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L’Europe n’est pas partisane

Au parlement Européen droite et gauche votent pareil
Depuis quelques jours on n’entend presque plus que cette rengaine. Au point d’ailleurs qu’Olivier Besancenot en a fait l’un de ses refrains de campagne. 
Quel intérêt dans ces conditions de voter pour l’un ou pour l’autre puisqu’en définitive ils ne s’opposeront pas ? 
Voilà une question perfide, à elle seule susceptible de sceller le sort des prochaines  élection européennes. A quoi bon s’intéresser à des élection sans enjeu ? 
Ce désintérêt pour le fond du débat est tel que même les spots publicitaires censés inciter les électeurs à se rendre aux urnes n’échappent pas aux critiques.
Cette question toutefois méconnait à mon sens tout à la nature profonde de l’Union Européenne et celle du parlement Européen.


Les états ont pour eux le sentiment national qui les cimentent ; ce qui n’est pas le cas de l’Europe. 
Par nécessité, l’Union Européenne s’est donc depuis l’origine bâtie sur de petits dénominateurs communs. 
Or, de la communauté du charbon et de l’acier au marché commun, il s’avère que ledit dénominateur a le plus souvent été de nature économique. 
Pas de quoi s’étonner de ne pas retrouver à cette échelle la dialectique partisane qui occupe nos politiques à l’échelle nationale. 
L’enjeu n’est ici pas le même : il s’agit de trouver des consensus pour parvenir à bâtir, et non de se battre pour ravir les commandes du pouvoir.

Cette spécificité se retrouve bien sûr au parlement européen. 
Les familles politiques y sont élargies, sur la même principe du petit dénominateur commun. 
Comment comprendre autrement d’ailleurs que le PS Français accepte d’y travailler avec, notamment, les travaillistes de Gordon Brown. (qui n’ont pas franchement la même ligne politique au niveau national, comme le rappelait Tony Blair l’année dernière…)

Il faut dire que le député européen assidu est un animal politique hors norme qui a accepté de siéger dans un enceinte qui est un répulsif à caméra notoire. 
Comment s’étonner dans ces conditions de voir apparaitre au parlement européen des textes de compromis propices au consensus plutôt que  ces arguties aussi stériles que chronophages qui font le bonheur des médias nationaux ?

Ce consensus qui dépasse les partis aboutit parfois à des résultats étonnants, tels le soutien inattendu de Benoit Hamon à Jacques Toubon évincé par l’UMP d’un parlement Européen où il n’avait parait-il pas ménagé sa peine. 



Les intarissables pourfendeurs de libéraux, qui appellent encore aujourd’hui à changer d’Europe feraient bien d’en tirer les leçons. 
Ceux qui souhaitent réellement « changer l’Europe » doivent accepter de rassembler, de proposer plus que de contester pour se mettre en position d’agir. 

Des projets clairs ; voilà probablement ce qui manque à ce scrutin. 
Bien malin il me semble qui pourrait résumer le programme des principales formations politiques à seulement un mois du vote.  

Pourtant, je crois intimement que nous aurions tout à gagner à participer massivement aux élections Européennes.
Le traité de Lisbonne qui a suivi le dernier référendum à démontré une volonté des états de « reprendre la main » à l’échelon Européen au risque de confisquer une certaine conception de la démocratie.

Voulons nous un parlement fort, représentatif et plus de démocratie à l’échelle européenne ? 
Préférons nous laisser l’Europe devenir une simple organisation supra nationale dominée par les états et au sein de laquelle parlement perdra peu à peu de cette influence qu’il tient du suffrage universel direct ? 
C’est aussi ce débat qui est en jeu le mois prochain. 

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