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Si si : propagande peut rimer avec gachis

Je viens de tomber sur un article dans lemonde.fr qui m’a franchement désolé. Le titre, bien choisi puisqu’il résume tout, était celui-ci :

« Pouvoir d’achat : le gouvernement consacre 4,3 millions d’euros à expliquer sa politique » (L’article complet est lisible par ici.)

On y apprend que le’ gouvernement a commandé une couteuse campagne de propagande dont l’intitulé est le suivant :

« Vous êtes impatients d’augmenter votre pouvoir d’achat ?
Vous souhaitez bénéficier davantage des résultats de votre travail ?
Vous voulez alléger vos dépenses contraintes (alimentation, télécommunications, énergie…) ?
Vous aspirez à payer moins d’impôts ?
Vous avez besoin d’aide pour vous loger ?
Le président de la République et le Gouvernement ont mis en place, depuis juillet 2007, une série de mesures pour initier et accompagner un mécanisme vertueux de relance du pouvoir d’achat. »

Cette campagne est visible actuellement sur le site du premier ministre (la vidéo se trouve plus particulièrement ici).


Alors qu’on sait dans quel état sont nos finances publiques, alors que le même premier ministre déclarait le 22.06 dernier que « la situation des finances n’est plus supportable » je ne peux m’empêcher de penser que cette dépense représente un ignoble gâchis.


Je ne pense pas illégitime que l’état dépense de l’argent dès lors que c’est dans l’intérêt de tous. Or j’ai beau retourner le problème dans ma petite tête je ne vois pas à qui cette campagne de publicité communication peut bien profiter si ce n’est à l’exécutif…


A mon sens plus que n’importe quelle campagne de communication ce qui manque au gouvernement pour mieux se porter dans les sondages c’est un peu plus de cohérence.
Allez, promis, j’arrête là mon coup de gueule… jusqu’au prochain.
Billets

Quoi de mieux que les éléctions pour sauver l’Europe ?

Rappel des faits ; les 13 juin dernier les irlandais ont refusé la ratification du traité de Lisbonne à l’occasion d’un référendum. C’est la seconde fois depuis 2005 qu’un tel traité est rejeté ; les souvenirs du « non » français au « traité à valeur constitutionnelle » sont d’ailleurs dans toutes les mémoires.
Après deu tels évenements, il me semble que la raison devrait pousser n’importe quel homme sensé à s’arrêter un instant pour asseoir sa réflexion afin de tenter de comprendre le problème. Or, force est de constater que c’est exactement l’inverse qui se produit. Les propos de notre secrétaire d’Etat aux affaires Européennes repris ce matin dans le Nouvel Obs en sont d’ailleurs une bonne illustration :
« Le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet a fait état mardi d’un « consensus » parmi les Etats-membres de l’Union européenne pour poursuivre le processus de ratification du traité de Lisbonne malgré le « non » irlandais ».
Il faut avouer que pareil comportement a de quoi agacer. Comment en effet interpréter une telle obstination à passer outre un vote si récent autrement que comme un violent déni de démocratie ? Moins près de nous ; il faut consentir que l’existence même du traité de Lisbonne soutenu à bout de bras par Nicolas Sarkozy portait en lui même un mépris du résultat du vote de 2005 qui a de quoi agacer jusque dans les rangs des plus fervents partisans de la construction européenne.

Mon opinion personnelle vous regarde puisque naturellement elle a vocation à teinter mon propos. je dois donc vous préciser qu’aussi loin que je m’en souvienne j’ai toujours toujours été un « Europeiste » (il parait que ce barbarisme existe maintenant) convaincu. Ce fait précisé, il faut aussi que je vous dise que si elle me parait profondément antidémocratique je comprends l’opiniâtreté de nos dirigeants à faire passer « au forceps » une réforme des institutions à laquelle personne ne comprend grand’ chose.

Le mécontentement populaire qui se manifeste est à mon sens indissociable de cette incompréhension, car les institutions européennes fruits de nombreux traités et de consensus aussi difficiles que complexes sont profondément complexes. Les plus courageux feront un tour sur ce site qui tente en quelques mots de résumer la situation des dites institutions, ils liront aussi ce court article qui résume (très) succinctement la singulière répartitions des pouvoirs au sein de l’Union. Les autre me croiront sur parole si je leur affirme que le cours d »institutions européennes » n’était pas ma matière préférée à la fac.

Si nos dirigeants s’obstinent envers et contre tous c’est parce que les institutions ne sont pas simplement incompréhensibles. Telles issues du traité de Nice elles sont aussi particulièrement inefficaces de sorte qu’il y a urgence à en sortir.

Plutôt que forcer les choses et de tenter de contraindre les peuples, il me semble que les élections Européennes de 2009 constituent une occasion unique de relancer « au fond » le débat sur les institutions dont il serait dommage de ne pas profiter.

Pourquoi après tout ne pas réfléchir à une manière plus démocratique de réformer les institutions ? Élire des députés sur un projet politique et leur confier le mandat de rédiger une constitution sur la base de ce projet serait probablement une belle manière de ressouder les peuples autour d’un projet commun. Ce serait une belle idée. Une idée… « révolutionnaire » même !

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L’Académie Francaise peste contre l’introdution des langues régionales dans la constitution

Je vous parlais l’autre jour de l’importance que revêt à mes yeux le projet de loi constitutionnelle qui vise à retoucher profondément la V° République.
Je glissai d’ailleurs une brève allusion au sujet de cet amendement qui vise à inscrire les langues régionales dans la constitution.
Avec près d’un mois de retard, (ce qui n’est pas forcément un mal tant il faut se méfier des réactions « à chaud ») ce texte suscite une vive réaction du coté de l’Académie Française.

C’est ainsi qu’on pouvait lire aujourd’hui sur le site de 20 minutes :

« L’Académie française demande le retrait d’un texte, adopté par l’Assemblée nationale, qui inscrit la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution, et porte, selon les académiciens, « atteinte à l’identité nationale ».

La déclaration de l’académie française citée par cet article est disponible par ici sur son site.
Je la reproduis néanmoins dans un souci de clarté ;

« Depuis plus de cinq siècles, la langue française a forgé la France. Par un juste retour, notre Constitution a, dans son article 2, reconnu cette évidence : «La langue de la République est le français ».

Or, le 22 mai dernier, les députés ont voté un texte dont les conséquences portent atteinte à l’identité nationale. Ils ont souhaité que soit ajoutée dans la Constitution, à l’article 1er, dont la première phrase commence par les mots : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale », une phrase terminale : « Les langues régionales appartiennent à son patrimoine ».

Les langues régionales appartiennent à notre patrimoine culturel et social. Qui en doute ? Elles expriment des réalités et des sensibilités qui participent à la richesse de notre Nation. Mais pourquoi cette apparition soudaine dans la Constitution ?

Le droit ne décrit pas, il engage. Surtout lorsqu’il s’agit du droit des droits, la Constitution.

Au surplus, il nous paraît que placer les langues régionales de France avant la langue de la République est un défi à la simple logique, un déni de la République, une confusion du principe constitutif de la Nation et de l’objet d’une politique.

Les conséquences du texte voté par l’Assemblée sont graves. Elles mettent en cause, notamment, l’accès égal de tous à l’Administration et à la Justice. L’Académie française, qui a reçu le mandat de veiller à la langue française dans son usage et son rayonnement, en appelle à la Représentation nationale. Elle demande le retrait de ce texte dont les excellentes intentions peuvent et doivent s’exprimer ailleurs, mais qui n’a pas sa place dans la Constitution. »

J’avoue être assez stupéfait moi aussi par cet amendement qu’en toute franchise je n’avais pas encore eu le courage temps de lire. Pour les plus courageux, le texte en question peut se lire par ici. (n’hésitez ce pas à faire un petit coup de Ctrl+F pour aller plus vite, c’est sacrément long)

Comme les courageux évoqués supra ont eu l’occasion de le remarquer cet amendement a été défendu par François Bayrou au nom de la protection des langues régionales. Comme l’a souligné avec justesse l’Académie Française dans son communiqué il remet en cause un principe qui date de 1539 (édit de Villers Cotterets) et se trouve être une des bases de l’unité de la France en tant que nation.

L’une des page de l’ordonnance de Villers-Cotterêts (source wikipédia)

Si je ne conteste pas l’utilité des langues régionales dans le patrimoine français, je ne suis pas certain que leur place soit dans la constitution, c’est à dire au cœur même de la république.

MAJ le 19 juin :

« Le Sénat a refusé mercredi d’inscrire la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution, revenant sur une disposition votée en ce sens par les députés en première lecture du projet de réforme des institutions.
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Les sénateurs, par 216 voix contre 103, ont adopté, contre l’avis du gouvernement et de la commission des Lois, un amendement supprimant la référence aux langues régionales que les députés avaient ajoutée au texte initial. » source

Pour ceux qui doutaient encore de l’utilité du sénat…