Billets, politique

Deux visions de l’économie, deux visions du monde

Je n’apprécie pas la vision du monde de Nicolas sarkozy.
C’est un fait, un réalité patente qui m’interpelle de manière régulière.
Deux articles qui relatent la même information trouvés respectivement sur le site de France Info et celui du JDD viennent de m’en offrir une fois de plus la confirmation.

De quoi est-il question ?

Des premières réactions face à la crise financière, sans aucun doute LE sujet du jour, et plus précisément de la dernière saillie présidentielle. 
Quelques heures avant son discours au siège de l’ONU Nicolas sarkozy a une nouvelle fois réussi à créer l’événement.
Il a ainsi déclaré cette nuit lors de son passage à la fondation Elie Wiesel 

« Qui est responsable du désastre? Que ceux qui sont responsables en soient sanctionnés et rendent des comptes »

Voila donc la vision que propose Nicolas Sarkozy du choc financier qui vient de se produire et dont les effets à long termes sont plus incertains que jamais. 
Voila donc la réponse de ce chef d’État qui ne cesse de puis des mois d’affirmer directement ou par l’intermédaire de ses ministres que tout va bien, que la crise financière est une dame très polie qui ne passera pas par chez nous sans y être invitée. 
C’est cette vision du monde dichotomique qui me sépare irrémédiablement de Nicolas sarkozy. 
Je ne crois pas que le monde soit séparable en deux catégories clairement identifiables.
Je ne crois pas que la crise financière soit le résultat de comportements individuels déviants et sanctionnable.

Il me semble, mais je peux me tromper, que les récents évènements sont le fruit d’une chaine de causalité si complexe qu’elle ne peut etre résolue qu’avec une solution globale. 
Il me semble que le système financier s’est emballé et que clouer au pilori des présumés responsables ne suffira pas à compenser l’absence de cadre d’une économie en surchauffe.

Je ne suis d’ailleurs pas seul à penser ainsi.
Le directeur du FMI Dominique Strauss Kahn qui publie aujourd’hui une tribune dans le journal le Monde dans laquelle il n’hésite pas à affirmer :

« Au-delà des finances publiques, la question structurelle la plus fondamentale est celle de la régulation. Pour parler crûment, cette crise est la crise de la réglementation et de son échec à éviter des prises de risque excessives par le système financier, en particulier aux Etats-Unis. »

Au delà du fond ce qui sépare ces deux là c’est aussi une vision du monde.

Au nom du même principe de responsabilité l’un désigne des coupables et l’autre appelle de ses vœux un changement structurel.
L’un croit donc pouvoir éradiquer les éléments néfastes du système alors que l’autre souhaite endiguer ses défauts.

Irréconciliables je vous dis.

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Durée du travail ; la fin d’un mythe ?

Si vous avez suivi les informations depuis ce matin la nouvelle ne vous a certainement pas échappé. 
Sinon, la voici en substance :

« L’enquête Emploi de l’Insee pour 2007 montre notamment que les Français occupant un emploi à temps complet déclarent 41 heures en moyenne pour une semaine normalement travaillée. » (nouvel obs)

Ce qui est bien avec les faits, c’est qu’ils sont têtus. Et cette caractéristique leur permet parfois de mettre à mal l’opinion et l’idéologie. 
En effet ce que cette étude révèle, ce n »est pas simplement la durée effective du travail en France mais bien le fait que dans un souci de vulgarisation et par entêtement idéologique Gauche et Droite mettent à coté de la plaque depuis des années.
La réforme des « 35 h » voulue par la Gauche était une douce illusion en ce qu’elle prétendait imposait un modèle unique là où le marché du travail se distingue par des réalités différentes.
Dix ans après son entrée en vigueur force est de constater qu’elle n’est une réalité que pour une minorité
A l’opposé, la critique des « 35 heures » martelée par la droite depuis des années repose sur une vision utopiste et spécieuse de l’économie qui se résume à elle seule dans le désormais fameux slogan « travailler plus pour gagner plus »… Le rêve américain en somme. 
Comme le révèle en filigrane l’étude de l’INSEE, la réalité est plus complexe et plus subtile à la fois. 
Il est d’ailleurs intéressant de mettre cette enquête en perspective avec des études analogues concernant la durée de travail aux États-Unis ce temple du libéralisme économique où la durée moyenne du travail hebdomadaire est en réalité… inférieure à la notre ! (soit 34 heures hebdomadaires en moyenne)
Cette situation contradictoire s’explique essentiellement par la structure du marché de l’emploi américain fondamentalement plus précaire.

Avis aux candidats à la prochaine présidentielle voici un thème de campagne intelligent à votre intention.
Le débat sur le temps de travail n’a pas le moindre sens. La seule question qui vaille est celle du modèle de société.
Au travers de la question sur le temps de travail il y plus en effet que la simple distinction en tre du temps travaillé et des périodes de loisirs.
Il y a la question de la place de l’individu au sein du groupe, celle de la famille en tant que valeur sociale et tant d’autres encore.

A bon entendeur.

A voir aussi : 

L’enquête emploi pour 2007 de l’INSEE est consultable par ici.
A lire aussi un article du monde diplomatique vieux de dix ans déja mais qui n’a pas pris une ride par

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Où l’on parle réfome, vacances et sécurité sociale

C’est peut être simplement parce que j’ai attrapé une angine blanche en plein mois de juillet que je suis de mauvaise humeur. 
Ou alors j’ai bien entendu les informations ce matin et j’ai toutes les raisons d’être en colère.
Résumons ; alors que la France entière pense aux congés (si on compte ceux qui y sont ceux qui se contentent d’en rêver bien sûr) le gouvernement vient d’annoncer un nouveau tripatouillage de la sécurité sociale
La mesure semble presque anodine au premier coup d’œil : au point que même l’Humanité, qui n’est certes pas l’organe de presse le plus proche du gouvernement actuel semblait s’en réjouir ce matin et titrait

« Santé : Bachelot veut faire payer les mutuelles »

A ce stade du récit, le français en vacances se contente de pousser un « ouf » de soulagement. Et pense un instant. « C’est plutôt une bonne idée, j’ai cru qu’ils allaient nous augmenter les franchises, j’en ai marre de payer ».
Le francais qui se contente de rêver des vacances a l’esprit un peu plus alerte en dépit de la fatigue. Il avance donc encore d’un cran dans le raisonnement
. Il pense donc : « ce qu’on ne me prend pas d’une main on va me le prendre de l’autre : les cotisations de ma mutuelle vont bientot augmenter »
Le gouvernement, à qui on ne saurait reprocher de ne pas avoir réfléchi à sa réforme a bien entendu pensé à cette objection. 
Monsieur Woerth, le ministre du budget s’est donc empressé de préciser ce matin sur france 2 : 

« Nous demandons aux organismes complémentaires de ne pas augmenter leurs cotisations », a déclaré le ministre. « Bien évidemment, aujourd’hui, les assureurs comme les mutualités peuvent absorber un milliard d’euros sans augmenter les cotisations »


Une fois cette précision apportée, vous qui êtes ou pas en vacances vous vous demandez : « Mais pourquoi est-il en colère Feufol ? Voila enfin une bonne réforme. Et nécessaire de surcroit ».
Et si vous vous demandez cela, vous qui savez bien que l’on peut critiquer les modalités d’une réforme sans toutefois en discuter la nécessité c’est parce que vous n’avez probablement pas entendu la seconde précision apportée par monsieur Woerth ce matin. Celle là même qui m’a mis en colère.

« Nous leur disons que nous allons les associer à la gestion de l’assurance maladie et nous allons définir les conditions de cette association dans des groupes de travail », a-t-il indiqué.
M. Woerth a précisé que des « groupes de travail » se réuniront « à partir de la rentrée » et feront des propositions dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Voila donc le « deal » passé entre le gouvernement et les complémentaires de santé :
  • une taxation de leurs bénéfices au profit de la sécurité sociale
  • la promesse faite par eux de ne pas augmenter les primes en conséquences
  • en contrepartie ; une participation à la gestion du régime général de sécurité sociale

En d’autre termes, si la loi qui a été annoncée ce matin devait devenir une réalité les complémentaires de santé deviendraient en quelques sorte les « actionnaires » de la sécurité sociale. 

Vous comprenez donc mieux ma colère :
  • D’une part la promesse faite par les complémentaires de santé de ne pas augmenter les primes n’engage que ceux qui l’écoutent.
  • Ensuite cette réforme est une amorce concrète de privatisation du régime général de sécurité sociale qui depuis des décennies est la manifestation la plus importante de la solidarité nationale.
La nécessité d’une réforme structurelle de la sécurité sociale est patente.
Elle n’implique pas pour autant de renoncer à nos valeurs les plus précieuses.

D’autant que les bienfaits de la gestion privée en la matière ne sont pas avérés.
Le 11.06.2008, autant dire hier, un rapport de la mission d’évaluation et de contrôle de la sécurité sociale et de la commission des affaires sociales du sénat  (que l’on sait n’être pas composée de gauchistes révolutionnaires) attirait l’attention des sénateurs sur le fait que « les frais de gestion sont en moyenne cinq fois plus importants chez les assureurs complémentaires que pour l’assurance maladie obligatoire. (source)


A la réflexion il vaudrait peut être mieux que je sois en vacances à l’instant. 
Me voila encore en colère.