Points de jonction

Points de jonction (8)

Yolas dormit d’un sommeil très agité. De nombreuses fois, il se retourna dans son hamac, et ce ne fut que par miracle qu’il ne chuta pas. Ses nombreux grognements eurent cependant raison du sommeil des occupants des chambres voisines. Si ces derniers furent énervés par ce réveil brutal et forcé, aucun n’alla se plaindre, probablement peu impatients de s’attirer les foudres d’un voisin à la voix si terrifiante.

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Points de jonction

Points de jonction (7)

Il faisait nuit lorsque j’ai commencé à me réveiller. J’avais la gorge sèche et douloureuse, après de longues minutes et des efforts difficilement transcriptibles, j’ai fini par ouvrir un œil. J’ai alors pu constater que le fond de vodka que j’avais laissé était maintenant répandu sur le tapis. Une forte, odeur d’alcool affleurait jusqu’à mes narines. C’est à cet instant précis que j’ai réellement pris conscience de la force de mon envie de vomir.

Une fois débarrassé de cette formalité, je décidai de retourner dans le salon pour constater l’ampleur du désordre, voire des dégâts que j’avais causés. Epuisé à cette simple vue, j’ai glissé jusqu’à ma chambre, puis taché de finir la nuit. La contraction dans mon estomac n’avait pas disparu depuis la veille, il m’a même semblé qu’elle s’était changée en torsion. Toujours aussi inquiet, j’ai mentalement mis en forme avant de m’endormir quelque jolies phrases sur le pouvoir anesthésiant de l’alcool et son absence total de pouvoir curatif. J’y comparais l’alcool à certains médicaments qui font sentir la douleur plus vivement encore dès qu’on cesse de les prendre. A mon réveil, j’avais cependant oublié tout le fruit de ce travail…

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Points de jonction

Points de jonction (6)

Ce n‘est qu’après avoir fini l’écriture des passages et des corrections de l’histoire de Nicolas qui m’étaient venues en chemin que j’ai enfin jeté un œil sur mon téléphone portable. Je me demande souvent pourquoi je persiste à l’appeler ainsi puisque je ne le prends que très rarement avec moi. Aujourd’hui n’avait pas fait exception, je l’ai retrouvé comme souvent dans l’une des poches du manteau que j’avais porté deux jours plus tôt…

Sophie m’avait laissé trois messages. Ils m’apprirent qu’elle avait l’intention de passer la soirée chez ses parents puis d’y rester pour le week-end. En tant normal, cette annonce n’aurait pas particulièrement éveillé mon attention, Sophie avait une relation très fusionnelle avec ses parents. -Sans grande originalité, c’était plus particulièrement vrai quant à son père. – Je les appréciais tous deux, et il nous arrivait fréquemment de passer quelques jours chez eux. D’autres fois, elle préférait profiter seule de ces moments et ne s’absentait alors jamais plus d’un ou deux jours. Je comprenais parfaitement, et j’approuvais qu’elle garde une vie à elle. Son humeur encore plus câline qu’à l’habitude à chaque retour de l’une de ces « escapades » achevait bien sûr de me les rendre sympathiques.

Seulement, ce départ n’était cette fois pas un événement isolé, il s’inscrivait dans la suite directe de la soirée absente que nous avions passé la veille. Je sentis naître une sensation douloureuse dans le creux de mon ventre, cette contraction typique que j’éprouvais à chaque peur, à chaque nouveau doute. D’une pression sur le clavier de mon téléphone, j’appelai le sien. La sonnerie dans mon dos m’apprit sur le champ que mon habitude de laisser mon téléphone à la maison était en train de devenir également celle de Sophie. Je me préparai à appeler directement chez ses parents. Finalement, je décidai de ne pas le faire. Dès le premier son, dès la première note qui sortirai de ma bouche, Sophie sentirai transpirer mon inquiétude et mes doutes. Pour cette raison, je n’ai pas appelé. En dehors de mes impressions, je n’avais cependant aucune raison particulière de m’inquiéter, de douter d’elle ou de ses sentiments.

J’ai donc posé le téléphone, et idiot comme on peut l’être avec une inquiétude physique et irraisonnable dans le ventre, j’ai tiré, puis ouvert une bouteille de vodka du réfrigérateur. J’ai ensuite retourné trois tiroirs pour remettre enfin la main sur le paquet de cigarette à peine entamé que j’avais acheté huit mois plus tôt et je me suis affalé sur le canapé.

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