Ciné, la classe

Slumdog Millionnaire [critique du film]

J’ai enfin pris le temps de voir Slumdog Millionnaire.
Et, autant vous le dire tout de suite je n’ai pas été déçu.
Un film de Danny Boyle, le réalisateur de Trainspotting et Sunshine ça ne laisse jamais indifférent.
Mais cette fois c’est très particulier.
Le film fait énormément parler de lui, se fait saluer par la critique, applaudir dans les blogs et acclamer aux remises de prix.

Tout au plus entend on s’élever la voix discordante de certaines associations indiennes qui n’apprécient pas l’image très brutale de leur pays qui est véhiculée par le film. 
 

Slumdog Millionnaire c’est donc l’histoire de Jamal Malik, 18 ans, orphelin  né dans le bidonville le Mumbai, sur le point de remporter la somme de 20 millions de roupies à l’émission Qui veut gagner des millions ? La chose est si extraordinaire que les organisateurs du hjeu comme les autorités ne tardent pas à le soupçonner de tricherie. A l’occasion d’un interrogatoire « musclé », Jamal Malik raconte sa vie, son frère, Malika celle qu’il aime éperdument  et aussi cette vérité toute simple : s’il a si bien réussi lors de l’émission c’est qu’il connaissait les réponses.  
 


Face aux tonnerre de louanges que reçoit ce film j’aimerais être capable d’originalité.
Mais à la vérité je peine à trouver un bien grand défaut à ce film.
De l’écriture au montage, de la direction d’acteur à la bande son je peine à reprocher quoi ce soit à Slumdog Millionnaire.
Il s’agit tout simplement de l’un des plus beaux films qu’il m’ait été donné de voir ces dernières années.


Et pourtant j’en vois quelques uns. 
brèves

Le savoir à la portée de tous tout de suite

Ce slogan c’était un peu la promesse de Wikipédia, site célébrissime  désormais devenu une icône du Web dont le slogan exact  est « Le projet d’encyclopédie librement distribuable que chacun peut améliorer ». 
Selon la page dédiée à Wikipédia sur le site lui-même, 

Ce projet est décrit par son cofondateur Jimmy Wales comme « un effort pour créer et distribuer une encyclopédie libre de la meilleure qualité possible à chaque personne sur la terre dans sa langue maternelle ». Ainsi, Jimmy Wales proposa comme objectif que Wikipédia puisse atteindre un niveau de qualité au moins équivalent à celui de l’Encyclopædia Britannica. [via]

Dans les faits cependant, force est de constater que la qualité première de Wikipédia n’est pas forcément la fiabilité. 
Si l’outil se révèle grandement utile pour comprendre un concept à grands traits sur Wikipédia le diable est à coup sûr dans le détail.

Pour m’être amusé à l’occasion à lire certains articles juridiques sur Wikipédia , je suis convaincu qu’un nombre certains d’entre eux ont été écrits par des étudiants emportés par l’enthousiasme mais pas foncièrement maitres de leurs sujets.

Sans être moi même contributeur, il m’est en outre arrivé de corriger en deux ou trois occasions une bourde grossière voire même une tournure si maladroite que je ne pouvais me faire à l’idée qu’un autre après moi aurait à souffirir sa lecture. 

La plus grande force de Wikipédia est aussi sa principale faiblesse, à vouloir concentrer le savoir de chaque individu, on s’expose à récolter de la bétise pur jus au passage… et du vandalisme aussi. 

Pourtant, à en croire cette brève reprise aujourd’hui sur le site d’LCI il semblerait bien que cette philosophie appartienne désormais au passé.
Des utilisateurs « experts » pour valider et censurer les informations des utilisateurs anonymes ? Le fondateur de Wikipedia, l’Américain Jimmy Wales, veut durcir les règles de publication de ses articles en ligne. Il propose que les articles écrits par les utilisateurs récents ou anonymes soient validés par des utilisateurs expérimentés avant d’être mis en ligne. Une nouvelle procédure approuvée par 60% des participants à un sondage en ligne. Les utilisateurs disposent toutefois d’un délai pour fournir des contre-propositions avant une deuxième consultation dans deux semaines. [source]
[Pour moi le guide du voyageur galactique, y a que ça de vrai]


C’est donc un changement total de culture qui se prépare chez Wikipédia qui se propose en fait de pratiquer désormais une modération à postériori de chaque contribution.

Si l’initiative risque à coup sûr de décourager une grande majorité des petites malins qui s’amusaient à altérer le contenu de l’encyclopédie ce changement  pourrait aussi tout bien refroidir l’enthousiasme des contributeurs actifs et sincères qui ont fait de wikipédia ce qu’il est aujourd’hui. 


L’un des principaux charmes de Wikipédia qui est à mon sens de voir le fruit de son travail publié immédiatement va nécessairement disparaitre. 
De même, je me demande dans quelle mesure et selon quels critères la fondation sera capable de traiter à bref délai la quantité notoire de contributions journalière qui lui seront soumises.

A supposer qu’elle y arrive, les utilisateurs experts deviendront à termes de vrais « éditeurs » charger de faire le tri entre le bon à rien et le vrai. [je suis né sous le signe du jeu de mot foireux, désolé] ce qui risque fort de la rapprocher  des encyclopédies « professionnelles » dans le style et le contenu.


Amputée d’une part de sa réactivité et d’une peu de sa richesse, Wikipédia deviendra nécessairement plus fiable, mais paradoxalement il me semble qu’elle sera aussi plus vulnérable à la concurrence d’autres outils gratuits de qualité.

C’est en tous cas une mini révolution qui se prépare, sur Wikipédia comme ailleurs.
la classe, littérature

Seul dans le noir [critique]


Je serais malhonnête si je ne commençais pas par vous dire que j’ai une véritable, passion pour l’œuvre de Paul Auster.  Vous qui lisez ces lignes sachez donc qu’elles ont été écrites par un fan pris dans une phase de délire subjectif assumé.
Le dernier livre de Paul Auster vient donc de paraitre chez Actes Sud, et comme à chaque fois c’est un événement. 
Si vous connaissez déjà l’auteur de Léviathan, la trilogie New Yorkaise ou Brooklyn Folies, sachez simplement que vous serez en terrain familier et que celui-ci est un bon crù. 

Pour les autres, sachez qu’un roman de Paul Auster fonctionne un peu comme un labyrinthe dans lequel la trame centrale n’est pas totalement fixe, une structure apparemment simple mais toujours infiniment travaillé de mises en perspective qui retranscrivent d’une manière étonnamment exacte ce processus subtil qui fait naitre une histoire dans l’esprit de son auteur. 

La trame
Seul dans le noir c’est l’histoire d’Auguste Brill, critique littéraire à la retraite que la jambe abimée lors d’un accident de voiture contraint à rester à la maison.
Il vit chez Myriam sa fille en compagnie de Katya sa petite fille. Tous trois ont leur blessures dont il peinent à guérir. Auguste ne se remet pas de la mort de son épouse Sonia, Myriam rumine son divorce tandis que Katya culpabilise depuis que Titus, son ancien petit ami est décédé en Irak.
Pour passer le temps Auguste s’enivre de classiques du cinéma le jour et invente des histoires la nuit seul dans le noir.
En ce moment il invente l’histoire de Brick, un homme transporté comme par magie dans un monde parallèle où le 11.09 et la guerre en Irak n’ont pas eu lieu. Cette Amérique de fiction est plongée dans une guerre civile sanglante qui oppose les états fédéraux restes fidèles au gouvernement de G. W. BUSH à ceux qui ont fait sécession à la suite de son élection controversée.
Perdu dans cette autre Amérique Brick se voit investi d’une lourde mission.

Extrait :

Telle fut ma guerre. Pas une guerre véritable, certes, mais, une fois qu’on a été témoin d’une violence  de cette envergure, il n’est pas difficile d’imaginer pire, et, du moment que le cerveau est capable de faire cela, on comprend que les possibilités les plus affreuses de l’imagination sont le pays dans lequel on vit. Il suffit d’y penser et il y a des chances que cela arrive.

Que vous soyez familier de l’auteur ou pas je ne saurais trop vous conseiller de lire Seul dans le noir. C’est une décharge de bonheur qui vous prend aux tripes et dont les 182 pages  se lisent d’une traite.
Un authentique coup de cœur.