en réalité ? Ce n’est pas tant par le mouvement de l’artiste que nous sommes à présent, mais dans cette lueur vivace qui pimente vos yeux lorsque vous vous figez soudain au hasard d’une allée, comme brusquement projetés hors du temps. 
C’est votre regard et lui seul qui sépare l’œuvre du meuble, le génie du rien, l’éternel de l’oubli.
Nous n’avons de sens que dans ce paradoxe. Transcendance de l’humain mais n’existant qu’à travers lui.

 
Voilà, voilà. 
L’extrait original n’était pas très « narratif » et  d’ailleurs écrit dans un style très différent du mien mais auquel j’ai cru devoir essayer d’être fidèle… 
Si vous pensez pouvoir faire mieux, je vous rappelle que c’est par là