Je serais malhonnête si je ne commençais pas par vous dire que j’ai une véritable, passion pour l’œuvre de Paul Auster. Vous qui lisez ces lignes sachez donc qu’elles ont été écrites par un fan pris dans une phase de délire subjectif assumé.
Le dernier livre de Paul Auster vient donc de paraitre chez Actes Sud, et comme à chaque fois c’est un événement.
Si vous connaissez déjà l’auteur de Léviathan, la trilogie New Yorkaise ou Brooklyn Folies, sachez simplement que vous serez en terrain familier et que celui-ci est un bon crù.
Pour les autres, sachez qu’un roman de Paul Auster fonctionne un peu comme un labyrinthe dans lequel la trame centrale n’est pas totalement fixe, une structure apparemment simple mais toujours infiniment travaillé de mises en perspective qui retranscrivent d’une manière étonnamment exacte ce processus subtil qui fait naitre une histoire dans l’esprit de son auteur.
La trame
Seul dans le noir c’est l’histoire d’Auguste Brill, critique littéraire à la retraite que la jambe abimée lors d’un accident de voiture contraint à rester à la maison.
Il vit chez Myriam sa fille en compagnie de Katya sa petite fille. Tous trois ont leur blessures dont il peinent à guérir. Auguste ne se remet pas de la mort de son épouse Sonia, Myriam rumine son divorce tandis que Katya culpabilise depuis que Titus, son ancien petit ami est décédé en Irak.
Pour passer le temps Auguste s’enivre de classiques du cinéma le jour et invente des histoires la nuit seul dans le noir.
En ce moment il invente l’histoire de Brick, un homme transporté comme par magie dans un monde parallèle où le 11.09 et la guerre en Irak n’ont pas eu lieu. Cette Amérique de fiction est plongée dans une guerre civile sanglante qui oppose les états fédéraux restes fidèles au gouvernement de G. W. BUSH à ceux qui ont fait sécession à la suite de son élection controversée.
Perdu dans cette autre Amérique Brick se voit investi d’une lourde mission.
Extrait :
Telle fut ma guerre. Pas une guerre véritable, certes, mais, une fois qu’on a été témoin d’une violence de cette envergure, il n’est pas difficile d’imaginer pire, et, du moment que le cerveau est capable de faire cela, on comprend que les possibilités les plus affreuses de l’imagination sont le pays dans lequel on vit. Il suffit d’y penser et il y a des chances que cela arrive.
Que vous soyez familier de l’auteur ou pas je ne saurais trop vous conseiller de lire Seul dans le noir. C’est une décharge de bonheur qui vous prend aux tripes et dont les 182 pages se lisent d’une traite.
Un authentique coup de cœur.