Lorsqu’Elle est entrée dans le bar, j’égrainais les mots de cette voix douce et calme qui seule parvient à convaincre Lucie de m’écouter.
Et, je le sais bien, Elle ne se serait pas assise comme ça à coté de moi si je ne lui plaisait pas au moins un peu.
Je l’aime bien Lucie, avec tendresse et douceur.
Cela doit faire un peu plus de dix ans qu’elle se prostitue à deux rues d’ici.
Je ne lui ai jamais demandé par qui ces dents cassées et ces brûlures qui lui creusent le visage lui étaient arrivées de peur que soudain elle renonce à ce petit sourire qu’elle m’offre lorsqu’elle me voit passer.
Moi, en échange, je lui remplis à l’occasion ces formulaires auxquels elle refuse de comprendre quoi que ce soit.
J’étais en train de lui rédiger une aride déclaration de changement de situation à destination de la sécurité sociale lorsqu’Elle est montée sur le tabouret voisin dans un sourire.
Je devais avoir l’air d’un type bien à ce moment là.