Billets, politique

[billet à troll] Le malentendu socialiste

C’est probablement cette petite phrase de Jean Christophe Cambadélis reprise ce matin par le Parisien qui résume le le mieux la situation du PS.

« Il y avait deux conceptions de la rénovation. L’une, celle de Royal, visait à faire quelque chose de totalement nouveau, l’autre, celle d’Aubry, espérait un renouveau gardant ce qui est la nature même du PS. Cette dernière l’a emporté. »[source]

Voila c’est dit. Il y a bien deux conception du PS et l’une l’a emporté, enfin pour l’instant. Car la seconde est bien plus que vivace pour représenter sensiblement la moitié du PS.
Cette situation intenable semble partie pour durer aussi longtemps que ce parti persistera à ne pas vouloir sortir du brouillard quant à son projet politique.

L’élection de Ségolène Royal au poste de premier secrétaire, pour agaçante qu’elle puisse sembler à beaucoup, aurait eu ceci de salutaire qu’elle aurait justement permis de lever cette ambiguïté qui fonde à la fois l’identité du PS et et l’empêche depuis quelques années de proposer un vrai projet politique. 

Par l’élection d’Aubry le PS persiste en effet à vouloir construire son modèle de reconquête du pouvoir sur le mécanisme d’union de la gauche qui avait été bâti en son  temps par François Miterrand.
Cette union était motivée par la volonté du PCF de devenir un veritable parti de gouvernement capable par cette union d’insuffler une politique plus sociale par un fort interventionnisme économique.
Or ce mécanisme a été rendu obsolète dès avant la fin du second mandat de François Miterrand, et avec le concours de celui-ci.
En organisant le référundum sur le traité de Maastricht puis la ratification de celui-ci la France a fait le choix, il est vrai pas totalement conscient de renoncer à l’interventionnisme économique qui fondait l’Etat Providence afin de permettre la construction du marché unique dont l’essence profonde est le libéralisme économique
[une image inspirée de Florent Guerlain trouvée grâce à l’excellent Geoffrey Dorne ]

C’est la question européenne qui divise irrémédiablement le parti socialiste et ce mythe de la possibilité d’un autre Europe plus sociale (ce plan B évoqué lors du dernier référendum) n’est qu’un leurre longtemps entretenu à des fins politicienne par ceux qui l’ont brandi. 

 

Cette attitude est d’autant plus déplorable que l’Europe est une force qui nous apporte bien plus que l’on ne le suppose trop souvent.
C’est dans le cadre des question économiques et européennes désormais irrémédiablement liées qu’il appartient au parti socialiste de faire son choix. 

Choisit t’il de déporter son centre de gravité vers le centre en optant pour la voie du social libéralisme ? Cette solution aurait l’avantage de lui permettre de proposer un projet applicable très rapidement. 

Préfère t’il revenir à une politique plus interventionniste et en cela plus à gauche ? Ce choix ambitieux et risqué suppose alors que le PS accepte  (et avoue à ses electeurs) que ce combat là ne se joue plus vraiment à l’échelle nationale.

A défaut de se positionner dans ce débat d’autres lui raviront la place. 

Déjà Besancenot, probablement rallié par Mélanchon dessine les contours de ce qui pourrait devenir à brève ou moyenne échéance un véritable parti d’extrême gauche ayant vocation à gouverner. 

Quant au centre gauche les valeurs humanistes de Bayrou ont prouvé lors de la dernière présidentielle qu’elles étaient capables de séduire bien des décus du brouillard socialiste. 

Quel que soit le choix du PS il vaudra mieux que la situation actuelle. 

Outre que son image est désormais plutôt esquintée ce parti  doit comprendre que la grogne actuelle envers la politique de Nicolas Sarkozy ne saurait suffire à faire voter les francais en masse vers une formation politique qui est incapable de lui proposer un projet de société cohérent. 

Persister dans cette voie serait d’autant plus dommage que l’UMP souffre également d’une grave contradiction  : coincé entre une politique libérale au niveau économique mais (très) conservatrice du point de vue des valeurs Une contradiction qui, bien exploitée, pourrait faire des ravages dans les urnes.

Laisser un commentaire