Il est une chose incontestable c’est que Bernard Kouchner a de l’humour.
C’est vrai, célébrer le soixantième anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme en expliquant en substance qu’on s’en fiche absolument c’est assez cocasse.
Non je n »exagère pas, lisez donc :
Je pense que j’ai eu tort de demander un secrétariat d’Etat aux Droits de l’homme. C’est une erreur. Car il y a contradiction permanente entre les droits de l’homme et la politique étrangère d’un État, même en France. Cette contradiction peut être féconde mais fallait-il lui donner un caractère gouvernemental en créant ce secrétariat d’Etat ? Je ne le crois plus et c’est une erreur de ma part de l’avoir proposé au président. [source]
D’ailleursau cas où l’on n’aurait pas bien compris, il le répète plus loin :
On ne peut pas diriger la politique extérieure d’un pays uniquement en fonction des droits de l’homme. Diriger un pays éloigne évidemment d’un certain angélisme.
[via J’affiche ! by Geoffrey Dorne]
Si la chose avait pu passer pour un dérapage ça n’aurait pas eu tant d’importance. Mais les propos tenus par le ministre des affaires étrangères au journal le Parisien ont été relus par l’intéressé qui n’aurait pas jugé nécessaire de les modifier.
D’ailleurs à bien y regarder il tiennent lieu de réponse à une question de pure politique intérieure (sur l’arrestation de V. de Fillipis) de sorte que l’on peut affirmer qu’ils sont absolument prémédités.
Passons sur le tacle à Rama Yade que l’on dit sur le départ et qui n’a pas grande importance. Ce qui en a c’est le fond, ce qui en a c’est la licence avec laquelle un ministre de premier plan prétend aujourd’hui que l’on peut se permettre de traiter les droits de l’homme de manière subsidiaire et s’en affranchir à des fins politiques.
Je veux bien admettre que la raison d’État impose pour des questions de politique intérieure et extérieure d’ignorer à l’occasion les principes dictés par les droits de l’homme.
Mais prétendre au nom d’un prétendu « parler vrai » rompre avec l’hypocrisie et dévoiler cela au grand jour c’est faire de l’exception un principe.
Oui, je pense que certaines pratiques doivent rester secrètes et honteuses.
Bien qu’élus et bien qu’ayant pouvoir pour influer sur elles nos dirigeants n’en sont pas moins soumis à des règles qu’elles aient valeur constitutionnelle, conventionnelle, légale ou réglementaire.
Or reconnaitre au grand jour à des dirigeants politiques le droit de s’affranchir impunément de ces règles c’est dans le même temps renoncer à ce qui fonde la notion même de démocratie.
PS :
Vu que les droits de l’homme sont aussi sensés concerner les femmes allez lire ça, c’est nécessaire.