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Le memorial du mauvais gout

L’initiative se passe à Badagry au Nigeria, et elle me laisse rien de moins que perplexe…

Selon BBC NEWS des promoteurs projettent actuellement d’édifier un complexe touristique sur le site de l’un des plus importants ports ayant été utilisé pour le commerce d’esclave.
Selon  les auteurs du projet  Badagry historiques Resort sera commercialisé à touristes afro-américains comme un mélange de luxe, des attractions touristiques et éducatives.
Les visiteurs pourront voir l’itinéraire qu’ont emprunté leurs ancêtres alors qu’ils étaient enchainés et fouettés fouettés vers le « point de non retour ».
Ils pourront ensuite se reposer dans un hôtel cinq étoiles et boire des cocktails au bord de la piscine.
Les visiteurs pourront aussi  ce recueillir sur le site d’une fosse commune  qui abrite les corps de ceux qui sont morts avant de monter à bord des navires destinés à traverser l’atlantique… avant de faire un tour de buggy en direction d’un parcours de golf.
Ils pourront ensuite visiter une réplique de navire négrier avant de visiter un musée consacré à la carrière des Jackson Five.
 [source]

Oui… vous avez bien lu. Un complexe luxueux, un parc à thème sur l’esclavage et les Jackson Five…

Car selon le même article c’est à l’occasion d’un passage au Nigéria de Marlon Jackson en compagnie du CEO du groupe de construction Motherland que  serait née l’idée de ce complexe touristique… « curieux ».
 


Ce qui me choque dans ce projet ce n’est pas simplement le mélange des genres.
La seule idée que des sociétés américaines puissent évoquer l’opportunité de faire du profit sur le sol Nigerian grâce au souvenir de la traite des esclaves à quelque chose de vulgaire en ce qu’elle ressemble à une nouvelle forme d’exploitation  de ce pays.

A ce jour, le projet se contente  cependant d’en être un mais déchaine d’ores et déjà l’ire des historiens locaux qui rêvaient à juste titre d’un traitement plus approprié de l’histoire de leur pays.
A cette difficulté s’ajoutent les contraintes inhérentes à l’organisation d’un tourisme de masse dans un pays pour le moins instable politiquement.
Mais le projet  existe, et rien qu’en cela c’est déjà une mauvaise nouvelle.
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Les visiteurs artificiels

 Eco 89, le pendant du Rue 89 dédié aux informations économiques publiait hier soir un article intitulé « comment des sites d’actu truquent leur audience ».
Fort d’un titre dramatique, il fallait bien sûr commencer sur un ton romanesque, ce dont le journaliste ne s’est pas privé.

Lisez donc :

« la polémique gronde dans le microcosme des éditeurs de presse: certains sites d’information parmi les mieux classés acquièrent artificiellement de l’audience, afin de mieux séduire les annonceurs. Ces derniers font confiance à une seule mesure, que livre chaque mois Médiamétrie-NetRatings, une filiale commune de l’institut Nielsen NetRatings et de Médiamétrie. » [source]
Passé le frémissement, des questions s’imposent.
  • Quelles sont ces pratiques de tricheurs qui faussent ainsi le classement ? 
  • Qui sont ces visiteurs artificiels ?
Outre une question essentielle que la morale devrait m’interdire de suggérer : 
  • Comment générer moi aussi des visiteurs artificiels pour faire gonfler mes statistiques ?  
Webmasters, blogueurs, lecteurs attirés par le Web Dorado n’attendez plus l’article donne toutes les clés :
Il y a plusieurs manières de gonfler artificiellement l’audience d’un site. Les plus courantes: y agréger l’audience d’autres sites; acheter des mot-clés; et faire venir sur son site des internautes qui n’avaient pas l’idée d’y venir. Aucun de ces moyens n’est proscrit par Nielsen. [même source]
Je suis un brin moqueur, je sais… 

Mais l’idée qu’un média tel que celui-là puisse raisonnablement feindre d’ignorer de telles pratiques, j’avoue que cela me sidère.
Pire, l’idée qu’elles puissent être assimilées à de la triche me laisse relativement songeur. 
Je gage qu’Eco 89 avait besoin d’un titre un peu racoleur pour attirer artificiellement des visiteurs… 
Mais ce faisant, il me semble que l’article en question passe à coté du véritable problème. 

Le trait commun des stratégies de promotion d’un site web est d’utiliser de telles pratiques. Certes tout le monde n’a pas les moyens ni l’envie de se payer les services d’une agence spécialisée comme le font les sites d’informations concernés ou même un achat de mors clés mais ces pratiques sont notoires. 

Sans avoir nécessairement recours à ces pratiques couteuses chacun tente de gonfler son audience à sa manière. 
Personnellement j’utilise Blogasty, Wikio et Fuzz, à l’occasion pour générer plus de trafic, et je poste mes articles sur Twitter, (sans compter les nouvelles possibilités offertes par un Blogbang fraichement rénové) sans que cela me paraisse scandaleux.

Mais je ne suis ni Le Monde ni Le Figaro, et contrairement à eux personne ou presque ne s’intéresse à mon audience.
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Je ne vis pas de la publicité qui est diffusée sur ce site et c’est ce qui fait toute la différence. 

Il n’est pas anormal que les principaux sites d’informations usent des moyens à leur disposition pour générer plus de visiteurs. 
Mais il est communément admis que les visiteurs qui accèdent directement à un site sont généralement plus enclins à y rester et à lire ce qui s’y trouve (publicités comprises) que ceux qui s’y retrouvent par hasard et qui dans l’immense majorité des cas repartent presque aussitôt.

Dans ces conditions, ce n’est donc pas la pratique qui vise à attirer plus de visiteurs qui pose problème en définitive, mais bien celle qui consiste à monnayer ces visiteurs de passage au même prix que son lectorat fidèle.

Mais tant que des annonceurs seront prêts à payer au pris fort des millions de « pages vues » sans tenir compte du fait que la plupart des visiteurs d’un site web n’y restent que quelques secondes bien insuffisantes pour prêter attention au contenu, il n’y a pas de raison que la cesse la course à l’audience « facile ». 

D’ici là reste à inventer un moyen de distinguer le visiteur réel, celui qui lit, du visiteur artificiel, celui qui passe. 

Nous somme sur la bonne voie : si vous êtes arrivés jusqu’ici vous  vous êtes déjà distingués.
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Qu’est ce que ca vaut ?

La valeur et le prix d’une chose sont des notions bien différentes.  
La question du rapport entre ces deux-là obsède les philosophes, les économistes et dans une certaine mesure une bonne  partie de l’humanité depuis bien plus longtemps que je ne saurais dire.
La crise actuelle est d’ailleurs essentiellement ressentie comme un dérèglement du rapport entre ces deux notions, comme une sorte de fièvre qui aurait totalement déconnecté la notion de richesse (et avec elles les prix et les salaires) de la valeur des choses.

Dans ces conditions, se cristallise un désir de rationaliser l’économie, de rendre les prix plus conformes à la valeur ressentie des biens et des services.

C’est probablement de ce constat qu’est partie l’initiative pour le moins surprenante d’un restaurateur anglais :

« Just pay us what you think it’s worth », c’est le slogan d’un restaurant londonien. Le patron du Little Bay pense avoir trouvé la solution à la chute de fréquentation que provoque la crise économique: plutôt que de donner une facture, il laisse à ses clients le soin de payer ce qu’ils considèrent être le juste prix. Voire rien du tout. « C’est entièrement à la discrétion du client. Ils peuvent me donner 100 livres ou un penny. Tout ce que je demande, c’est qu’ils me paient ce qu’ils considèrent être la valeur de la nourriture et du service », a indiqué Peter Ilic, propriétaire du restaurant, cité dans un communiqué diffusé mardi 3 février.[source]

 
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Cette opération au demeurant limitée dans le temps n’est à n’en pas douter qu’un audacieux coup de pub’.

Pourtant, il se pourrait bien que se dégage une véritable tendance.
Pour preuve, un géant tel que le groupe Accor a décidé d’appliquer la même idée afin d’attirer l’attention sur le lancement de l’un de ses hôtels à Singapour.
La chaîne hôtelière Ibis qui s’apprête à ouvrir une enseigne à Singapour le 12 février propose à ses clients une offre promotionnelle intéressante dans cet établissement : fixer eux-mêmes le prix de la chambre. [source]
Bien que ces deux initiatives n’aient initialement pas vocation à perdurer dans le temps je ne peux m’empêcher de me demander s’il n’y aurait pas là une nouvelle manière de faire du commerce.

L’initiative est apparemment un succès, puisque dans un cas comme dans l’autre il semble que l’immense majorité des clients accepte de payer un prix tout à fait convenable au regard du service qui leur est rendu. 

Dans ces conditions je ne serai pas étonné de voir fleurir ici où là des enseignes  qui après avoir encadré et rationalisé le principe se mettraient à le décliner ici où là. 
La chose est d’autant moins loufoque que  le concept n’est à bien y réfléchir qu’une application (à ma connaissance) inédite du processus de destruction créatrice bien connu des économistes. 
Cela dit, voila que je me mets à penser à la « valeur » de ce blog qui pourtant n’a pas de prix.
Vous en pensez quoi vous ?