Pour faire une bonne polémique il suffit parfois de pas grand chose.
Les ingrédients du jour sont d’ailleurs peu nombreux,
- Une fausse bonne idée prise par une autorité qui semble abuser de la sienne.
- Un organe de presse qui s’inquiète de son indépendance
- Le tout repris tour à tour dans l’ensemble de la presse nationale et notamment dans 20 minutes.
Lundi, le quotidien «La Croix» lance un pavé dans la mare en annonçant que le Conseil supérieur de la magistrature (CSA) «demande subitement aux radios nationales de décompter le temps de parole de 1.800 personnalités», politiques ou non, afin de respecter la règle des «trois tiers». Le journal fournit même la liste personnes visées par cette surveillance «subite». [source]
La difficulté provient du fait que cette liste, dont l’ambition est de recenser les obédiences politiques des personnalités concernées ne se limite pas aux personnalités politiques exerçant des mandats électifs.
Ce champ bien plus large englobe ainsi des individus dont l’engagement est connu sans toutefois que leur nom évoque immédiatement la politique.
- Halliday Johnny – Adhérent – UMP – Majorité 01/01.2006 31.12.2009
- Gyneco Doc – Adhérent -UMP- Majorité 01.01.2006 31.12.2009
- Cali – Adhérent – PS – Opposition 1.12.2006 31.12.2009
La chose a évidemment de quoi choquer dès lors que la part politique dans les interventions des ces personnalités est tout au plus marginale et que le qualité d’adhérent ne fait pas d’eux a-priori des portes paroles politiques.
A raisonner de cette manière on pourrait tout aussi bien recenser les simples sympathisants sans courir beaucoup plus le risque du ridicule.
Conscient de la difficulté le CSA s’est empressé de nuancer l’information.
Il précise ainsi que la liste publiée par la Croix est obsolète, qu’elle doit probablement dater de la campagne présidentielle, que certaines personnalités (dont les époux Halliday) ne figurent plus dans l’actuelle.
En toute hypothèse, il précise que seuls les propos politiques ou évoquant une personnalités politiques seront décomptés. «Un artiste en promotion qui parle de son film ou de son album ne sera pas compté»
En dépit de ces précisions, l’idée même qu’existe une telle liste a de quoi laisser dubitatif.
Car, même lorsqu’on s’intéresse aux hommes politiques « professionnels » eux même le principe de la liste ne semble pas nécessairement pertinent. Peut on réellement comme il y est indiqué que Dominique de Villepin serait actuellement membre de la majorité ? Compte tenu de ses relations pas vraiment apaisées avec le chef de l’Etat rien n’est mois sùr…
La seule méthode qui vaille est en réalité le cas par cas.
La seule présence d’un homme politique sur plateau de télévision ou de radio ne suffit pas à constituer un acte politique. Or seuls ces actes devraient faire l’objet du décompte imposé par le CSA.
Si la polémique tient principalement chez les journalistes de la crainte d’un controle accru de la diffusion la parole politique par le pouvoir en place, elle me semble également illustrer cette tendance décidément ridicule et pourtant pas anodine à vouloir classifier et ranger une fois pour toute les gens dans un catégorie précise.
Je ne suis pas un monolithe, je peux me tromper, je peux changer d’avis, et tout bien réfléchi j’en suis même assez fier.