Billets, et hop

Parfois une grève ca me fait plaisir

J’ai depuis longtemps l’intime conviction que le conflit social est une discipline relativement sclérosée en France.
Peu importe le bien fondé des prétentions des parties ce qui m’interresse c’est la manière dont ce déroule le conflit. Je l’ai déja écrit ici il me semble que dans une stricte recherche d’efficacité les protestaires de tous autres doivent trouver des manières d’agir innovantes s’ils souhaitent que leur mouvement ne soit pas inutile.

D’autant que dans le camp opposé les choses bougent à grande vitesse.
Il y a d’abord les très médiatisées création de services minimum par l’Etat dont l’effet reste toutefois contrasté selon les secteurs.
Il y a aussi la réactivité des chefs d’entreprise qu’il ne faut pas négliger.

Prenons le mouvement de grève des NMPP qui agite en ce moment la presse Francaise…

Si vous n’avez pas suivi l’affaire, en voici un bref résumé trouvé sur Le Monde
Le mouvement de grève avait été lancé mercredi matin par le Syndicat général du livre et de la communication écrite (SGLCE-CGT) des NMPP pour protester contre un plan de restructuration de la direction, baptisé « Défi 2010 » et qui prévoit notamment la fermeture ou la relocalisation de centres de traitement de la presse, ainsi qu’un plan de départ de 350 personnes sur les 3 000 salariés que compte le groupe. Le syndicat demande l’ouverture de « vraies négociations ». Au cours des derniers mois, les ouvriers du Livre des NMPP ont multiplié les mouvements pour réclamer des solutions alternatives et notamment le maintien d’un grand centre de traitement des magazines.
Face à ce mouvement, dont la pertinence n’est pas le sujet de ce billet, les patrons de presse qui s’estiment « pris en otage » par les grévistes s’organisent. 
C’est ainsi que depuis deux jours les principaux journaux sont disponibles gratuitement sur le net.


La pratique est intéressante à plusieurs titre pour les journaux. 
Elle leur permet tout d’abord, par le biais de la gratuité de toucher un public qui ne les lit pas d’habitude. 
(Pour ma part c’est dans ces conditions que j’ai lu aujourd’hui « les Echos », un journal qui ne figure pas dans mes lectures habituelles…)
Elle leur permet aussi de livrer certains de leurs abonnés  par voie électronique
Elle leur permet surtout de limiter les pertes financières puisque les publicités insérées dans ces journaux sont payées « à la page vue » (elles aussi). 


Voila donc une belle stratégie de contournement qui aboutit pour les groupes de presse à limiter l’impact de la grève sur leurs finances et qui (disons-le) pour le coup me fait assez plaisir.

Ce n’est pas tous les jours en effet que j’ai la possibilité de lire gratuitement et sans bouger de mon siège : 
La Croix (PDF) Le Figaro (PDF) Libération (PDF) Les Echos (PDF) La Tribune (Html) L’Equipe (PDF)
Vous savez quoi ? A l’instant j’ai une furieuse envie d’embrasser l’un des grévistes du syndicat général du livre et de la communication écrite (SGLCE-CGT) des NMPP. 
Merci.
et hop, justice

Glossaire juridique

Dans le cadre de la convention nationale des avocats se tenait Jeudi 16 Octobre une revue  à l’occasion de laquelle de nombreux avocats ont pu démontrer leur talent.
Après m’être fait conter ce matin les détails de la convention, j’ai pu chiper un exemplaire du programme. (Rédigé par Nicolas Drancourt)
J’ai beaucoup rit à sa lecture et je ne résiste pas au plaisir de vous livrer des extraits du « glossaire » qui y figure.
  •  A. J. (aide juridictionnelle) : indemnité notoirement insuffisante pour compenser le temps passé à en réclamer la réforme.
  • Bâtonnier : Chef de l’Ordre, chargé de faire beaucoup de choses que l’on espère utiles à son barreau, personnage aimant le pouvoir notamment disciplinaire qu’il exerce avec discernement avec les amis.
  • Blanchiment : Opération Patrimoniale consistant à transformer de l’argent noir en fantasmes pour juge d’instruction. 
  • Carte judiciare : Réforme ratée consistant tous les cnquantes ans, à éloigner les justiciables des avocats pour les rapporcher de la justice. 
  • Conseil des Prud’hommes : tribunal amateur évoluant malheuresement en première division. 
  • Dati (Rachida) : Ministre de la justice renouvelant le mythe de l’immaculée conception. Persuadée de garder des sots elle œuvre pour le leur bien en leur mettant des réformes dans les dents sans leur demander leur avis.
  • Déclaration de soupçon : Consiste pour un avocat à trahir son serment pour dénoncer un client qui ne lui doit pas d’honoraires. 
  •  Liquidateur : Personnage peu reluisant mais dont le casier est vierge (du moins au départ) et auquel la République confie curieursement le pour voir de s’en mettre plein les poches.
  • Liquidation judiciaire : Procédure de distribution bien ordonnée commençant par soi-même.
  • OUTREAU : Erreur judiciaire classique commise par de nombreux avocats qui pensent qu’un juge d’instruction instruit aussi à décharge et sans préjugés.
  • Rétention de sureté : équivalent d’une lettre de cachet dans une conception Bling-bling de l’État de droit.
Outre que cela m’a fait bien rire, je trouve que ca en dit long sur l’état d’esprit actuel  de la profession…
et hop

Assignation devant le tribunal d’instance

L’an deux mille huit

Le 20 octobre

A la requête de :

Monsieur Feufol, blogueur, de nationalité francaise, né le 6.08.1982 à Paris IX (75) demeurant feufol.blogspot.com (World Wide Web)

J’ai huissier soussigné

Délivré assignation à :

Monsieur Bobby WOLFS, chat, castré, né au cours de l’année 2006 probablement à Saint Géniès de Comolas (30).

A comparaître le 30 octobre à 14h00 :
Devant le tribunal d’instance d’Avignon siégeant en ladite ville 106 avenue de Tarascon.

TRES IMPORTANT

Les parties se défendent elles-mêmes, mais peuvent se faire assister ou représenter
Elles peuvent se faire assister ou représenter par : un avocat, leur conjoint, la personne avec laquelle un PACS a pu être conclu, leurs parents ou alliés en ligne directe, leurs parents ou alliés en ligne collatérale jusqu’au troisième degré inclus, les personnes exclusivement attachées à leur service personnel ou à leur entreprise.
Le représentant, s’il n’est avocat, doit justifier d’un pouvoir spécial. »
L’informant que faute par lui de se présenter ou de se faire légalement représenter par un avocat ou un mandataire dûment autorisé et muni d’un pouvoir régulier, il sera néanmoins statué sur la demande et un jugement pourra être rendu à son encontre sur les seuls éléments fournis par le requérant.
PLAISE AU TRIBUNAL
Attendu que Monsieur Bobby Wolfs réside habituellement au domicile de Feufol depuis de longues années sans toutefois régler le moindre loyer.
Attendu qu’il consomme en outre des quantités significatives de croquettes dont l’achat est intégralement à la charge du requérant.
Attendu en outre qu’il a pris l’habitude de réveiller ce dernier à des heures on ne peut plus tardives en lui mordillant les orteils.
Attendu que de ce fait la vie du requérant est devenue particulièrement pénible.
Attendu que non content de perdurer dans ce comportement celui-ci a récemment brisé un pot dans lequel s’épanouissait un fraisier amoureusement planté et entretenu par le requérant.
Attendu que par la suite Bobby Wolfs s’est livré à un véritable saccage grattant frénétiquement la terre avant de la parsemer d’excréments.
Attendu que cette attitude est d’autant plus fautive que le requérant avait précédemment pris soin de procéder au changement de sa litière.
Attendu que dans ces conditions le requérant est fondé à solliciter du tribunal de céans que Monsieur Bobby Wolfs soit condamné à lui régler une somme de 40 euros au titre du préjudice matériel sur le fondement de l’article 1382 du code civil.
Attendu que la perte d’une plante qui était l’objet de tous ses soins occasionne à Monsieur Feufol un préjudice moral aisément compréhensible celui-ci est également fondé à solliciter que lui soit allouée une somme de 2.000 euros à ce titre.
Attendu que la présente procédure contraint le requérant à exposer des frais irrépétibles qui ne sauraient en équité rester à sa charge celui-ci sollicite enfin la condamnation de Bobby Wolfs à lui régler une somme de 600 euros sur le fondement de l’article 700 du code de procédure civile outre les entiers dépens de l’instance.

PAR CES MOTIFS :
Vu l’article 1382 du code civil,
Venir le requis,

  • S’entendre condamner à verser à Monsieur Feufol en quittances ou croquettes une somme de 40 euros au titre du préjudice matériel
  • S’entendre condamner à lui payer une somme de 2.000 euros au titre du préjudice moral
  • S’entendre condamner à lui régler en outre une application de l’article 700 du CPC à hauteur de 600 euros
  • S’entendre condamner aux entiers dépens
SOUS TOUTES RÉSERVES
DONT ACTE

Alors, à votre avis je la fais délivrer ou pas ?