Billets, SNCF

Enfin de bonne humeur ! (Billet du 17.04.2008)

Ça n’avait pas franchement bien commencé.
Rien de grave, non. Quelques tristes banalités, une succession d’emmerdements mineurs.
Plus précisément, c’est par une sensation plutôt molle que la journée avait débuté. Je ne veux pas parler de cette douce mollesse commune aux muscles encore engourdis par le sommeil. Non. Cette sensation, c’était mon pied qui, moins de dix pas seulement après avoir entamé sa journée, s’est enfoncé dans une déjection encore gluante de Bobby : la boule de poils que j’aime appeler mon chat.
C’est le même Bobby qui visiblement fort aise que je n’aie pas pris la peine de lui faire la moindre remontrance a causé ma coupure à la lèvre.
Ceux qui parmi vous se demandent comment mon chat a bien pu me couper la lèvre n’ont probablement jamais reçu un coup de griffe sur le gros orteil alors qu’il se rasaient. Ou alors ils n’ont pas de chat, ce qui doit plus ou moins revenir au même…

C’est donc la lèvre encore sanglante que j’ai couru vers la gare ce matin. J’ai mis un instant je l’avoue à comprendre la signification du si beau sourire de cette jolie brune dont les yeux pétillaient lorsque les miens leur ont naïvement répondu.

Et puis -j’avais faim- profitant des huit minutes dont je disposais avant le départ de mon train, j’ai voulu retirer un peu d’argent au distributeur voisin.
Pas de chance ; lui aussi avait faim…

C’est environ cinq minutes plus tard que j’ai réellement compris mon erreur, lorsque j’ai pénétré dans le train, sans croissant ni billet…
Selon la « Loi de Murphy« , plus couramment appelée théorie de l’emmerdement maximum, à ce stade ma journée n’avait que bien peu de chances de s’arranger.

C’est donc pas vraiment surpris que j’ai accueilli le contrôleur lorsqu’il est arrivé à hauteur de mon siège. Dans une suite de bafouillements pas tellement intelligibles, j’ai commencé à lui raconter la même histoire qu’à vous.
Et, croyez moi ou pas, à cet instant ; la Loi de Murphy a été mise en échec.
Le contrôleur m’a souri et s’est assis à coté de moi.


Aujourd’hui, j’ai appris au moins deux choses :
la première c’est qu’il ne faut pas se fier au statistiques.
la seconde c’est que croiser un type humain ça peut vous sauver une journée.

Billets

Crise alimentaire rime aussi avec bonne affaire (Billet du 16.04.2008)

Michel Barnier, l’actuel ministre de l’agriculture était l’invité politique de « la matinale » de Canal Plus ce matin. Pas complètement découragé par ma grosse colère d’hier, je l’ai écouté.
Michel Barnier est un type compétent, qui connait ses dossiers, ancien commissaire européen et tout et tout. Plus appréciable encore, il répond aux questions.

L’interview était donc pas inintéressante (si vous voulez la voir, ça se passe sur le site de Canal, c’est à dire par) on y parlait crise alimentaire, aide financière ou politique agricole commune. des sujets plutôt convenus lorsqu’on s’adresse à un ministre de l’agriculture français le 16.04.2008 donc.

C’est tout à la fin de l’entretien qu’est arrivée cette information majeure qui en fait n’en est pas une, ce presque lieu commun pourtant très surprenant : la flambée du prix des matières premières fait aussi des heureux !
Ainsi qu’en a convenu le ministre, la hausse du prix des matières première alimentaires permet de mieux rémunérer les agriculteurs et les éleveurs, ce qui pour le coup est plutôt une bonne nouvelle.
Ce qui est loin d’être anodin, c’est le fait que cette flambée survienne alors que l’union européenne prévoit de faire très bientôt (c’est à dire pendant la présidence française) le « bilan de santé » de la politique agricole commune.
Toujours selon Michel Barnier, puisque ces agriculteurs et ces éleveurs sont désormais plus justement rémunérés, il est légitime que les subventions qui leurs étaient allouées soient révisées afin que cet argent puisse être employé pour aider d’autre paysans moins favorisés.

Alors là, je veux bien ; l’affirmation me parait même plutôt raisonnable… si et seulement si on prévoit que les prix se stabilisent ou continuent à augmenter ; ce qui semble être l’avis de tous les analystes (voir aussi mon billet d’hier)

Vous avez ce qu’on dit sur le malheur des uns…
Je crois que je suis de nouveau en colère !

Billets

Crise alimentaire rime avec grosse colère (Billet du15.04.2008)

Ce matin, je me suis pourtant levé de bonne humeur. Il y avait de la confiture d’abricot dans le réfrigérateur. Il y avait du pain aussi sur la table. Alors tout bêtement je me suis fait une tartine que j’ai mangée devant la télévision.
C’est à peu près à ce moment là que j’ai vu des images qui ressemblaient plus ou moins à ça :

(reuters)

Dans mon poste, le sympathique Bruce Toussaint m’apprenait qu’aux dires de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 37 pays pauvres seraient concernés par ces « émeutes de la faim ».

Et depuis, c’est plus fort que moi : je ne décolère pas.
Je suppose que le fait d’avoir été en train de manger ma tartine pendant que ces gens se battent et meurent de faim n’est pas étranger à ma colère. Mais à la réflexion, ce n’est vraiment pas la seule raison.
Sous prétexte d’écologie et de réchauffement climatique, on essaie de nous convaincre depuis des années d’acheter encore et encore des voitures qui roulent aux biocarburants.
Sur le très officiel « vie publique. fr », proposé par la tout aussi officielle documentation française on allait même jusqu’à affirmer il n’y pas si longtemps : ( le 4 janvier 2006 en fait…)

« Le développement des biocarburants s’inscrit parmi les objectifs de la politique énergétique de la France que sont la construction d’un développement énergétique durable, la garantie de sécurité et la continuité à long terme de la fourniture d’énergie et l’offre d’une énergie à des prix compétitifs ».

Source

Et voila qu’hier, patatras ! Jean Ziegler ; le rapporteur spécial aux Nations unies pour le droit à l’alimentation déclare «La fabrication de biocarburants est un crime contre l’humanité».
Parce que voila, la hausse de la demande en céréale afin de fabriquer lesdits biocarburants a pour effet d’en faire flamber les prix.
Pire, puisque la crise est structurelle, tous les analystes s’accordent pour affirmer qu’il faudra des années avant que les prix cessent de monter.

Je viens de regarder les images diffusées par Tf1 hier soir sur le sujet ; elles n’ont pas vraiment arrangé mon humeur.

Qu’on ne me dise pas que ce qui arrive n’était pas prévisible, qu’on ne me dise pas qu’on n’y pouvait rien.
Ca va encore me mettre en colère.