Ciné, la classe

Number One [critique]

 
Pour son nouveau long métrage la réalisatrice Zakia Tahiri bénéficie d’une sortie originale. 
Alors que la sortie nationale est prévue le 23.09.2009 quelques cinémas situés à proximité du pourtour méditerranéen ont la chance de le diffuser en avant première. 

Autant vous le dire, c’est un peu par hasard que je suis rentré voir ce film, dont je n’avais absolument pas entendu parler.  
Et je ne le regrette pas puisqu’il m’a rendu le sourire un jour où ce n’était pourtant pas évident… 


Number One c’est l’histoire d’Aziz ; un prototype de petit chef. 
En tant que directeur d’une usine de confection Aziz est terrorisé par son patron dont les appels téléphoniques incessants lui rappellent constamment la nécessité d’augmenter la productivité.
Alors forcément il se venge, sur ces ouvrières qui ne travaillent « que » 88 heures par semaine et trouvent encore le temps de se plaindre, puis sur son épouse qu’il  traite comme une servante. 
C’est l’arrivée d’une importante cliente française qui va tout changer.
Cette représentante d’une importante société, (incarnée par la trop rare Chantal Ladesous) féministe à la fois tendre et autoritaire souhaite absolument  diner avec Aziz et son épouse. 
Celle-ci va donc troquer donc le voile et le balai contre une belle robe courte et le charme d’un restaurant chic, le temps d’un diner.
Toute à son bonheur elle décide dès le lendemain de faire appel à un sorcier et change son mari en un tendre tendre féministe.


A mi chemin entre comédie et conte Number One emploie des recettes vraiment originales à l’appui d’un film dont le propos féministe est aussi une vraie déclaration d’amour au Maroc et à ses habitants. 
Métaphore sur le changement social qui perce actuellement dans ce pays depuis l’adoption de la « Moudawana« , ce droit de la Famille révisé qui accorde de nouveaux droits aux femmes, le film manie l’argument social avec un entrain particulièrement réjouissant. 

Car, et c’est la principale qualité du film, on rit beaucoup devant le portrait de ces hommes tous à tour séduits et déboussolés par ces femmes en quête d’émancipation.

Number One n’a assurément pas le profil type du « Blockbuster » c’est vrai. 
Mais si vous avez déjà la chance de pouvoir le voir près de chez vous n’hésitez surtout pas. 
En ce qui me concerne il s’agit d’un authentique coup de cœur.
brèves, societé

Toi aussi travaille gratuitement

Lu à l’instant dans le Monde :
British Airways, qui a fait état le mois dernier d’une perte annuelle record, a annoncé mardi avoir demandé à ses salariés de travailler gratuitement. La compagnie aérienne bataille pour sa « survie » dans des conditions de marché difficiles. Cet appel aux employés de la compagnie en Grande-Bretagne leur demande de se porter volontaires pour une période allant d’une semaine à un mois de congé sans solde ou de travail non payé. [source]
Cette brève, qui est aussi un signe des temps m’inspire tout à la fois une observation et une réflexion. 

Tout d’abord j’observe qu’il ne s’agit pas d’une première.
D’autres sociétés déjà avaient proposé, voire même imposé à leurs salariés de renoncer à des droits acquis au nom de l’intérêt supérieur de l’entreprise. 

En décembre 2007 par exemple, Continental avait fait voter, puis adopter une motion par ses salariés afin d’augmenter la productivité des ses usines :
Oui au passage aux 40 heures. Les trois quarts des 1 300 salariés de l’usine de pneumatiques Continental à Sarreguemines (Moselle) se sont prononcés en faveur d’une augmentation du temps de travail, accompagnée d’une revalorisation de leur rémunération. Un plébiscite que François Gérard, le directeur de l’usine, explique par la volonté des salariés « de préserver un bon emploi et un salaire attractif » (en moyenne 30 000 euros bruts par an pour un ouvrier, avec un intéressement équivalent à 0,6 à 0,8 mois de salaire). [source]
Continental.
Oui cette même société qui, après avoir fait repasser son usine de Clairoix aux 39 heures, projette à présent de la fermer dans la cacophonie que l’on sait…


Ce qui choque bien sûr c’est le sacrifice demandé au salarié sans qu’aucune contrepartie ne lui soit offerte. 

Le marché qui lui est proposé par l’entreprise en échange d’une renonciation à ses droits est nécessairement aléatoire puisque l’entreprise ne peut par hypothèse l’assurer de sa situation financière future.

Qu’il s’agisse demander au salarié d’augmenter sa charge de travail ou de renoncer à tout ou partie de sa rémunération il s’agit toujours d’un pari sur le futur de la société. 
En d’autres terme, s’il accepte le salarié investit dans sa propre société, dans l’espoir d’un retour sur investissement qui est la sauvegarde de son emploi. 

La voilà ma réflexion.
Il me semble, humblement, discerner dans ce phénomène un mélange des genres malsain à l’occasion duquel un salarié se voit proposer d’assumer le rôle qui est par nature celui de l’associé (qu’il soit ou non un actionnaire).

La différence entre eux n’est pas mince pourtant ;
  • puisque le premier,  outre sa situation de dépendance économique par rapport à son employeur, est avant tout  lié à celui-ci par un lien de subordination  (c’est la définition même du contrat de travail).
  • là où l’associé dispose d’un pouvoir de contrôle sur la société à hauteur du nombre de ses parts
Si l’on considère légitime qu’un chef d’entreprise aussi bien que les associés d’une société bénéficient de rémunérations importantes pour la simple raison qu’ils prennent le risque  d’investir dans celle-ci, il me parait tout aussi légitime de récompenser les salariés qui choisissent d’assumer leur part dans cette prise de risque, et -pourquoi pas- de les associer à la prise de décisions.

Voilà qui permettrait de sortir de cette impression vivace et pas forcément fausse que dans certaines entreprises les salariés servent de simple variable d’ajustement à des fins comptables. 

Vous me trouvez utopiste ? 
Peut être… 
Pas encore totalement cynique en tous cas.
à vif, et moi, SNCF

Essouflé

Je cours, il est 8h50 et je cours. 
Des taches fraîches commencent à se former les long de ma nuque alors que je gravis les escaliers.
Lorsqu’enfin je pénètre dans la gare le dos de ma chemise a déjà pris une couleur sombre qui chasse les bienfaits de cette douche que j’ai prise voici une demi-heure. 

Si j’avais le temps de m’arrêter je trouverais probablement que la situation à un goût d’ironie, puisque c’est précisément le trop de temps passé sous l’eau brûlante qui est la cause de mon retard.