actu-fiction, trucs droles

Allo police ?

Il aime bien le samedi, on ne s’ennuie jamais un samedi. 
Un autre jour il aurait été sur les marches de la gare Saint Charles retrouver les copains et mater les filles aux épaules chargées de bagages. 
Puis il serait allé faire un tour deux rues plus loin jusqu’au Centre Bourse où il aurait fait semblant de faire les magasins en regardant encore les filles.
Et quand il en aurait eu assez, il aurait fini l’après-midi en lisant des Mangas à l’œil au Virgin Megastore de la rue Saint Férréol. 
Seulement, aujourd’hui c’est Dimanche. Or Marseille, un dimanche après-midi lorsqu’on a dix sept ans et pas d’argent ce n’est pas toujours drôle. 

Alors il se ballade le long des trottoirs sales et des devantures fermées. 
La rue est déserte lorsqu’il la remarque.  Ses jantes étincellent et contrastent harmonieusement avec le noir de la carrosserie. 
D’un rapide coup d’œil  l’inscription fixée au coin supérieur droit  coffre lui confirme ce qu’il sait déjà, il s’agit de la dernière BMW 325 ci
Un instant il se dit que ce serait génial d’avoir un voiture comme ça, enfin quand il aura dix huit et le permis. 
Parce qu’à l’instant la posséder ne lui servirait pas à grand chose, ans le droit de la conduire. 
S’il l’avait, il serait probablement forcé de la revendre… D’ailleurs, à bien y réfléchir ce serait certainement une bonne affaire. La dernière série 3 ça doit valoir un sacré paquet de thunes. 
Il regarde à nouveau de gauche et de droite, personne en vue. Nul ne passe jamais par ici à cette heure. 

Rentrer dans la voiture n’est pas le plus difficile, il suffit pour cela de forcer un peu sur le coin supérieur de la portière avant qui est toujours un peu malléable. Le reste nécessite juste un peu d’adresse. 
Enfin, il s’assied sur le cuir odorant du siège conducteur. et  referme la portière. Un frisson le parcourt lorsqu’il pose la main sur le volant. Cette émotion passée il est temps de s’occuper du plus difficile ; faire démarrer le véhicule.

Alex lui a montré un jour comment faire démarrer « aux fils » sur une vieille 405, celle là ne doit pas être beaucoup plus compliquée… 
Alors qu’il a la tête sous le volant il ne prête pas attention à ce bruit sec i caractéristique d’une fermeture centralisée qui se ferme.  

Quelque cinq minutes plus tard il se résigne enfin, l’anti-démarrage électronique est un rempart qu’il ne saura franchir. 
D’ailleurs il est temps de songer à partir, rester dans ce véhicule plus longtemps est un chose bien trop risquée. Le propriétaire pourrait revenir. 

Si seulement la porte voulait s’ouvrir…



Le lendemain matin, les marseillais hilares découvraient une brève dans la Provence du jour.

Un garçon de 17 ans a été interpellé par la police qu’il avait lui-même appelé dimanche après-midi, rue des Vertus (5e) à Marseille. Après avoir réussi à ouvrir la portière d’une BMW, le jeune homme l’a refermée derrière lui et s’est retrouvé pris au piège. Incapable de se libérer seul et  disposant d’un téléphone portable uniquement ouvert aux appels d’urgence, il s’est résolu à alerter la police qui l’a arrêté. 
 Parfois la liberté ça tient à rien.


brèves

Brèves en vrac du 13.01.2008

Aujourd’hui  j’ai failli vous parler longuement de Brice Hortefeux dont le Monde dresse aujourd’hui le bilan… 
Le ministre se félicite d’avoir procédé à 29 796 « éloignements » de personnes en situation irrégulière en 2008.
Le quotidien nous précise que :
Cette « progression spectaculaire » s’explique toutefois, pour l’essentiel, par le développement, depuis l’été 2007, de l’aide au retour dit humanitaire qui s’applique aux ressortissants communautaires et en l’occurrence quasi exclusivement aux Roumains et Bulgares.
Devenus ressortissants de l’Union européenne, Roumains et Bulgares, et en particulier les Roms, continuent néanmoins d’être reconduits dans leur pays, moyennant une aide financière bien plus modeste que l’aide au retour traditionnelle (300 euros par adulte contre 2 000 euros). Cela ne les empêche pas, observent tous les experts, de revenir en France quelque temps plus tard. [même source]
Si j’étais de mauvaise humeur je me fendrais d’une longue explication de texte sur le cynisme de notre conception à géométrie variable de l’Europe qui persiste à considérer que certains citoyens de l’Union peuvent légitimement avoir moins de droits que d’autres… 
Au lieu de cela je vais vous mettre quelques liens juste pour que vous puissiez mieux cerner la notion « d’aide au retour humanitaire » dès lors qu’elle est appliquée aux Roms, l’autre diaspora persécutée. 
Je vous mets donc en lien : 
Les Roms, qui forment une minorité véritablement paneuropéenne, sont présents dans presque tous les Etats membres du Conseil de l’Europe et comptent environ dix millions de personnes. L’histoire des Roms fait partie intégrante de l’histoire européenne, et leur culture de la culture européenne. Mais la perception générale est souvent très différente : même dans les pays où les Roms vivent depuis des siècles, ils sont souvent considérés par la majorité de la population comme des « autres », comme des étrangers dans leur pays natal.
Tout au long de l’histoire, ces représentations se sont traduites par des manifestations de discrimination et d’exclusion dans toute l’Europe. [la suite ici]
Aide au retour humanitaire je vous disais…

Dans le même temps, Francois Fillon le veut moins long et moins dur… 
Ne partez pas, c’est du permis de conduire qu’il s’agit : 

François Fillon a présenté, mardi 13 janvier, une réforme du permis de conduire visant à le rendre « moins long, moins cher et surtout plus sûr ». Cette réforme, plusieurs fois reportée, a été réclamée par Nicolas Sarkozy qui avait estimé en juillet 2008 que le permis de conduire était « trop compliqué, trop long et trop cher ». [source]

Je ne sais pas vous, mais en ce qui me concerne je suis perplèxe. 
Allons au delà de l’évidente contradiction entre cette proposition un exécutif qui a fait de la tolérance zéro en matière de sécurité l’un de de ses leitmotiv. 
Pour un grand nombre de Français le permis de conduire est une condition nécéssaire à l’emploi de sorte que cette mesure parait au moins salutaire en ce qui les concerne. 
Mais dans cette logique plutôt que de « simplifier » le permis de conduire il vaudrait probablement mieux s’interroger sur cette politique répressive qui a généralisé les sanctions portant sur le permis de conduire dans notre droit pénal. 

Car disons-le honnêtement ce qui justifie l’urgence de cette réforme c’est le nombre grandissant de personnes privés de leur permis de conduire en même temps que de leur emploi. 

Il s’agit avant tout de simplifier le permis pour relancer la machine économique.




Alors qu’il parlait du permis de conduire, Francois Fillon a aussi annoncé comme prévu l’entrée de la loi du talion dans notre code pénal : 
«Comme l’a demandé le président de la République, les personnes ayant incendié des véhicules seront condamnées à une peine leur interdisant de conduire ou de passer le permis de conduire s’ils n’en sont pas déjà titulaires» [source]
Voilà c’est dit, tu as brulé ma voiture tu n’auras plus le droit de conduire la tienne.
Il ne nous reste plus qu’à espérer que le prochain fait divers grave à faire la une des médias ne soit pas ne soit pas un viol… 
Billets, politique

Entretien avec Gerard Schivardi

Parfois parler politique sur un blog ça peut vous mener à faire des choses inattendues. Vraiment.

1- Un commentaire pas anodin
Ça a commencé avec ce commentaire laissé vendredi soir en bas d’un d’article consacré à la toute récente condamnation de Gérard Schivardi récemment démis de ses fonctions de conseiller général par le tribunal administratif de Montpellier.
 
L’auteur du commentaire avait signé Gérard Schivardi, autant vous dire qu’au premier abord j’ai cru à un mauvais plaisantin.
Pourtant l’adresse Internet (transparente et payante) le numéro de téléphone (authentique) et la localisation géographique (cohérente) de l’auteur du commentaire ont dissipé une partie de mes doutes.
Une partie seulement, car ces éléments n’avaient rien de probant.
Intrigué j’ai cependant pris l’initiative : 
  • d’adresser un Mail à l’adresse de l’auteur du commentaire 
  • de prendre attache avec la mairie de Mailhac le lendemain matin comme on m’y invitait
Une voix féminine a répondu à mon appel presque aussitôt. 
J’ai taché de me présenter clairement en une phrase. 
Elle m’a mis en attente un très bref instant avant de m’éconduire d’un « non, il s’agit d’une erreur de notre part » aussi énigmatique que définitif.
J’ai reposé le combiné déçu et je suis parti faire un tour, persuadé que l’aventure s’arrêterait là.
 
A mon retour un nouveau commentaire avait été déposé, quelques minutes seulement après mon appel à la mairie. 
Suite à une erreur pouvez vous m’appeler au 04 68 XX XX XX à partir de 12h30
Gérard SCHIVARDI
Si j’ai cru devoir le supprimer par la suite, c’est parce que le numéro indiqué s’est révélé être aussi exact… que privé.


2- l’affaire selon Gérard Schivardi
Il est environ 13h30 lorsque je décide d’appeler ce nouveau numéro.
C’est une voix féminine très douce qui décroche, je me présente à nouveau, elle me coupe pour me dire qu’elle va me passer son mari.
Gérard Schivardi commence par s’excuser, lorsque j’ai appelé à la mairie ce matin il n’a pas fait le rapprochement, ce qui ne me surprend pas.
Il me dit être tombé par hasard sur mon article et avoir été surpris de trouver quelqu’un qui cherche à comprendre ce qui lui arrive.
Il ne croit probablement pas si bien dire. J’ai fait très attention à ne pas dépasser des faits lors de la rédaction de mon billet, or ceux qui ont été relatés dans la presse sont assez minces de sorte que j’ai un nombre certain de questions sans réponse.

Gerard Schivardi me propose spontanément de m’éclairer.

Détail qui n’a pas été relaté dans la presse, il me dit que la veille de la date limite de dépôt des comptes de campagne une employée de la commission nationale des comptes de campagnes et des financements politiques a pris contact avec lui.
Elle s’étonnait de n’avoir reçu aucun dossier le concernant.
Gérard Schivardi n’avait initialement pas l’intention de déposer de demande de remboursement des ses frais de campagne puisqu’il n’en avait pas eu si ce n’est une facture d’imprimerie de 223 euros.
Devant l’insistance de son interlocutrice, il finit par se laisser convaincre.
Une fois déposé, son dossier avait été rejeté puisqu’il n’avait pas ouvert de compte bancaire à l’occasion de sa campagne. 
La commission conformément à la procédure avait ensuite saisi le juge. 
 
A ce stade de la conversation une question me taraudait :
Comment un homme précédemment élu maire, un homme politique ayant fait une campagne présidentielle avait il pu ignorer l’obligation qui lui était faire d’ouvrir un compte bancaire ?
Gérard Schivardi me dit que le jour du procès le président lui a posé la même question.
Puis il me confie sans ambages, qu’il a été négligent et qu’il aurait du lire la documentation qui lui avait été remise à l’occasion du dépôt de sa candidature. Lorsqu’il s’est présenté aux municipales il n’avait pas demandé le remboursement de ses frais. A l’inverse lors de la présidentielle il disposait d’un « staff » chargé de gérer ce genre de choses.


Je lui demande s’il avait engagé un mandataire financier comme la loi l’y obligeait. 
Il me répond que oui, il a bien engagé un mandataire financier, mais que celui-ci a omis d’ouvrir le compte bancaire de campagne puisque justement il n’y avait pas de frais.
Je pense immédiatement à la question de la responsabilité de ce professionnel… sans toutefois l’évoquer. 
Lui me précise avoir appris par la suite de l’un de ses avocats que s’il l’avait su aurait pu ouvrir le compte bancaire dont l’absence a motivé sa condamnation jusqu’au dernier jour… Il regrette qu’on ne lui ait  rien dit…

Sur la décision elle-même.
Le maire de Mailhac s’estime « floué ». 
Il a d’autant plus de mal à admettre la décision qu’à l’audience le commissaire du gouvernement [*] avait développé des conclusions on ne peut plus clémentes à son égard. 
Il suppose que le tribunal a voulu « se payer Schivardi » et trouve profondément injuste qu’on le sanctionne plus durement pour n’avoir pas respecté la procédure que ceux qui fraudent.

Sur la possibilité d’un recours.  
Il me confirme donc ce que la presse m’avait déjà appris ; il a d’ores et déjà exercé un recours devant le conseil d’État. Il me précise cependant qu’il n’a pas grand espoir mais qu’il tiendra bon ne serait-ce qu’au nom de ceux qui lui ont manifesté leur soutien.

Il me dit d’ailleurs avoir reçu près de 2000 courriers d’élus et s’être entretenu longuement avec François Bayrou.

Je m’étonne qu’en dépit de tous ces soutiens la presse n’ait pas donné plus d’écho à l’affaire.

Gérard Schivardi me dit avoir donné plusieurs interviews mais souffrir d’un véritable black-out de la part des journalistes.

Il prend soin de me préciser qu’il est « très loin de l’image que l’on donne de lui », qu’il ne se « considère pas comme d’extrême gauche », et qu’il n’est pas l’anti-européen pour lequel on veut le faire passer. Il se dit favorable à une « Europe Fédérale capable de mettre en place des projets ». 
Sur l’avenir  :
Il est 14h15, Monsieur Schivardi me précise devoir se rendre à une réunion afin de décider de l’après. 
Son successeur est déjà désigné. s’il est élu, il est d’ores est déjà prévu que celui-ci démissionne dans un an, sitôt passée la période d’inéligibilité… 
Si Gérard Schivardi semble très affecté par la décision il ne semble pas près à raccrocher les gants. 

Après que je l’aie remercié vivement de m’avoir accordé un peu de temps, je finis par raccrocher. 
 
3- Bilan 
Le terme « bilan » est probablement un peu fort. 
Quelques réflexions plutôt. 
Lorsque j’ai commencé à écrire ici sur la chose politique  je l’ai fait sincèrement mais sans prétention, comme on lance une bouteille à la mer.
Il faut croire qu’à l’occasion les messages parviennent au port.  
En toute franchise je suis assez flatté qu’un homme politique ait pu trouver assez de valeur à mon travail pour s’y interésser… 
Quant à l’entretien lui-même, je ne l’ai probablement pas assez préparé, ce qui m’a gêné dans ma prise de notes pendant.
Mais pour tout vous dire, je n’ai vraiment cru à la chose que lorsque j’ai eu Gérard Schivardi au téléphone… 

Quoi qu’il en soit cet entretien a confirmé mon opinion. La condamnation provient d’un cumul de négligence et d’un déficit de formation. Le droit électoral est une matière complexe dont Gérard Schivardi ne semble pas avoir saisi à temps l’importance. 
Sur l’homme enfin… 
Peu importe mes convictions politiques, je l’ai trouvé séducteur. Vraiment. Je savais que la séduction était une qualité nécessaire lorsque l’on embrasse ce type de carrière, mais je ne me doutais pas à quel point. L’homme a réussi a installer une proximité dans notre discours qui sur le moment je l’avoue m’a presque désarçonné… 


Mais pour une première fois j’ai obtenu réponse à l’ensemble de mes questions… je considère donc l’aventure comme un succès. 😉