Eco 89, le pendant du Rue 89 dédié aux informations économiques publiait hier soir un article intitulé « comment des sites d’actu truquent leur audience ».
Fort d’un titre dramatique, il fallait bien sûr commencer sur un ton romanesque, ce dont le journaliste ne s’est pas privé.
Lisez donc :
« la polémique gronde dans le microcosme des éditeurs de presse: certains sites d’information parmi les mieux classés acquièrent artificiellement de l’audience, afin de mieux séduire les annonceurs. Ces derniers font confiance à une seule mesure, que livre chaque mois Médiamétrie-NetRatings, une filiale commune de l’institut Nielsen NetRatings et de Médiamétrie. » [source]
Passé le frémissement, des questions s’imposent.
- Quelles sont ces pratiques de tricheurs qui faussent ainsi le classement ?
- Qui sont ces visiteurs artificiels ?
Outre une question essentielle que la morale devrait m’interdire de suggérer :
- Comment générer moi aussi des visiteurs artificiels pour faire gonfler mes statistiques ?
Webmasters, blogueurs, lecteurs attirés par le Web Dorado n’attendez plus l’article donne toutes les clés :
Il y a plusieurs manières de gonfler artificiellement l’audience d’un site. Les plus courantes: y agréger l’audience d’autres sites; acheter des mot-clés; et faire venir sur son site des internautes qui n’avaient pas l’idée d’y venir. Aucun de ces moyens n’est proscrit par Nielsen. [même source]
Je suis un brin moqueur, je sais…
Mais l’idée qu’un média tel que celui-là puisse raisonnablement feindre d’ignorer de telles pratiques, j’avoue que cela me sidère.
Pire, l’idée qu’elles puissent être assimilées à de la triche me laisse relativement songeur.
Je gage qu’Eco 89 avait besoin d’un titre un peu racoleur pour attirer artificiellement des visiteurs…
Mais ce faisant, il me semble que l’article en question passe à coté du véritable problème.
Le trait commun des stratégies de promotion d’un site web est d’utiliser de telles pratiques. Certes tout le monde n’a pas les moyens ni l’envie de se payer les services d’une agence spécialisée comme le font les sites d’informations concernés ou même un achat de mors clés mais ces pratiques sont notoires.
Sans avoir nécessairement recours à ces pratiques couteuses chacun tente de gonfler son audience à sa manière.
Personnellement j’utilise Blogasty, Wikio et Fuzz, à l’occasion pour générer plus de trafic, et je poste mes articles sur Twitter, (sans compter les nouvelles possibilités offertes par un Blogbang fraichement rénové) sans que cela me paraisse scandaleux.
Mais je ne suis ni Le Monde ni Le Figaro, et contrairement à eux personne ou presque ne s’intéresse à mon audience.
Je ne vis pas de la publicité qui est diffusée sur ce site et c’est ce qui fait toute la différence.
Il n’est pas anormal que les principaux sites d’informations usent des moyens à leur disposition pour générer plus de visiteurs.
Mais il est communément admis que les visiteurs qui accèdent directement à un site sont généralement plus enclins à y rester et à lire ce qui s’y trouve (publicités comprises) que ceux qui s’y retrouvent par hasard et qui dans l’immense majorité des cas repartent presque aussitôt.
Dans ces conditions, ce n’est donc pas la pratique qui vise à attirer plus de visiteurs qui pose problème en définitive, mais bien celle qui consiste à monnayer ces visiteurs de passage au même prix que son lectorat fidèle.
Mais tant que des annonceurs seront prêts à payer au pris fort des millions de « pages vues » sans tenir compte du fait que la plupart des visiteurs d’un site web n’y restent que quelques secondes bien insuffisantes pour prêter attention au contenu, il n’y a pas de raison que la cesse la course à l’audience « facile ».
D’ici là reste à inventer un moyen de distinguer le visiteur réel, celui qui lit, du visiteur artificiel, celui qui passe.
Nous somme sur la bonne voie : si vous êtes arrivés jusqu’ici vous vous êtes déjà distingués.