Ce projet, surnommé Lex Google a fait couler pas mal d’encre et scroller pas mal de pixels ces derniers jours, lorsque le moteur de recherches de référence a annoncé son intention de bannir les sites de presse français de ses résultats de recherche.
De sorte que je n’espère pas vous apprendre grand’ chose sur le sujet.
Cela dit, je viens de tomber sur un communiqué du « SPIL – syndicat de presse indépendante d’information en ligne » qui milite, un peu à contre courant, contre la « lex google ».
« Le Spiil considère que la loi dite Google Lex, récemment adoptée en Allemagne (taxation des agrégateurs d’actualité comme Google News), ainsi que la proposition de loi présentée cette semaine en France par le Syndicat de la presse quotidienne nationale (taxation de l’indexation des contenus de presse) constituent des solutions inappropriées.
Alors que Google possède un quasi-monopole de la recherche sur Internet, notamment en France, de telles mesures ne feraient que conforter sa prédominance, et placeraient la presse numérique sous sa tutelle quasi-exclusive. » [source]
– Rue 89 (journal gratuit)
– Slate.fr (magazine gratuit)
– Causeur (magazine gratuit)
– Atlantico (journal gratuit)
– @rret sur images (magazine payant)
– Mediapart (journal payant)
– Owni (gratuit mais dont le modèle économique original mérite qu’on s’y arrête un instant)
Tous ces journaux de lignes éditoriales, de modèles économiques et d’opinions très diverses ont en commun d’être des « pure players », c’est à dire des médias crées sur internet. (je passe sur la courte expérience papier de Rue 89, récemment racheté par le Nouvel Obs)
Ce ne sont donc pas les journaux 100% en ligne qui demandent la « Lex Google ». .
Pas plus que ceux qui sont restés fidèles à un modèle économique papier efficace, comme le Canard Enchaîné, qui refuse de mettre ses articles en ligne et affiche une belle santé financière :
le Canard enchaîné, hebdomadaire sans site Internet ni pub, au revenu net de 4,5 millions d’euros en 2010, pour un chiffre d’affaires de 30,6 millions.
Mais plutôt pour tenter de sauver ceux des membres de la presse papier qui ont mal négocié le tournant du web.
Je pense à Libé qui se rend illisible, à osciller encore aujourd’hui entre un modèle gratuit et un modèle payant au gré des articles.
Au Monde qui noie d’excellents articles de fond dans des copies à l’infini de dépêches AFP, comme la majorité de la presse en ligne.
Ou au Nouvel Obs dont une part non négligeable de l’audience me semble provenir des contributeurs du « Plus« .
Je ne crois pas que le problème réel réside dans une quelconque appréhension de valeur par google, qui, par nature, dirige un trafic important (et donc des revenus potentiels) vers les sites de presse.
Le problème, c’est l’incapacité de certains titres historiques à rentablisier leur audience faute de pouvoir concilier des modèles économiques divergents sur le web et en papier qui se parasitent au sein d’une même entreprise
S’ils le souhaitaient, les sites de presse ont la possibilité technique de refuser d »apparaitre dans Google News, tout en continuant à référencer leur page d’accueil dans le moteur de recherche principal.de Google.
Les 154 titres adhérents à l’ANJ -plus de 90% des journaux brésiliens- ont décidé l’an dernier de sortir de Google News, car le géant américain refusait de les rétribuer pour l’utilisation d’une partie de leurs contenus.« L’ANJ défend cette politique. Et même si nous reconnaissons qu’il y a eu une perte de trafic de lecteurs internautes, d’environ 5%, c’est le prix à payer pour la protection du journal et de sa marque », a déclaré samedi 20 octobre le secrétaire général du comité des stratégies digitales de l’ANJ, Carlos Müller.
Mais ce n’est pas cela la réclamation des promoteurs de la Lex Google.
Ce qu’ils souhaitent c’est qu’un autre se substitue à leur absence de modèle économique.
Doit-on changer les règles sur le web et créer de nouvelles subventions plus ou moins déguisées pour compenser les choix industriels désastreux de quelques mammouths de la presse française ?
Veut-on d’une presse sans cesse plus dépendante des subventions, d’une tutelle du ministère de la culture et des variations de l’algorithme de Google ?
Pour ma part, je ne crois pas qu’une taxe sur la Ford T aurait pu assurer la pérennité des Maréchaux-Ferrants.
Pas plus qu’une taxe sur les moteurs de recherche ne sauvera cette partie de la presse qui se refuse à changer de siècle.