Ce n‘est qu’après avoir fini l’écriture des passages et des corrections de l’histoire de Nicolas qui m’étaient venues en chemin que j’ai enfin jeté un œil sur mon téléphone portable. Je me demande souvent pourquoi je persiste à l’appeler ainsi puisque je ne le prends que très rarement avec moi. Aujourd’hui n’avait pas fait exception, je l’ai retrouvé comme souvent dans l’une des poches du manteau que j’avais porté deux jours plus tôt…
Sophie m’avait laissé trois messages. Ils m’apprirent qu’elle avait l’intention de passer la soirée chez ses parents puis d’y rester pour le week-end. En tant normal, cette annonce n’aurait pas particulièrement éveillé mon attention, Sophie avait une relation très fusionnelle avec ses parents. -Sans grande originalité, c’était plus particulièrement vrai quant à son père. – Je les appréciais tous deux, et il nous arrivait fréquemment de passer quelques jours chez eux. D’autres fois, elle préférait profiter seule de ces moments et ne s’absentait alors jamais plus d’un ou deux jours. Je comprenais parfaitement, et j’approuvais qu’elle garde une vie à elle. Son humeur encore plus câline qu’à l’habitude à chaque retour de l’une de ces « escapades » achevait bien sûr de me les rendre sympathiques.
Seulement, ce départ n’était cette fois pas un événement isolé, il s’inscrivait dans la suite directe de la soirée absente que nous avions passé la veille. Je sentis naître une sensation douloureuse dans le creux de mon ventre, cette contraction typique que j’éprouvais à chaque peur, à chaque nouveau doute. D’une pression sur le clavier de mon téléphone, j’appelai le sien. La sonnerie dans mon dos m’apprit sur le champ que mon habitude de laisser mon téléphone à la maison était en train de devenir également celle de Sophie. Je me préparai à appeler directement chez ses parents. Finalement, je décidai de ne pas le faire. Dès le premier son, dès la première note qui sortirai de ma bouche, Sophie sentirai transpirer mon inquiétude et mes doutes. Pour cette raison, je n’ai pas appelé. En dehors de mes impressions, je n’avais cependant aucune raison particulière de m’inquiéter, de douter d’elle ou de ses sentiments.
J’ai donc posé le téléphone, et idiot comme on peut l’être avec une inquiétude physique et irraisonnable dans le ventre, j’ai tiré, puis ouvert une bouteille de vodka du réfrigérateur. J’ai ensuite retourné trois tiroirs pour remettre enfin la main sur le paquet de cigarette à peine entamé que j’avais acheté huit mois plus tôt et je me suis affalé sur le canapé.
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