reverie

Dans un mélange de douceur et de stress

Il y a d’abord cet étrange pincement au creux du ventre qui me réveille beaucoup trop tôt. 
Vient ensuite ce mouvement trop brusque qui signale à mon chat que mon sommeil vient de s’achever. 
Un faible bruit me signale que ses pattes viennent de se poser sur le matelas, déjà si proche de mes pieds.
Autant de signes qui viennent me confirmer que ma nuit est déjà finie. Et avec elle mes vacances. 
C’est dans un demi-sommeil que j’avance jusqu’à la cuisine pour enfourner ma main dans un sac de croquettes avant de retourner m’écraser sous la couette. 
Il se dégage une douceur indicible de ces quelques instants qui me séparent encore de la sonnerie du réveil. 
Alors je ferme les yeux comme pour prolonger physiquement la nuit. 
Mais non l’instant est déjà mort alors je me résigne à rouvrir les yeux. 
Ce stress inexplicable qui s’insinue le long de mon corps me rappelle ces jours d’examen en fait pas si lointains. 
Pourquoi ais-je toujours si peur à chaque retour de vacances ?
 [photo : « Carousel« ] 
Le soleil est déjà haut lorsque je pénètre dans mon bureau. 
Machinalement je presse l’interrupteur de la machine à café et la laisse chauffer pendant que l’ordinateur démarre. 
Lorsque je m’enfonce dans le cuir de mon fauteuil toute nostalgie a déjà disparu. 
Quant au stress il est étrangement loin. 
Je souris presque sans m’en rendre compte lorsque le claquement caractéristique de l’élastique sonne à mon oreille alors que j’ouvre le dossier rose qui domine la pile qui s’est élevée en mon absence sur le bois de mon bureau. 
C’est officiel. 
Les vacances sont finies.
reverie

Comme une voix dans ma tete

Cette impression étrange ne m’a pas quitté depuis hier.
Elle résonnait telle un bruit de fond, comme ces voix que l’on entend sans vraiment les écouter dans un demi-sommeil.
Je n’en suis plus très sûr à présent mais il me me semble pourtant que j’étais bien éveillé.
J’ai même le souvenir d’un café encore chaud posé le le vernis du bureau.
A ce moment là tout était naturel encore, si naturel d’ailleurs que la suite ne me semble que plus incroyable.
Maintenant je crois que je me souviens, c’est lorsque j’ai mis en route mon ordinateur, puis lancé mon navigateur pour entamer une matinale promenade des onglets que les choses ont commencé à devenir floues.
Il y avait comme un bruit persistant sur la toile, une sorte de chuchotement, un murmure infini qui ne cessait de s’amplifier.
Pris d’une violente migraine, je me suis enfoncé dans mon siège, soudainement pris de la folle conviction qu’une influence énorme venait d’étendre un peu plus encore son empire sur le monde.
Puis, au bout de longues minutes, comme le bourdonnement dans ma tête refusait de se taire, j’ai éteint mon ordinateur, avant de rentrer me mettre au lit.
Cette nuit, j’ai dormi d’un sommeil agité parsemé de rêves absurdes.
Dans l’un d’eux, un huissier un peu Beta qui ne voulait intervenir que sur une zone unique de saisie au prétexte que cette méthode lui permettrait d’agir plus vite, plus facilement et en toute sécurité à l’aide d’une interface très simple qui sait rester discrète
Quelqu’un saurait il m’expliquer pourquoi ce matin je me suis réveillé avec cette étrange et irrésistible envie d’acheter une Harleypleine de chrome et des balles de jonglage ?


PS : si vous n’avez rien compris à cet article faites donc un tour par ici
PPS : promis, demain j’arrête l’alcool de lire Lovecraft.
festivalsons, reverie

Dandy clochard

Les rues encombrées du festival d’Avignon sont aussi agaçantes pour l’homme pressé qu’elles peuvent être fascinantes pour celui qui garde les yeux ouverts.Surtout, elles peuvent être le lieu des rencontres les moins attendues.

Il est assis sur le rebord d’une marche bien trop petite pour lui, adossé à une porte fermée qui ne semble désormais appartenir qu’à lui.

Son pantalon très court qui les découvre les chevilles est d’un gris éclatant. Je détourne la tête sans même m’en apercevoir alors que je passe à sa hauteur.
Il y a dans son regard l’infinie certitude de celui qui sait que le monde est à lui. Sa main tendue sur son genou ne demande pas : elle semble attendre un dû.
Je ne fouille pas dans ma poche puisque je sais déjà qu’elle est vide, et pourtant, inexplicablement je le regrette un peu.
Pourtant je passe ma main le long de ma cuisse comme pour me convaincre de ce vide qui ne me satisfait pas.
Il remarque que je lui prête attention et son visage se fend en un sourire radieux.
La fossette qui se trouve sur ma joue droite apparaît alors que ma bouche lui répond.
Puis, je reprends ma marche, doucement, car à ce stade il n’y a rien d’autre à faire.

Pour une raison que je ne m’explique pas encore j’envie un peu sa place lorsque je met la clé dans la serrure.
Il est vingt heures, déjà.