Billets, politique

Ségolène Royal : construction en creux pour desert politique

Deux fois. Cela fait deux fois en seulement quelques jours que Ségolène Royal s’excuse pour des propos tenus par Nicolas Sarkozy.
On comprenait assez aisément ses propos de Dakar qui ont réussi à renforcer sa stature internationale tout en déclenchant une polémique suffisante pour faire parler d’elle.
Le coup était en réalité très peu risqué, et ses propos difficilement discutables  si ce n’est sur la forme; sauf à vouloir défendre la thèse Élyséenne d’un homme africain pas assez entré dans l’histoire…

Mais lorsque Ségolène Royal croit devoir présenter une nouvelle fois des excuses à raison sur des propos certes vérifiés par Libération mais après les avoir sortis de leur contexte elle déclenche une polémique à l’occasion de laquelle il est bien difficile de la suivre sur le fond.

N’en déplaisent à certains, l’article de libération était clair et univoque :


 
[source Libération, via lePost]

Quant aux propos aussi familiers que maladroits de Nicolas Sarkozy, ils méritaient certes d’être publiés, mais probablement pas une telle exegèse. 



Dans ces conditions, et puisque je n’imagine pas que Ségolène Royal ait pu mal lire ou mal comprendre les propos de Nicolas Sarkozy je suis contraint de conclure que Ségolène Royal applique les recettes du show business faire parler d’elle à tout prix, peu importe à quel titre.

A la manière des ces chanteuses ou actrices qui accumulent les scandales pour rester en couverture des magazines pour tenter de ranimer l’electro-cardiogramme de leur actualité professionnelle Ségolène Royal semble chercher à masquer son absence de fond idéologique et politique par des démarches de pure communication. 
 


Depuis des années déjà Ségolène Royal a construit son image « en creux », loin de construire elle réagit et tente d’être le réceptacle de l’opinion en même temps que son miroir. 

Avec la « démocratie participative » elle prétendait nager à contre courant de la fonction essentielle du politique qui est de proposer la construction d’un modèle de société avant de fédérer autour de lui. 

C’est avant tout parce qu’il proposait un modèle de société certes individualiste et violent mais clair et cohérent que Nicolas Sarkozy à remporté cette élection.

A prétendre construire un programme électoral en fonction des attentes des gens Ségolène Royal n’a su proposer qu’un projet flou dans lequel personne n’avait au final l’envie de se reconnaitre. 

Elle même n’avait d’ailleurs pas hésité à renier son programme défunt quelques semaine seulement après sa défaite…

Nouvelle construction en creux, vous n’avez pas voulu de mon programme, c’est qu’il n’était pas bon…


Dans ces conditions, je ne crois pas que les excuses répétées de Ségolène Royal correspondent à une nouvelle stratégie. Elles ne sont à mon sens que le prolongement de son attitude passée. 
Cette fois Ségolène Royal entend se faire le réceptacle d’une pensée de centre gauche mais de la simple grogne anti-Sarkozy et se présenter comme son opposante la plus naturelle.

Si cette attitude s’avère payante à court terme -Ségolène Royal fait parler d’elle comme rarement- elle me semble toutefois dangereuse.
Tout d’abord parce qu’agir et parler en fonction de Nicolas Sarkozy c’est lui laisser la main et pire ; lui permettre d’exister à travers elle.


Ensuite parce que c’est oublier que le moment venu les Français ne voteront pas contre Nicolas Sarkozy mais  pour un projet qu’ils estimeront à même de lui succéder. 

Or à ce jour bien malin qui pourrait expliquer le projet de société de Ségolène  Royal…

Billets, politique, societé

Faut il tuer parlementaires et journalistes ?

[Oui, ce titre est honteux…]

L’ami PinkbOnO qui a assuré ici l’intérim alors que mes activités professionnelles me tenaient éloignées de ce blog vous a chroniqué les évènements qui ont présidé au rejet de la loi « Protection de la création sur Internet ». 
ll vous a raconté les faits, et l’émotion aussi qu’à suscité cette nouvelle. 
Quelques jours plus tard, il est à peu près temps de passer des faits bruts et de l’émotion qu’ils suscitent à un semblant d’analyse. 

Car, si nous avons -pour l’instant- échappé à Hadopi ; la gorgone juridique que cette loi proposait de mettre en place ; ces évènements me semblent constituer les symptômes d’une presse malade et d’une représentation parlementaire à réformer en profondeur
Autrement dit les marques visibles d’une démocratie qui ne va pas franchement bien. 

1- le journalisme divinatoire
Oui, je crois fermement que certains médias pratiquent bien trop souvent le journalisme divinatoire. 
Comment qualifier autrement cet article du Point qui annonçait l’adoption de la loi « Protection de la création sur Internet » au moment même où les députés la rejetaient et qui se trouve toujours en ligne au moment où j’écris ces lignes ? 

 [c’est joli la divination, mais ca n’a pas l’air de marcher… ]
 
Je ne pense pas que l’on puisse résumer celui-ci à une simple bévue isolée.
Il me semble que nos journaux ont pris la désagréable habitude d’écrire sur des évènements avant qu’ils ne se produisent. 
 
Il y a d’abord ces biographies des personnalités dont le décès est probable que l’on garde sous le coude pour être certain le moment venu  d’être parmi les premiers à profiter de la ferveur morbide.
Il y a aussi ces rubriques  communes à nos magazines, intitulées « téléphone rouge » où encore « les Indiscrets » où s’amalgament les bruits de couloirs et les rumeurs. 
Où encore ces rumeurs de nomination qui font quotidiennement la une des journaux pour être démenties aussitôt… 
 
La tentation semble si grande d’être le premier à révéler les faits tels qu’ils vont se passer que certains n’hésitent pas à rédiger leurs articles presque entièrement au conditionnel

Au delà de l’aspect nécessairement cocasse du phénomène il faut bien s’interroger sur son impact sur l’opinion. 
Car lorsqu’un journaliste écrit que la loi « Hadopi » a été adoptée, c’est qu’il est convaincu par avance que l’évènement est par avance certain. Or cette erreur, qui est aussi une vision biaisée des faits il la transmet nécessairement à ses lecteurs au travers de son article.

On s’est longtemps servi de l’opposition un peu vaine entre blogueurs et journalistes pour distinguer le professionnel de l’amateur.
Peut être s’est-on trompé de débat ?
La vraie question n’est elle pas de distinguer le travail d’opinion de l’éditorialiste  (qui peut être journaliste de formation) de ce qui relève de la pure information ?

Mais l’article du Point n’est en définitive qu’une anecdote comparée à l’évènement qu’est le rejet du texte par les parlementaires.

2- Des parlementaires coupés en deux
Il y a indéniablement un problème avec nos parlementaires. 
Tantôt fustigés par leur absentéisme dans l’hémicycle, tout aussi souvent critiqués pour leur éloignement de leur circonscription ceux-ci semblent voués à se couper en deux. 

Jean Francois Copé, qui connait plutôt bien le sujet semble d’ailleurs plutôt conscient du problème :

Il faut que les députés que nous sommes soient dans leur circonscription le vendredi, samedi, dimanche, lundi et à Paris mardi, mercredi, jeudi », a déclaré sur RTL le président du groupe UMP à l’Assemblée.
« Et nous allons, compte tenu de nos nouvelles responsabilités qui vont être effectives dans quelques semaines, réorganiser le travail en conséquence », a-t-il ajouté, évoquant la réforme à venir du règlement du Parlement. « Maintenant, il faut qu’on change complètement nos méthodes de travail ». [source]

Effectivement… Mais je ne suis pas certain qu’un simple changement de méthode de travail suffise à éviter que ne se reproduise ce type d’évènements : 


Lors de la dernière réforme constitutionnelle je ne peux m’empêcher de penser qu’on a loupé le coche. 
 
Rêvons un peu… 

Puisque l’essentiel du problème provient du fait que le député est sans cesse contraint d’être à deux endroits (au moins) à la fois et puisque ma conscience m’interdit de couper les députés en deux il me semble que la solution réside dans un renforcement du role du député suppléant. 

Outre le député, on élit déjà un suppléant à l’occasion des élections législatives.
Serait-il vraiment choquant dans ces conditions que celui-ci puisse voter la loi au même titre que le député ? 
Cela permettrait à chacun de jouer pleinement son rôle, et d’opérer un véritable relais. 
Dans ces conditions, le député pourrait à sa convenance ménager du temps à passer lui même dans sa circonscription.
Au passage, il faudrait -bien sûr- interdire interdire le cumul des mandats.
Puisque le député n’a déjà pas assez de temps pour assumer sa fonction, cessons de le surmener…


J’arrête là mes rêveries… 
D’autant que je doute fort que mes idées plaisent beaucoup aux intéressés…
à vif, Billets, coup de gueule, grumph, info, politique, societé

2009 après J-C, Hadopi, la résurrection, la gauche et l’Origami

.
C
‘était hier soir après que le web ait tremblé une fois encore dans l’attente d’un verdict prédit d’avance…

gameover

Parodie de démocratie et grand Guignol auront rythmé les plus de quarante heures de débats dans l’hémicycle.
Je le sais car pour la première fois d’une vie presque apolitique, comme beaucoup j’ai suivi le mauvais Vaudeville depuis le streaming de l’Assemblée Nationale, témoin frustré, rageant de paroles parfois délirantes, insensées souvent.

Je ne reviendrai pas sur les aspects *liberticides* (oooh le joli mot), ni même sur l’obsolescence d’une loi morte pendant sa gestation et encore moins sur l’incompétence technique avérée d’une majorité finalement bien plus réactionnaire que progressiste…

Non l’entêtement d’un petit homme à se mettre la tête dans le mur n’est pas non plus un sujet viable car rôdent dans mes tuyaux délation et diffamation, Annéfé vade retro satanas.

…Car grâce à une assemblée majoritaire que j’ai aidé à faire élire (ou pas) par mon militantisme, on savait l’histoire pliée d’avance (sic), mais pour sur bien moins harmonieuse qu’un origami.

big_brother


Mais Ô combien surprise, utilisant les méthodes habituelles de la majorité à l’assemblée, pachas se prélassants dans de confortables sofas jusqu’au moment du réveil, du vote dans la foulée suivi d’un retour bien mérité à la léthargie, la gauche, cette gauche contre qui j’ai lutté il y a encore peu, nous a fait un cadeau inattendu…

…Contre toute attente, le rejet et la jouissance adaptée.

Bien sur c’est un coup d’épée dans l’eau, quoique peut être pas tant que çà…

Et c’est un point important car la gauche m’a surpri, elle a été performante, elle a été au delà de mes préjugés historiques de droite, intelligente.

La gauche a été intelligente, le mot est lâché.

Car durant toutes la durée des débats, cette faiblarde gauche sous-représentée dans l’hémicycle a toujours été présente, proposant motions sur motions, ne lâchant pas, ne se résignant pas, progressant dans son argumentaire en permanence à l’écoute et en communication avec les internautes.

Cette gauche a été intelligente, après les présidentielles caricaturales de Ségolène je ne pensais pas écrire cela un jour.

Le choix de jouer sur la non-participation de l’UMP et l’effet de surprise étaient osés il faut l’avouer, car les solutions ne manquaient pas….

– Un recours au conseil constitutionnel
– Un recours à la constitution Européenne.
– Recours au Quorum (arretez moi si je me trompes)


socialists_ninjas


Mais au delà de ce que nous savons tous déjà, j’ai été bien plus choqué hier soir par le traitement de l’information par nos grands médias…Nulle, inutile, superficielle, résolument à charge contre la gauche et indigne d’un quelconque travail journalistique si tant soit peu qu’il y en ait eu un.

Bouffe vulgaire, propagande à peine voilée destinée à nourrir d’aveugles masses.

Je passe rapidement sur Le Point et le site de l’Assemblée qui avaient déjà vendu la peau de l’ours encore en thérapie. (erf)

On ne mort pas la main qui nous nourrit dit-on, la Presse télévisée Française comme d’autres dinosaures a raison d’avoir elle aussi peur du web…

Ce web incontrolable qui produit rapidement de l’information de qualité, vérifiable, contestable.
Ce web incontrolable qui produit, diffuse de la culture et du savoir gratuitement aux masses.
Ce web incontrolable qui a transformé le client captif d’autrefois en un rédacteur amateur actif d’aujourd’hui; Vérifiant, recoupant l’information des médias de masses habituels, bousculant l’ordre établi, défiant les hautes sphères avec des techniques de diffusion virales plus efficaces qu’un reportage volontairement tronqué, menteur, forcant à des excuses publiques….

Impensable il y a encore dix ans !

Le monde avance et les fantômes du passé s’accrochent à leur petit royaume fantasmagorique, dénient l’évolution au risque de se voir tôt ou tard agoniser et disparaitre dans le mépris le plus certain, l’avenir est en marche…

Qu’ils crèvent, vite, ces réac’
pinkbOnO