brèves, societé

Atteinte aux convictions politiques du Téléspectateur

Gerald Dahan ne m’a jamais beaucoup fait rire.
Mais sa récente mésaventure me semble parfaitement absurde.

Vous l’avez probablement déjà lu ou entendu ici ou là :  
La régie publicitaire de France Télévisions a renoncé à diffuser un spot pour Sarkoland , dernier DVD de l’humoriste. La raison ? L’autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) a émis un avis négatif sur la publicité télévisée qui montrait sur la jaquette du DVD une caricature de Nicolas Sarkozy signée Cabu. [source]
La motivation de cette décision ?

Il s’agit de l’article 5 du décret N° 92-280 du 27 Mars 1992 [version d’origine, celle en vigueur] qui concerne exclusivement les « organismes du secteur public et des différentes catégories de services autorisés de télévision diffusés en clair par voie hertzienne, terrestre ou par satellite » et dispose : 
La publicité ne doit contenir aucun élément de nature à choquer les convictions religieuses, philosophiques ou politiques des téléspectateurs.
Entendu dans la Matinale de Canal + ce matin le président de l’ARPP a tenté une nouvelle fois de se justifier et m’a semblé confusément se référer à l’artilce 14 al. 2 de la loi  N° 86-1067 du 30.09.1986du  qui dispose que : 
Les émissions publicitaires à caractère politique sont interdites.
Je récapitule.
L’ensemble de ces affiches ne pose pas de problème :


Mais cette vidéo reçoit un avis défavorable au prétexte qu’elle risque de  » heurter les convictions politiques du téléspectateur » : 


La différence entre elles ?

C’est très simple ; la seconde est destinée à la télévision.
Or le législateur a pris l’habitude d’encadrer très sévèrement la publicité à la télévision jugée potentiellement plus influente, et à ce titre plus dangereuse que lorsqu’elle est diffusée sur d’autres médias.

Pour autant l’article 5 du décret de 1992 est d’une portée très générale, fallait-il l’interpréter si strictement ?
De même peut-on réellement considérer que cette publicité a un caractère politique ?

S’il n’était une tendance actuelle à l’aseptisation de la publicité j’aurais pu croire que l’ARPP a simplement eu peur de déplaire au Prince.
Mais il parait que j’ai tendance à faire du mauvais esprit…
Billets, politique

Ségolène Royal : construction en creux pour desert politique

Deux fois. Cela fait deux fois en seulement quelques jours que Ségolène Royal s’excuse pour des propos tenus par Nicolas Sarkozy.
On comprenait assez aisément ses propos de Dakar qui ont réussi à renforcer sa stature internationale tout en déclenchant une polémique suffisante pour faire parler d’elle.
Le coup était en réalité très peu risqué, et ses propos difficilement discutables  si ce n’est sur la forme; sauf à vouloir défendre la thèse Élyséenne d’un homme africain pas assez entré dans l’histoire…

Mais lorsque Ségolène Royal croit devoir présenter une nouvelle fois des excuses à raison sur des propos certes vérifiés par Libération mais après les avoir sortis de leur contexte elle déclenche une polémique à l’occasion de laquelle il est bien difficile de la suivre sur le fond.

N’en déplaisent à certains, l’article de libération était clair et univoque :


 
[source Libération, via lePost]

Quant aux propos aussi familiers que maladroits de Nicolas Sarkozy, ils méritaient certes d’être publiés, mais probablement pas une telle exegèse. 



Dans ces conditions, et puisque je n’imagine pas que Ségolène Royal ait pu mal lire ou mal comprendre les propos de Nicolas Sarkozy je suis contraint de conclure que Ségolène Royal applique les recettes du show business faire parler d’elle à tout prix, peu importe à quel titre.

A la manière des ces chanteuses ou actrices qui accumulent les scandales pour rester en couverture des magazines pour tenter de ranimer l’electro-cardiogramme de leur actualité professionnelle Ségolène Royal semble chercher à masquer son absence de fond idéologique et politique par des démarches de pure communication. 
 


Depuis des années déjà Ségolène Royal a construit son image « en creux », loin de construire elle réagit et tente d’être le réceptacle de l’opinion en même temps que son miroir. 

Avec la « démocratie participative » elle prétendait nager à contre courant de la fonction essentielle du politique qui est de proposer la construction d’un modèle de société avant de fédérer autour de lui. 

C’est avant tout parce qu’il proposait un modèle de société certes individualiste et violent mais clair et cohérent que Nicolas Sarkozy à remporté cette élection.

A prétendre construire un programme électoral en fonction des attentes des gens Ségolène Royal n’a su proposer qu’un projet flou dans lequel personne n’avait au final l’envie de se reconnaitre. 

Elle même n’avait d’ailleurs pas hésité à renier son programme défunt quelques semaine seulement après sa défaite…

Nouvelle construction en creux, vous n’avez pas voulu de mon programme, c’est qu’il n’était pas bon…


Dans ces conditions, je ne crois pas que les excuses répétées de Ségolène Royal correspondent à une nouvelle stratégie. Elles ne sont à mon sens que le prolongement de son attitude passée. 
Cette fois Ségolène Royal entend se faire le réceptacle d’une pensée de centre gauche mais de la simple grogne anti-Sarkozy et se présenter comme son opposante la plus naturelle.

Si cette attitude s’avère payante à court terme -Ségolène Royal fait parler d’elle comme rarement- elle me semble toutefois dangereuse.
Tout d’abord parce qu’agir et parler en fonction de Nicolas Sarkozy c’est lui laisser la main et pire ; lui permettre d’exister à travers elle.


Ensuite parce que c’est oublier que le moment venu les Français ne voteront pas contre Nicolas Sarkozy mais  pour un projet qu’ils estimeront à même de lui succéder. 

Or à ce jour bien malin qui pourrait expliquer le projet de société de Ségolène  Royal…

Ciné

Dans la brume éléctrique [critique]

 


Dans la brume électrique est incontestablement un long métrage au destin étonnant.
Tourné par en Louisiane par Bertrand Tavernier mais servi par un casting Hollywoodien il hésite clairement entre les canons du cinéma américain et ceux du polar français.
 


Le personnage principal, Dave Robicheaux, (Tommy Lee Jones) est un vieux flic de New Ibéria (Louisiane) usé et contraint d’enquèter sur en tueur en série aux méthodes atroces.
Lorsqu’Elrod Sykes, (Peter Sarsgaard) la vedette du film tourné dans le marais voisin gràce à l’argent de Baby Feet Balboni, le parrain de la mafia locale (John Goodman) découvre un cadavre  c’est le passé qui lui revient par bouffées. 
Convaincu qu’il s’agit là de l’homme qu’il a vu abattre lorsqu’il n’était encore qu’un enfant Dave se décide à enquêter.
Or plus Dave fouille, plus le passé revient à lui, littéralement.  
 


Dans la brume électrique part d’un malentendu.
C’est ce qui explique le destin singulier de ce film, sorti directement en vidéo aux états-unis et dans le même temps primé aux festival du fil policier de Beaune.
Un serial killer, un filc droit aux méthodes discutables, des marais ; le film contient les mêmes ingrédients que Piège en eaux troubles, des ingrédient qui auraient pu en faire un thriller oubliable. 
Le coup de flair de Tavernier est d’avoir plutôt centré la narration  sur le personnage de Dave Robicheaux ; torturé, alcoolique, halluciné et hanté par son passé et de n’avoir pas hésité à faire passer souvent l’enquête au second plan. 
Il en résulte un film d’une réelle complexité, polar psychologique qui fait la part azussi belle à ses acteurs qu’à son décor brumeux.  
 
Aérien et clairement fantastique, « dans la brume éléctrique » porte réellement la marque du cinéaste Tavernier, voilà en quelque sorte un polar francais haut de gamme. 
Or c’est suffisamment rare pour mériter le détour…