Vous devinez sans peine à quel point le récit de la vie de Giacomo Sarpetti a pu m’émouvoir. Plus encore, cette histoire a eu dès cet instant, un impact véritable sur le cours de ma propre vie. Maximilien Huet de Francart avait quant à lui les larmes aux yeux lorsqu’il acheva son récit. Nous passâmes le reste de la journée à parler de Giacomo et de sa vie. Une foule de questions se pressaient dans mon esprit. Je voulais bien sûr savoir ce qu’était devenu Giacomo Sarpetti. Maximilien Huet de Francart me répondit qu’hélas, il était décédé quelques semaines seulement après sa sortie de prison, en 1995. J’éprouvai à cet instant une peine sincère pour cet homme que pourtant je n’avais pas réellement connu.
L’ancien avocat avait une très mauvaise opinion des cours d’assises, et je dois avouer que je suis aujourd’hui convaincu qu’il avait raison. Comment peut-on accepter de faire juger les crimes les plus graves par des gens tirés au sort qui ne connaissent rien à la justice, ni à l’importance du fait de juger un homme? Comment peut-on tolérer que ces gens puissent condamner sans avoir à se justifier réellement ; sur le seul fondement de leur intime conviction, laquelle n’est la plupart du temps qu’une réaction émotionnelle, voire une vague intuition?
Nous avons parlé ainsi jusqu’au soir, et Sophie m’attendait depuis un moment déjà lorsque finalement je suis rentré. Je lui ai parlé de Giacomo, et des sentiments de Maximilien Huet de Francart. J’ai été étonnamment soulagé, incroyablement heureux même, de pouvoir ainsi à nouveau lui parler de détails véritables de ma journée.