à vif, SNCF

Après le placard

On connaît tous des gens qui ne supportent pas la moindre contrariété.

J’en connais un qui frappe des deux pieds sur le sol au moindre ralentissement de son ordinateur.
Et un autre qui part rouler des heures en voiture dès qu’une déception se présente.
Lucien quant à lui se mettait dans des colères redoutables au moindre retard de train.

Les agents de la SNCF l’avaient repéré à force et préféraient s’enfermer dans leur local plutôt que de l’entendre réclamer des explications.

On peut les comprendre, bien sûr, pourquoi supporter une soufflante au nom de l’institution quant soit même on est fidèle au poste, et totalement étranger à ce que subissent les usagers ?

Pourtant, il n’est pas bien impressionnant Lucien quant il s’énerve, avec sa voix haut perchée et sa couronne de cheveux gris.

S’il lui prenait l’envie de vous frapper, les épaisses bagues qu’il porte à chaque doigt feraient bien quelques dégâts. Mais son truc à Lucien c’est de râler bien fort, puis de souffler jusqu’à ce que ça passe.

Je le sais bien moi. J’en ai passé des heures à attendre des trains, sur un quai à coté de lui.

Pourtant, on a mis quelques années à se parler avec Lucien. Ses agacements permanents m’amusaient mais ne m’incitaient pas à lier connaissance.

Mais un jour, les muscles figés par le mistral glaçant et lassé d’avoir trop attendu un train au départ  sans cesse retardé, j’ai proposé de partager un taxi.

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à vif, reverie, SNCF

Seuls dans le train de nuit

Je dévale les marches à la volée et m’excuse au passage alors que mon coude maladroit les heurte par mégarde.

L’homme me répond dans un sourire.
Des notes de bière teintent son haleine et sa voix lorsqu’il m’adresse des remerciements exagérés, de ceux qui distinguent l’homme qui n’en a pas l’habitude
A cet instant, je ne prête attention ni à sa chemise trop grande, ni à ce sac poubelle qui contient ses affaires. 
Je n’accorde pas même un regard à cette brune qui s’accroche à son bras.
Moi je finis ma course, encore tout à mon élan, plus emporté par habitude que réellement pressé.

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à vif, et moi, SNCF

Essouflé

Je cours, il est 8h50 et je cours. 
Des taches fraîches commencent à se former les long de ma nuque alors que je gravis les escaliers.
Lorsqu’enfin je pénètre dans la gare le dos de ma chemise a déjà pris une couleur sombre qui chasse les bienfaits de cette douche que j’ai prise voici une demi-heure. 

Si j’avais le temps de m’arrêter je trouverais probablement que la situation à un goût d’ironie, puisque c’est précisément le trop de temps passé sous l’eau brûlante qui est la cause de mon retard.