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Cinq minutes de temps de parole

Pour faire une bonne polémique il suffit parfois de pas grand chose.
Les ingrédients du jour sont d’ailleurs peu nombreux,
  • Une fausse bonne idée prise par une autorité qui semble abuser de la sienne.
  • Un organe de presse qui s’inquiète de son indépendance
  • Le tout repris tour à tour dans l’ensemble de la presse nationale et notamment dans 20 minutes.
Lundi, le quotidien «La Croix» lance un pavé dans la mare en annonçant que le Conseil supérieur de la magistrature (CSA) «demande subitement aux radios nationales de décompter le temps de parole de 1.800 personnalités», politiques ou non, afin de respecter la règle des «trois tiers». Le journal fournit même la liste personnes visées par cette surveillance «subite». [source]
La difficulté provient du fait que cette liste, dont l’ambition est de recenser les obédiences politiques des personnalités concernées ne se limite pas aux personnalités politiques exerçant des mandats électifs.
Ce champ bien plus large englobe ainsi des individus dont l’engagement est connu sans toutefois que leur nom évoque immédiatement la politique.
  • Halliday Johnny – Adhérent – UMP – Majorité 01/01.2006 31.12.2009
  • Gyneco Doc – Adhérent -UMP- Majorité 01.01.2006 31.12.2009
  • Cali – Adhérent – PS – Opposition 1.12.2006 31.12.2009
La chose a évidemment de quoi choquer dès lors que la part politique dans les interventions des ces personnalités est tout au plus marginale et que le qualité d’adhérent ne fait pas d’eux a-priori des portes paroles politiques. 
A raisonner de cette manière on pourrait tout aussi bien recenser les simples sympathisants sans courir beaucoup plus le risque du ridicule. 
Conscient de la difficulté le CSA s’est empressé de nuancer l’information. 
Il précise ainsi que la liste publiée par la Croix est obsolète, qu’elle doit probablement dater de la campagne présidentielle, que certaines personnalités (dont les époux Halliday) ne figurent plus dans l’actuelle. 

En toute hypothèse, il précise que seuls les propos politiques ou évoquant une personnalités politiques seront décomptés. «Un artiste en promotion qui parle de son film ou de son album ne sera pas compté»
 
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En dépit de ces précisions, l’idée même qu’existe une telle liste a de quoi laisser dubitatif.  

Car, même lorsqu’on s’intéresse aux hommes politiques  « professionnels » eux même le principe de la liste ne semble pas nécessairement pertinent. Peut on réellement comme il y est indiqué que Dominique de Villepin serait actuellement membre de la majorité ? Compte tenu de ses relations  pas vraiment apaisées avec le chef de l’Etat rien n’est mois sùr… 

La seule méthode qui vaille est en réalité le cas par cas.
La seule présence d’un homme politique sur plateau de télévision ou de radio ne suffit pas à constituer un acte politique. Or seuls ces actes devraient faire l’objet du décompte imposé par le CSA. 

Si la polémique tient principalement chez les journalistes de la crainte d’un controle accru de la diffusion la parole politique par le pouvoir en place, elle me semble également illustrer cette tendance décidément ridicule et pourtant pas anodine à vouloir classifier et ranger une fois pour toute les gens dans un catégorie précise. 

Je ne suis pas un monolithe, je peux me tromper, je peux changer d’avis, et tout bien réfléchi j’en suis même assez fier.  
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Le savoir à la portée de tous tout de suite

Ce slogan c’était un peu la promesse de Wikipédia, site célébrissime  désormais devenu une icône du Web dont le slogan exact  est « Le projet d’encyclopédie librement distribuable que chacun peut améliorer ». 
Selon la page dédiée à Wikipédia sur le site lui-même, 

Ce projet est décrit par son cofondateur Jimmy Wales comme « un effort pour créer et distribuer une encyclopédie libre de la meilleure qualité possible à chaque personne sur la terre dans sa langue maternelle ». Ainsi, Jimmy Wales proposa comme objectif que Wikipédia puisse atteindre un niveau de qualité au moins équivalent à celui de l’Encyclopædia Britannica. [via]

Dans les faits cependant, force est de constater que la qualité première de Wikipédia n’est pas forcément la fiabilité. 
Si l’outil se révèle grandement utile pour comprendre un concept à grands traits sur Wikipédia le diable est à coup sûr dans le détail.

Pour m’être amusé à l’occasion à lire certains articles juridiques sur Wikipédia , je suis convaincu qu’un nombre certains d’entre eux ont été écrits par des étudiants emportés par l’enthousiasme mais pas foncièrement maitres de leurs sujets.

Sans être moi même contributeur, il m’est en outre arrivé de corriger en deux ou trois occasions une bourde grossière voire même une tournure si maladroite que je ne pouvais me faire à l’idée qu’un autre après moi aurait à souffirir sa lecture. 

La plus grande force de Wikipédia est aussi sa principale faiblesse, à vouloir concentrer le savoir de chaque individu, on s’expose à récolter de la bétise pur jus au passage… et du vandalisme aussi. 

Pourtant, à en croire cette brève reprise aujourd’hui sur le site d’LCI il semblerait bien que cette philosophie appartienne désormais au passé.
Des utilisateurs « experts » pour valider et censurer les informations des utilisateurs anonymes ? Le fondateur de Wikipedia, l’Américain Jimmy Wales, veut durcir les règles de publication de ses articles en ligne. Il propose que les articles écrits par les utilisateurs récents ou anonymes soient validés par des utilisateurs expérimentés avant d’être mis en ligne. Une nouvelle procédure approuvée par 60% des participants à un sondage en ligne. Les utilisateurs disposent toutefois d’un délai pour fournir des contre-propositions avant une deuxième consultation dans deux semaines. [source]
[Pour moi le guide du voyageur galactique, y a que ça de vrai]


C’est donc un changement total de culture qui se prépare chez Wikipédia qui se propose en fait de pratiquer désormais une modération à postériori de chaque contribution.

Si l’initiative risque à coup sûr de décourager une grande majorité des petites malins qui s’amusaient à altérer le contenu de l’encyclopédie ce changement  pourrait aussi tout bien refroidir l’enthousiasme des contributeurs actifs et sincères qui ont fait de wikipédia ce qu’il est aujourd’hui. 


L’un des principaux charmes de Wikipédia qui est à mon sens de voir le fruit de son travail publié immédiatement va nécessairement disparaitre. 
De même, je me demande dans quelle mesure et selon quels critères la fondation sera capable de traiter à bref délai la quantité notoire de contributions journalière qui lui seront soumises.

A supposer qu’elle y arrive, les utilisateurs experts deviendront à termes de vrais « éditeurs » charger de faire le tri entre le bon à rien et le vrai. [je suis né sous le signe du jeu de mot foireux, désolé] ce qui risque fort de la rapprocher  des encyclopédies « professionnelles » dans le style et le contenu.


Amputée d’une part de sa réactivité et d’une peu de sa richesse, Wikipédia deviendra nécessairement plus fiable, mais paradoxalement il me semble qu’elle sera aussi plus vulnérable à la concurrence d’autres outils gratuits de qualité.

C’est en tous cas une mini révolution qui se prépare, sur Wikipédia comme ailleurs.
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Secret defense

Lorsque deux évènements se font écho à ce point je ne peux m’empêcher d’y voir quelque chose de signifiant,
particulièrement lorsqu’ils s’opposent à ce point. 

Prenez ce communiqué de Robert Gibbs, porte parole de Barck Obama reprit dans Le monde ce matin :

[Barack Obama] a  donc décidé de commencer par suspendre le système judiciaire mis en place en 2006 par l’administration Bush pour juger les détenus de Guantanamo poursuivis pour crimes de guerre.
La nouvelle administration a aussi annoncé la suspension de quasiment toutes les réglementations laissées par l’administration Bush et pas encore entrées en vigueur, le temps qu’elles soient réexaminées. Rahm Emanuel, qui dirige le cabinet de M. Obama, a signé mardi après-midi « un mémoire adressé à toutes les agences et tous les départements [de l’administration] pour stopper toutes les réglementations en suspens jusqu’à ce que l’administration Obama ait pu en réexaminer les aspects politiques et juridiques » [source]

Rien de surprenant à la vérité. La fermeture de Guantanamo et des prisons secrètes du gouvernement étaient l’une des promesses de campagne les plus symboliques du nouveau président américain.
Or gel des procédures en cours et de certaines règlementations attentatoires aux libertés mises en place par l’ancien président sont des préalables nécessaires pour que ces promesses soient tenues. 

Pourtant, le caractère symbolique de cette mesure est à mes yeux particulièrement important. 
Elle illustre notamment la volonté de changement qu’a majoritairement manifesté le peuple américain avec l’éléction de Barack Obama après huit d’une politique politique sécuritaire. 
Incontestablement les états-unis d’ajourd’hui ne sont plus ce pays qui après le 11.09.2001 était pret à renoncer à un certain nombre de liberté publiques en échange de la promesse de plus de sécurité. 

Il me semble au contraire que la France d’ajourd’hui est une situation inverse.
C’est précisément sur la question de la sécurité que notre Président de la république a été élu.
C’est en grande partie autour de cette idée que gravite sa politique dans de nombreux domaines. 
Il n’est pas bien étonnant dasn ces conditions d’apprendre dans le Monde du meme jour que notre gouvernement fait l’exact opposé de ce que met en place le Président Américain :
Cédant à une vieille revendication du renseignement, le gouvernement a discrètement introduit dans le projet de loi de programmation sur la sécurité intérieure, la Lopsi, un article protecteur pour les espions, agents secrets et infiltrés, voire pour leurs « indics ».

Ce statut pour les hommes de l’ombre complète un autre volet, placé, lui, dans la future loi de programmation militaire, sur les lieux secret-défense dont l’accès deviendra quasi impossible aux juges. Après la réforme du renseignement policier, puis la nomination de Bernard Bajolet comme coordinateur du renseignement auprès de Nicolas Sarkozy, c’est une nouvelle étape. Mais ni l’Elysée ni le gouvernement n’ont souhaité présenter un projet de loi spécifique, estimant que « l’opinion publique n’y est pas prête ». [source]

Alors que les américains ferment ces prisons où les droits de l’homme et les lois américaines étaient déniés aux prisonniers notre pays met en place des lieux secrets défense dont l’accès sera refusé à la justice. 
En voila un bel euphémisme…  
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Lorsqu’ils étaient américains, l’existence de ces « lieux secrets » avait soulevé une indignation quasi unanime au sein de la population Francaise. 
Une indignation telle que l’on croyait la chose impossible en France.  
Mais il faut croire que depuis, notre pays aussi a changé.