1- Un commentaire pas anodin
Ça a commencé avec ce commentaire laissé vendredi soir en bas d’un d’article consacré à la toute récente condamnation de Gérard Schivardi récemment démis de ses fonctions de conseiller général par le tribunal administratif de Montpellier.
- d’adresser un Mail à l’adresse de l’auteur du commentaire
- de prendre attache avec la mairie de Mailhac le lendemain matin comme on m’y invitait
Elle m’a mis en attente un très bref instant avant de m’éconduire d’un « non, il s’agit d’une erreur de notre part » aussi énigmatique que définitif.
Suite à une erreur pouvez vous m’appeler au 04 68 XX XX XX à partir de 12h30
Gérard SCHIVARDI
2- l’affaire selon Gérard Schivardi
Il est environ 13h30 lorsque je décide d’appeler ce nouveau numéro.
C’est une voix féminine très douce qui décroche, je me présente à nouveau, elle me coupe pour me dire qu’elle va me passer son mari.
Gérard Schivardi commence par s’excuser, lorsque j’ai appelé à la mairie ce matin il n’a pas fait le rapprochement, ce qui ne me surprend pas.
Il me dit être tombé par hasard sur mon article et avoir été surpris de trouver quelqu’un qui cherche à comprendre ce qui lui arrive.
Il ne croit probablement pas si bien dire. J’ai fait très attention à ne pas dépasser des faits lors de la rédaction de mon billet, or ceux qui ont été relatés dans la presse sont assez minces de sorte que j’ai un nombre certain de questions sans réponse.
Gerard Schivardi me propose spontanément de m’éclairer.
Détail qui n’a pas été relaté dans la presse, il me dit que la veille de la date limite de dépôt des comptes de campagne une employée de la commission nationale des comptes de campagnes et des financements politiques a pris contact avec lui.
Elle s’étonnait de n’avoir reçu aucun dossier le concernant.
Gérard Schivardi n’avait initialement pas l’intention de déposer de demande de remboursement des ses frais de campagne puisqu’il n’en avait pas eu si ce n’est une facture d’imprimerie de 223 euros.
Devant l’insistance de son interlocutrice, il finit par se laisser convaincre.
Une fois déposé, son dossier avait été rejeté puisqu’il n’avait pas ouvert de compte bancaire à l’occasion de sa campagne.
La commission conformément à la procédure avait ensuite saisi le juge.
A ce stade de la conversation une question me taraudait :
Comment un homme précédemment élu maire, un homme politique ayant fait une campagne présidentielle avait il pu ignorer l’obligation qui lui était faire d’ouvrir un compte bancaire ?
Gérard Schivardi me dit que le jour du procès le président lui a posé la même question.
Puis il me confie sans ambages, qu’il a été négligent et qu’il aurait du lire la documentation qui lui avait été remise à l’occasion du dépôt de sa candidature. Lorsqu’il s’est présenté aux municipales il n’avait pas demandé le remboursement de ses frais. A l’inverse lors de la présidentielle il disposait d’un « staff » chargé de gérer ce genre de choses.
Je lui demande s’il avait engagé un mandataire financier comme la loi l’y obligeait.
Il me répond que oui, il a bien engagé un mandataire financier, mais que celui-ci a omis d’ouvrir le compte bancaire de campagne puisque justement il n’y avait pas de frais.
Je pense immédiatement à la question de la responsabilité de ce professionnel… sans toutefois l’évoquer.
Lui me précise avoir appris par la suite de l’un de ses avocats que s’il l’avait su aurait pu ouvrir le compte bancaire dont l’absence a motivé sa condamnation jusqu’au dernier jour… Il regrette qu’on ne lui ait rien dit…
Sur la décision elle-même.
Le maire de Mailhac s’estime « floué ».
Il a d’autant plus de mal à admettre la décision qu’à l’audience le commissaire du gouvernement [*] avait développé des conclusions on ne peut plus clémentes à son égard.
Il suppose que le tribunal a voulu « se payer Schivardi » et trouve profondément injuste qu’on le sanctionne plus durement pour n’avoir pas respecté la procédure que ceux qui fraudent.
Sur la possibilité d’un recours.
Il me confirme donc ce que la presse m’avait déjà appris ; il a d’ores et déjà exercé un recours devant le conseil d’État. Il me précise cependant qu’il n’a pas grand espoir mais qu’il tiendra bon ne serait-ce qu’au nom de ceux qui lui ont manifesté leur soutien.
Il me dit d’ailleurs avoir reçu près de 2000 courriers d’élus et s’être entretenu longuement avec François Bayrou.
Je m’étonne qu’en dépit de tous ces soutiens la presse n’ait pas donné plus d’écho à l’affaire.
Gérard Schivardi me dit avoir donné plusieurs interviews mais souffrir d’un véritable black-out de la part des journalistes.
Il prend soin de me préciser qu’il est « très loin de l’image que l’on donne de lui », qu’il ne se « considère pas comme d’extrême gauche », et qu’il n’est pas l’anti-européen pour lequel on veut le faire passer. Il se dit favorable à une « Europe Fédérale capable de mettre en place des projets ».
En toute franchise je suis assez flatté qu’un homme politique ait pu trouver assez de valeur à mon travail pour s’y interésser…
Quant à l’entretien lui-même, je ne l’ai probablement pas assez préparé, ce qui m’a gêné dans ma prise de notes pendant.
Mais pour tout vous dire, je n’ai vraiment cru à la chose que lorsque j’ai eu Gérard Schivardi au téléphone…
Quoi qu’il en soit cet entretien a confirmé mon opinion. La condamnation provient d’un cumul de négligence et d’un déficit de formation. Le droit électoral est une matière complexe dont Gérard Schivardi ne semble pas avoir saisi à temps l’importance.
Sur l’homme enfin…
Peu importe mes convictions politiques, je l’ai trouvé séducteur. Vraiment. Je savais que la séduction était une qualité nécessaire lorsque l’on embrasse ce type de carrière, mais je ne me doutais pas à quel point. L’homme a réussi a installer une proximité dans notre discours qui sur le moment je l’avoue m’a presque désarçonné…
Mais pour une première fois j’ai obtenu réponse à l’ensemble de mes questions… je considère donc l’aventure comme un succès. 😉