[Oui, ce titre est honteux…]
L’ami PinkbOnO qui a assuré ici l’intérim alors que mes activités professionnelles me tenaient éloignées de ce blog vous a chroniqué les évènements qui ont présidé au rejet de la loi « Protection de la création sur Internet ».
ll vous a raconté les faits, et l’émotion aussi qu’à suscité cette nouvelle.
Quelques jours plus tard, il est à peu près temps de passer des faits bruts et de l’émotion qu’ils suscitent à un semblant d’analyse.
Car, si nous avons -pour l’instant- échappé à Hadopi ; la gorgone juridique que cette loi proposait de mettre en place ; ces évènements me semblent constituer les symptômes d’une presse malade et d’une représentation parlementaire à réformer en profondeur
Autrement dit les marques visibles d’une démocratie qui ne va pas franchement bien.
1- le journalisme divinatoire
Oui, je crois fermement que certains médias pratiquent bien trop souvent le journalisme divinatoire. Comment qualifier autrement cet article du Point qui annonçait l’adoption de la loi « Protection de la création sur Internet » au moment même où les députés la rejetaient et qui se trouve toujours en ligne au moment où j’écris ces lignes ?
[c’est joli la divination, mais ca n’a pas l’air de marcher… ]
Je ne pense pas que l’on puisse résumer celui-ci à une simple bévue isolée.
Il me semble que nos journaux ont pris la désagréable habitude d’écrire sur des évènements avant qu’ils ne se produisent.
Il y a d’abord ces biographies des personnalités dont le décès est probable que l’on garde sous le coude pour être certain le moment venu d’être parmi les premiers à profiter de la ferveur morbide.
Il y a aussi ces rubriques communes à nos magazines, intitulées « téléphone rouge » où encore « les Indiscrets » où s’amalgament les bruits de couloirs et les rumeurs.
Où encore ces rumeurs de nomination qui font quotidiennement la une des journaux pour être démenties aussitôt…
La tentation semble si grande d’être le premier à révéler les faits tels qu’ils vont se passer que certains n’hésitent pas à rédiger leurs articles presque entièrement au conditionnel…
Au delà de l’aspect nécessairement cocasse du phénomène il faut bien s’interroger sur son impact sur l’opinion.
Car lorsqu’un journaliste écrit que la loi « Hadopi » a été adoptée, c’est qu’il est convaincu par avance que l’évènement est par avance certain. Or cette erreur, qui est aussi une vision biaisée des faits il la transmet nécessairement à ses lecteurs au travers de son article.
On s’est longtemps servi de l’opposition un peu vaine entre blogueurs et journalistes pour distinguer le professionnel de l’amateur.
Peut être s’est-on trompé de débat ?
La vraie question n’est elle pas de distinguer le travail d’opinion de l’éditorialiste (qui peut être journaliste de formation) de ce qui relève de la pure information ?
Mais l’article du Point n’est en définitive qu’une anecdote comparée à l’évènement qu’est le rejet du texte par les parlementaires.
2- Des parlementaires coupés en deux
Il y a indéniablement un problème avec nos parlementaires.
Tantôt fustigés par leur absentéisme dans l’hémicycle, tout aussi souvent critiqués pour leur éloignement de leur circonscription ceux-ci semblent voués à se couper en deux.
Jean Francois Copé, qui connait plutôt bien le sujet semble d’ailleurs plutôt conscient du problème :
Il faut que les députés que nous sommes soient dans leur circonscription le vendredi, samedi, dimanche, lundi et à Paris mardi, mercredi, jeudi », a déclaré sur RTL le président du groupe UMP à l’Assemblée.
« Et nous allons, compte tenu de nos nouvelles responsabilités qui vont être effectives dans quelques semaines, réorganiser le travail en conséquence », a-t-il ajouté, évoquant la réforme à venir du règlement du Parlement. « Maintenant, il faut qu’on change complètement nos méthodes de travail ». [source]
Effectivement… Mais je ne suis pas certain qu’un simple changement de méthode de travail suffise à éviter que ne se reproduise ce type d’évènements :
Rêvons un peu…
Puisque l’essentiel du problème provient du fait que le député est sans cesse contraint d’être à deux endroits (au moins) à la fois et puisque ma conscience m’interdit de couper les députés en deux il me semble que la solution réside dans un renforcement du role du député suppléant.
Outre le député, on élit déjà un suppléant à l’occasion des élections législatives.
Serait-il vraiment choquant dans ces conditions que celui-ci puisse voter la loi au même titre que le député ?
Cela permettrait à chacun de jouer pleinement son rôle, et d’opérer un véritable relais.
Dans ces conditions, le député pourrait à sa convenance ménager du temps à passer lui même dans sa circonscription.
Au passage, il faudrait -bien sûr- interdire interdire le cumul des mandats.
Puisque le député n’a déjà pas assez de temps pour assumer sa fonction, cessons de le surmener…
J’arrête là mes rêveries…
D’autant que je doute fort que mes idées plaisent beaucoup aux intéressés…