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Billet du 19.03.2008 : La Fed a le moral dans les chaussettes, moi aussi.

Ce qui est bien en France c’est que rien ne peut nous atteindre, ça doit être notre président qui fait peur à tout le monde.

Le phénomène n’est pas nouveau d’ailleurs.

Même le nuage radioactif issu de l’explosion de Tchernobyl qui avait pourtant survolé toute l’Europe avait préféré faire un « crochet » pour éviter de passer au dessus de chez nous au risque de faire des dégats.
Quand on y pense, ce que ça peut être respectueux parfois un nuage…

La crise bancaire américaine devenue mondiale depuis, c’est tout pareil. Tout? Exactement.
Les faits, on les connait. Bref rappel cependant, à l’intention des retardataires et des étourdis.
Hier, la Réserve fédérale américaine
(i.e. la banque centrale américaine) a une nouvelle fois été contrainte de baisser de trois quarts de point son taux directeur
Depuis cet été et le début de la crise liée aux crédits hypothécaires à risques (les fameux « subprimes »), ce taux a donc baissé de trois points pour se situer désormais à 2,25%.

La « FED » a dans la foulée également abaissé de trois quarts de point son taux d’escompte, (celui qu’utilisent par les banques en cas d’urgence). Celui-là se situe donc désormais à 2.5%.

Interrogé hier à ce sujet, le directeur général du FMI Dominique Strauss Khan déclarait que cet événement aurait nécessairement des répercussions sur la croissance.
Plus timorée, la « FED » se contentait d’évoquer « des risques pour la croissance ».
La menace, pourtant est bien visible, c’est celle de l’inflation, d’une inflation rarement vue même.
Le gouvernement français cependant se garde bien de faire une quelconque annonce à ce sujet. L’objectif de croissance sur lequel est fondé le budget de cette année ne peut plus être atteint en l’état de la crise mondiale? Qu’importe!

Ne vous inquiétez pas l’économie Française est solide, elle résistera claironne depuis plusieurs semaines Christine Lagarde, le ministre de l’économie qui pourtant sait bien que tous les signaux sont dans le rouge.
Qu’on soit de droite ou de gauche, qu’on aime ou pas ce gouvernement, il y a objectivement de quoi être agacé, voire inquiet. Il semble d’ailleurs que ce soit le cas de 63% des français.

L’économie n’est cependant pas la seule raison d’avoir le moral dans les chaussettes.
Prenez ce pauvre Georges Garcia par exemple. Ce président d’un bureau de vote est récemment devenu célèbre après avoir été surpris avec plusieurs enveloppes de vote et des bulletins des candidats dans ses poches et ses chaussettes.
Cet incompris vient de se faire mettre en examen pour « fraude électorale » alors qu’il avait seulement l’intention de « refaire l’appoint après avoir constaté une erreur de comptage dans le nombre des bulletins déposés dans l’urne« .

Il faut croire que le monde est mal fait ; la seule personne qui ait envie de faire les comptes en ce moment on veut nous la mettre en prison.

MAJ le 20.03 : vu ce matin chez yahoo actualités :

(AFP) – La France va réviser en « légère baisse » ses prévisions de croissance pour 2008, compte tenu de la crise financière mondiale, a annoncé jeudi la ministre de l’Economie Christine Lagarde, tout en estimant que la France « tient mieux » que ses voisins européens.

… ça ne s’arrange pas!

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Billet du 18.03.2008 : fin de la détention provisoire pour Jérome KERVIEL


C’est ce matin que la chambre de l’instruction près la cour d’appel de Paris a fait droit au recours de Jerome Kerviel et ordonné sa remise en liberté au terme de cinq semaines de détention provisoire, et ce en dépit des réquisitions du ministère public. Le célèbre trader est cependant toujours sous le coup d’une mise en examen pour « abus de confiance, faux et usage de faux et introduction dans un système de traitement automatisé de données » de sorte qu’il a été placé sous contrôle judiciaire.

Afin de satisfaire à ce contrôle, Jérome Kerviel devra remettre sa carte d’identité et son passeport.Il a l’interdiction de quitter l’Ile-de-France sans autorisation écrite et préalable des juges d’instruction et devra justifier chaque mois de sa résidence.

Sans surprise, il lui est également fait interdiction « de se rendre dans des salles de marchés, ou une place boursière, de se livrer à toute activité en liaison avec ces lieux, doit se présenter une fois par semaine au commissariat et a interdiction de rencontrer témoins et protagonistes de l’affaire ».

L’avocat du trader a déclaré ce matin « Nous l’attendions, nous l’espérions, les conditions d’un maintien en détention n’étaient pas réunies, la cour a compris et nous a entendus ».
La décision de remise en liberté n’est certes pas particulièrement surprenante.
Lors de sa mise en examen le 28 janvier, les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset l’avaient en effet initialement laissé en liberté. Statuant sur l’appel inscrit par le parquet général, la chambre de l’instruction avait ensuite réformé cette décision.
C’est finalement cette même chambre de l’instruction qui vient finalement de prononcer la remise en liberté du plus célèbre trader du globe.

N.B. : Pour mieux comprendre cette décision, voir l’article concernant la détention provisoire.

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Billet du 17.03.2008 : Un scrutin sans surprise

« Depuis quelques années en France, l’exécutif à droite et des collectivités territoriales majoritairement à gauche » ; c’est un peu la leçon que l’on pourrait tirer du scrutin de dimanche.

Plus largement, la gauche sa fait maintenant un moment que la gauche peine à gagner un scrutin national. Sa dernière victoire a désormais dix ans révolus : il s’agit des législatives de 1997, (on se souvient de la débâcle à droite qui avait suivi la dissolution de l’assemblée nationale par le président Chirac. Elle a cependant perdu trois élections présidentielles consécutives depuis 20 ans.

Au niveau local, la situation est exactement inverse. Ainsi, avant les élections municipales et cantonales de 2008, la gauche détenait déjà 20 régions sur 22 et depuis 2004 51 départements sur 101.
A présent, au terme d’élections cantonales favorables, elle est assurée de s’emparer d’au moins sept conseils généraux supplémentaires, et conforte très largement sa majorité à l’assemblée des départements de France.

Le constat est plus ou moins symétrique dans les grandes villes.
La gauche vient ainsi de ravir à la majorité nationale deux villes de plus de 200.000 habitants (Toulouse et Strasbourg) et conserve sans difficulté les six qu’elle détenait déjà.
Seule ombre au tableau, l’échec de Jean Noël Guérini à Marseille, lequel se plaint cependant d’irrégularités qu’il promet de porter devant les juridictions compétentes. l’expérience a cependant montré les tribunaux peut enclins à modifier les résultat des urnes, parfois même en présence d’irrégularités démontrées.

Au sortir de ces élections, se pose bien sûr la question de l’interprétation du vote, particulièrement au regard de l’abstention plus que significative qui a marqué le scrutin.
IL serait dangereux d’ignorer cette abstention, qui à elle seule constitue un message fort à l’égard des dirigeants politiques de ce pays.
Il serait tout aussi inconséquent de considérer cette élection au seul niveau local ; dès lors que tout un pays est appelé à voter le même jour il exprime par définition un sentiment national.

Ce matin, la droite a perdu, incontestablement. Elle se propose cependant unanimement d’accélérer le rythme des réformes ». c’est à la fois choquant le légitime.
Il est effectivement choquant de prétendre ignorer la réaction de mépris et de colère qui s’est incontestablement fait entendre il y a seulement quelques heures.
Il est cependant légitime de vouloir appliquer de bout en bout un programme sur lequel on a été élu à un mandat de cinq ans.
C’est tout le paradoxe du quinquennat sous la cinquième république qui a sans vraiment le dire supprimé les élections nationales intermédiaires.

Puisque la nature (humaine) a horreur du vide, il semble que les élections locales soient condamnées à désormais jouer ce rôle… pour un moment encore.