à vif, Billets, brèves, coup de gueule

Le management panier à salade

Il y a de cela quelques mois, un ami cadre dans un groupe de taille importante me téléphone. Il  a le cafard, ca transpire dans sa voix. 
Sa direction vient de lui donner l’ordre de se séparer de l’un de ses subordonnés. 
Il ne s’agit pas d’un renvoi mais d’une mutation forcée, à quelques quarante kilomètres, effective sous huit jours. 
Forcément, je passe la conversation en mode juridique, judiciaire même. Je martèles mots « Prud’hommes » et « modification unilatérale du contrat de travail » de manière à ce qu’il soient retenus, et de préférence transmis. 
Puis je comprends que le salarié en question se trouve lui aussi à l’autre bout du fil, assis à coté d’un téléphone dont le haut parleur diffuse mes exclamations depuis bien cinq minutes. 
Et puis, au terme terme d’un entretien tendu, je comprends que mon indignation ne sert à rien.  Pour le salarié en question le problème est d’une simplicité désarmante : s’il refuse sa mutation il sera licencié. 
Peu importe que cette mesure soit une violation flagrante du code du travail.
Pour lui, saisir le conseil des prud’hommes signifie perdre son emploi, pour obtenir gain de cause sans doute, mais pas avant des mois… au mieux. 

Or, il ne peut pas se permettre d’attendre plusieurs mois, pas avec les charges qui sont les siennes. 


à vif, reverie

La métaphysique du guichet

Au XX° siècle mon père avait ouvert à mon nom un livret A dans les livres de la Poste du coin de la rue.
Dit comme cela ca a l’air vieux, et c’est peut être vrai.
Ca se passait en 1996 et moi j’avais 14 ans.
Si je repense à cela maintenant c’est parce que je me trouve au milieu d’une file d’attente figée au cœur d’un autre bureau de Poste du coin de la rue.
Ce matin j’ai décidé de réveiller cet argent qui dort sur mon livret A. 
à vif, reverie, SNCF

Seuls dans le train de nuit

Je dévale les marches à la volée et m’excuse au passage alors que mon coude maladroit les heurte par mégarde.

L’homme me répond dans un sourire.
Des notes de bière teintent son haleine et sa voix lorsqu’il m’adresse des remerciements exagérés, de ceux qui distinguent l’homme qui n’en a pas l’habitude
A cet instant, je ne prête attention ni à sa chemise trop grande, ni à ce sac poubelle qui contient ses affaires. 
Je n’accorde pas même un regard à cette brune qui s’accroche à son bras.
Moi je finis ma course, encore tout à mon élan, plus emporté par habitude que réellement pressé.

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