Billets, grève, SNCF

A la poste hier, seul le papier collant était en grève…

Hier ; alors que la France entière bruissait et que les grévistes faisaient masse, je me suis levé avec l’idée qu’il serait tout sauf aisé d’aller travailler.
Je suis quand même passé par la gare, plus par habitude que par réelle conviction. Et là, heureuse surprise, le panneau n’indiquait que dix minutes de retard. Vous avez bien lu, ce retard m’était une heureuse surprise puisqu’il signifiait implicitement que j’allais avoir un train. C’est en fait avec une demi-heure de retard et une bonne humeur presque pas entamée que je suis arrivé au boulot.
Alors forcément vous pensez bien que lorsqu’on m’a demandé le service d’aller déposer un colis à la Poste voisine je ne me suis pas méfié. Sur la porte il y avait un panneau qui ressemblait plus ou moins à ça :

A cet instant, ça ne m’a pas tellement contrarié. Tout au plus me suis-je intérieurement préparé à revenir sur mes pas avec mon colis sous le bras, pas vraiment fâché en fait de m’épargner les inévitables minutes d’attente qui précèdent invariablement tout passage en guichet.
Machinalement j’ai quant même poussé la porte. Là, nouvelle surprise : pas de file d’attente face aux guichets. A la réflexion, cela semblait assez normal : le panneau devait avoir suffi à refroidir l’enthousiasme de pas mal de gens comme cela avait d’ailleurs failli m’arriver.
C’est avec mon plus beau sourire que je me suis donc pointé vers la postière. Pour un peu je n’aurais pas été surpris de voir à son bras l’un de ces brassards que portent parait-il les ouvriers Japonais quand le besoin leur prend de faire la grève.
Point de brassard au bras de la postière. Point de sourire non plus sur son visage.
J’ai quand même posé le colis face à elle et de ma voix la plus douce je lui ai demandé le « Chronopost » nécessaire à son emballage. A l’expression de son visage lorsqu’elle s’est levée j’aurai du me méfier. Elle s’est dirigée vers une lourde armoire de métal aux portes entrouvertes et en a sorti une enveloppe qu’elle a ensuite tendu dans ma direction avec un air désolé. Elle m’a dit : « Ça ne rentrera pas ». Moi, perfide j’ai répondu « c’est un problème de taille ».
Et c’est là qu’elle m’a asséné une phrase qui m’a désespéré : « Il va falloir que vous alliez acheter du scotch et que vous reveniez demain parce que je ferme dans deux minutes ».
Avec un reste d’espoir j’ai demandé :  » Pourriez vous me rendre le service de me prêter un peu de scotch ? «  (oui je fais fais des phrases comme ça moi)
Et là elle m’a répondu une chose très surprenante, si surprenante en fait que je n’ai pas su quoi répondre : « je ne peux pas, le scotch c’est pour les lettres, pas pour les colis ».
Je suis resté là un instant à la regarder, avant de comprendre qu’il ne servirait à rien de discuter.
Alors comme prévu je suis revenu sur mes pas avec mon colis sous le bras incapable de chasser cette réflexion de ma tête : « A la Poste aujourd’hui la Postière était là mais le Scotch était en grève ».
Ca doit etre ca qu’on appelle le service minimum.


SNCF

Il y a aussi des controleurs bizarres dans les trains

J’ai pour habitude de dire que les contrôleurs sont assez sympathiques, ce qui n’est pas totalement une évidence. Je prends le train environ trois cent jours par an et j’estime que ce simple fait me donne une certaine compétence pour parler du sujet. Fort de cette expérience, je ne compte plus les agréables surprises que j’ai eues au contact de ces hommes et femmes.

C’est probablement de là que vient le problème en fait. Dès lors que les contrôleurs agréables tendent à devenir la norme : les abrutis se donnent d’autant plus de mal afin de ne pas se fondre dans la masse.

Lorsque je suis monté dans le TER 76409 ce matin, je ne croyais vraiment pas risquer une prune. J’avais pris mon billet, ma carte de réduction et mon plus beau sourire. Il me semblait que cela pouvait suffire ; la plupart des gens prennent le train avec moins que ça.

La demoiselle qui m’a poinçonné mon billet justement était précisément de ceux -là. Il faut dire qu’en tant que contrôleur, avoir un billet de train relève du pléonasme. Mon billet justement, c’est ce qui lui posait problème.

A ce stade du récit, il est nécessaire que je précise le fait que ce matin j’ai pris mon billet dans un distributeur automatique qui ressemblait plus ou moins à ça :

(S’il s’agit d’une reconstitution, c’est parce que je ne suis pas pervers au point de photographier un distributeur automatique)

Là vous, vous demandez où je veux en venir. Vous vous demander en quoi la provenance de mon billet pouvait bien avoir une importance lors du contrôle de ce matin.

Et bien en fait, moi aussi c’est à peu de chose près ce que je me suis demandé. Pour contrôleuse cependant, la chose semblait revêtir une importance capitale. Car voila, n’ayant pas la moindre idée de la tarification le jour –d’affluence- à l’occasion duquel je circulais j’avais opté pour le tarif maximal lorsque la machine ‘avait interrogé à ce sujet.

Or, ainsi que mon insistante contrôleuse me le fit remarquer la tarification applicable au moment où je circulais était celle de la tranche inférieure. En somme, j’avais payé mon billet vingt cinq pour cent trop cher et c’est précisément ce qui me rendait suspect.

J’ai mis près de dix longues et éprouvantes minutes à me tirer d’affaire, confronté que j’étais à une contrôleuse aigrie et suspicieuse, intimement et définitivement convaincue que j’effectuais mon second voyage de la journée muni du même billet.

Durant dix longues et humiliantes minutes je me suis débattu dans des explications confuses devant ma contrôleuse incrédule et des voyageurs au regard de plus en plus lourd.
Ne le répétez pas à vos enfants ; il n’y a rien de plus difficile à rendre crédible que la vérité.
Je n’ai pourtant pas eu d’amende aujourd’hui.
Demain cependant, je crois que je ne prendrai pas de billet, ce sera moins compliqué.
Billets, SNCF

Enfin de bonne humeur ! (Billet du 17.04.2008)

Ça n’avait pas franchement bien commencé.
Rien de grave, non. Quelques tristes banalités, une succession d’emmerdements mineurs.
Plus précisément, c’est par une sensation plutôt molle que la journée avait débuté. Je ne veux pas parler de cette douce mollesse commune aux muscles encore engourdis par le sommeil. Non. Cette sensation, c’était mon pied qui, moins de dix pas seulement après avoir entamé sa journée, s’est enfoncé dans une déjection encore gluante de Bobby : la boule de poils que j’aime appeler mon chat.
C’est le même Bobby qui visiblement fort aise que je n’aie pas pris la peine de lui faire la moindre remontrance a causé ma coupure à la lèvre.
Ceux qui parmi vous se demandent comment mon chat a bien pu me couper la lèvre n’ont probablement jamais reçu un coup de griffe sur le gros orteil alors qu’il se rasaient. Ou alors ils n’ont pas de chat, ce qui doit plus ou moins revenir au même…

C’est donc la lèvre encore sanglante que j’ai couru vers la gare ce matin. J’ai mis un instant je l’avoue à comprendre la signification du si beau sourire de cette jolie brune dont les yeux pétillaient lorsque les miens leur ont naïvement répondu.

Et puis -j’avais faim- profitant des huit minutes dont je disposais avant le départ de mon train, j’ai voulu retirer un peu d’argent au distributeur voisin.
Pas de chance ; lui aussi avait faim…

C’est environ cinq minutes plus tard que j’ai réellement compris mon erreur, lorsque j’ai pénétré dans le train, sans croissant ni billet…
Selon la « Loi de Murphy« , plus couramment appelée théorie de l’emmerdement maximum, à ce stade ma journée n’avait que bien peu de chances de s’arranger.

C’est donc pas vraiment surpris que j’ai accueilli le contrôleur lorsqu’il est arrivé à hauteur de mon siège. Dans une suite de bafouillements pas tellement intelligibles, j’ai commencé à lui raconter la même histoire qu’à vous.
Et, croyez moi ou pas, à cet instant ; la Loi de Murphy a été mise en échec.
Le contrôleur m’a souri et s’est assis à coté de moi.


Aujourd’hui, j’ai appris au moins deux choses :
la première c’est qu’il ne faut pas se fier au statistiques.
la seconde c’est que croiser un type humain ça peut vous sauver une journée.