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Points de jonction (29)

Vous devinez sans peine à quel point le récit de la vie de Giacomo Sarpetti a pu m’émouvoir. Plus encore, cette histoire a eu dès cet instant, un impact véritable sur le cours de ma propre vie. Maximilien Huet de Francart avait quant à lui les larmes aux yeux lorsqu’il acheva son récit. Nous passâmes le reste de la journée à parler de Giacomo et de sa vie. Une foule de questions se pressaient dans mon esprit. Je voulais bien sûr savoir ce qu’était devenu Giacomo Sarpetti. Maximilien Huet de Francart me répondit qu’hélas, il était décédé quelques semaines seulement après sa sortie de prison, en 1995. J’éprouvai à cet instant une peine sincère pour cet homme que pourtant je n’avais pas réellement connu.
L’ancien avocat avait une très mauvaise opinion des cours d’assises, et je dois avouer que je suis aujourd’hui convaincu qu’il avait raison. Comment peut-on accepter de faire juger les crimes les plus graves par des gens tirés au sort qui ne connaissent rien à la justice, ni à l’importance du fait de juger un homme? Comment peut-on tolérer que ces gens puissent condamner sans avoir à se justifier réellement ; sur le seul fondement de leur intime conviction, laquelle n’est la plupart du temps qu’une réaction émotionnelle, voire une vague intuition?
Nous avons parlé ainsi jusqu’au soir, et Sophie m’attendait depuis un moment déjà lorsque finalement je suis rentré. Je lui ai parlé de Giacomo, et des sentiments de Maximilien Huet de Francart. J’ai été étonnamment soulagé, incroyablement heureux même, de pouvoir ainsi à nouveau lui parler de détails véritables de ma journée.

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e Francart avait quant à lui les larmes aux yeux lorsqu’il acheva son récit.;  une influence sur la décision du jury. qu’un ds Vous devinez sans peine à quel point le récit de la vie de Giacomo Sarpetti a pu m’émouvoir. Plus encore,  cette histoire a eu dès cet instant, un impact véritable sur le cours de ma propre vie. Maximilien Huet  de Francart avait quant à lui les larmes aux yeux lorsqu’il acheva son récit. Nous passâmes le reste de la journée à parler de Giacomo et de sa vie. Une foule de questions se pressaient dans mon esprit. Je voulais bien sûr savoir ce qu’était devenu Giacomo Sarpetti. Maximilien Huet de Francart me répondit qu’hélas, il était décédé quelques semaines seulement après sa sortie de prison, en 1995. J’éprouvai à cet instant une peine sincère pour cet homme que pourtant je n’avais pas réellement connu.
L’ancien avocat avait une très mauvaise opinion des cours d’assises, et je dois avouer que je suis aujourd’hui convaincu qu’il avait raison. Comment peut-on accepter de faire juger les crimes les plus graves par des gens tirés au sort qui ne connaissent rien à la justice, ni à l’importance du fait de juger un homme? Comment peut-on tolérer que ces gens puissent condamner sans avoir à se justifier réellement ; sur le seul fondement de leur intime conviction, laquelle n’est la plupart du temps qu’une réaction émotionnelle, voire une vague intuition?
Nous avons parlé ainsi jusqu’au soir, et Sophie m’attendait depuis un moment déjà lorsque finalement je suis rentré. Je lui ai parlé de Giacomo, et des sentiments de Maximilien Huet de Francart. J’ai été étonnamment soulagé, incroyablement heureux même, de pouvoir ainsi à nouveau lui parler de détails véritables de ma  journée.


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Points de jonction (27)

C’est en décembre 1970 que l’irréparable s’est produit. Giacomo rentrait de l’inspection d’une plantation d’huiles essentielles dont il avait fait l’acquisition à Madagascar. Pascaline avait choisi de ne pas participer à ce voyage, et elle était la seule personne au monde dont la volonté pouvait faire efficacement barrage à celle de son mari. Celui-ci était donc parti, sans discuter.
A quelques secondes près, le drame eut pu être évité. Lorsque Giacomo pénétra dans le vestibule, il fut assailli par  terreur soudaine. La scène qu’il découvrit dans son salon était d’une horreur sans bornes. Le corps de Pascaline semblait n’être plus qu’un amas de chair déchirée. Des bouts d’os saillaient ça et là de son visage, lequel avait été complètement  écrasé. Son corps avait été balancé dans un coin de la pièce, qui avait été intégralement saccagée et pillée.
Les rumeurs commencèrent à courir. On soupçonna un ancien associé de Giacomo d’avoir voulu se venger. On parla d’un prétendant éconduit par la belle Pascaline rendu fou par la douleur de son refus. Certains commencèrent à soupçonner que Giacomo lui-même pris d’un accès de jalousie ait pu commettre cet acte atroce.
La police finit cependant par remonter la piste de Lucien Pellegrin, un petit truand sans envergure. Il fut établi que Pellegrin au fait de leur fortune,  s’était introduit chez les Sarpetti et pensait y trouver de nombreuses choses à voler. Surpris par Pascaline, il s’était résolu à la tuer. 
Rien ne permit jamais d’expliquer  l’intense sauvagerie de son geste.  En effet, lorsque la police se présenta chez lui ; Lucien Pellegrin était déjà mort. L’homme avait été abattu d’une balle dans la tête. Le meurtre avait été exécuté avec une précision parfaite. Il s’agissait en fait plus d’une exécution que d’un meurtre, Pellegrin n’avait en fait pas eu ni la moindre chance, ni la plus petite occasion de se défendre. 
Giacomo Sarpetti fut inculpé le jour même, puis mis en détention. Il nia tout au long de l’enquête avoir participé d’une quelconque manière à la mort de Pellegrin. C’est à l’issue d’une instruction bâclée, et effectuée en un temps record, que Giacomo fut inculpé pour avoir sinon perpétré, du moins commandité l’assassinat de Lucien Pellegrin. Un an et demi plus tard, il fut enfin  déféré devant la cour d’assises. Les débats s’étalèrent sur deux jours. Le parquet ne disposait en fait que de très peu d’éléments. L’avocat général fit cepe,ndant un long réquisitoire, au cours duquel il présenta Giacomo comme un homme au passé douteux, aux mœurs bizarres et habitué aux  milieux interlopes. Il tacha de démontrer que l’absence de toutes preuves sérieuses n’était due qu’au pouvoir et  à l’influence financière de Giacomo, mais que cependant sa culpabilité ne faisait aucun doute, car lui seul avait à la fois un motif impérieux d’assassiner la victime et les moyens suffisants pour le faire sans risquer de se faire prendre.
La cour d’assise est ainsi faite que le jury peut décider de la culpabilité d’un homme sur son intime conviction, sans avoir à se justifier. Le principe voudrait que le doute profite à l’accusé, mais en fait, rie ne le garantit. Lorsque l’avocat général acheva son récit minutieux des circonstances de la mort de Pascaline Sarpetti, puis de sa découverte par Giacomo, plus aucun des jurés ne sembla douter de sa culpabilité.
Maximilien Huet de Francart plaida durant près d’une heure. Le dossier était vide. Rien ne permettait d’accuser formellement Giacomo, pourtant, l’avocat sentait déjà aux attitudes des jurés que leur opinion était faite. Il leur fit alors le récit de ce qu’il savait de la personnalité de Giacomo, et l’une des choses dont il était certain, c’est que jamais Giacomo n’aurait pu assassiner ou faire assassiner un homme.
Lorsqu’il me fit son récit de la vie de Giacomo, l’ancien avocat était toujours convaincu de son innocence. Je dois également vous avouer qu’en ce qui me concerne, je partage son avis et je n’ai aucun doute à ce sujet. Giacomo a eu  de nombreuses fois l’occasion et les motifs de se venger. Il ne s’en est d’ailleurs jamais privé. Cependant, il tenait à le faire à sa manière. Comme je vous l’ai déjà expliqué, il provoquait la ruine de ceux dont il avait à se plaindre il poussait parfois le zèle  jusqu’à ce qu’on découvre un motif de les envoyer derrière les barreaux, mais jamais il ne s’en prenait à eux physiquement. La première raison à cela était que la violence ne faisait tout simplement pas partie de son caractère, mais ce n’est pas précisément pour cela que je suis précisément convaincu de son innocence. Giacomo Sarpetti était profondément convaincu qu’il existait des punitions bien pires que la souffrance ou la mort. Il faisait en sorte de détruire la vie de ceux dont il se vengeait, de tout ce  
J’en suis certain, si Giacomo avait identifié l’assassin de Pascaline, il ne l’aurait pas tué. La punition lui aurait semblé bien trop douce au regard de la faute. Moi j’en suis certain, mais les subtilités de la psychologie de Giacomo n’eurent aucune influence sur la décision du jury. Giacomo Sarpetti fut condamné à trente ans de réclusion criminelle.