« Depuis quelques années en France, l’exécutif à droite et des collectivités territoriales majoritairement à gauche » ; c’est un peu la leçon que l’on pourrait tirer du scrutin de dimanche.
Au niveau local, la situation est exactement inverse. Ainsi, avant les élections municipales et cantonales de 2008, la gauche détenait déjà 20 régions sur 22 et depuis 2004 51 départements sur 101.
A présent, au terme d’élections cantonales favorables, elle est assurée de s’emparer d’au moins sept conseils généraux supplémentaires, et conforte très largement sa majorité à l’assemblée des départements de France.
Le constat est plus ou moins symétrique dans les grandes villes.
La gauche vient ainsi de ravir à la majorité nationale deux villes de plus de 200.000 habitants (Toulouse et Strasbourg) et conserve sans difficulté les six qu’elle détenait déjà.
Seule ombre au tableau, l’échec de Jean Noël Guérini à Marseille, lequel se plaint cependant d’irrégularités qu’il promet de porter devant les juridictions compétentes. l’expérience a cependant montré les tribunaux peut enclins à modifier les résultat des urnes, parfois même en présence d’irrégularités démontrées.
Au sortir de ces élections, se pose bien sûr la question de l’interprétation du vote, particulièrement au regard de l’abstention plus que significative qui a marqué le scrutin.
IL serait dangereux d’ignorer cette abstention, qui à elle seule constitue un message fort à l’égard des dirigeants politiques de ce pays.
Il serait tout aussi inconséquent de considérer cette élection au seul niveau local ; dès lors que tout un pays est appelé à voter le même jour il exprime par définition un sentiment national.
Ce matin, la droite a perdu, incontestablement. Elle se propose cependant unanimement d’accélérer le rythme des réformes ». c’est à la fois choquant le légitime.
Il est effectivement choquant de prétendre ignorer la réaction de mépris et de colère qui s’est incontestablement fait entendre il y a seulement quelques heures.
Il est cependant légitime de vouloir appliquer de bout en bout un programme sur lequel on a été élu à un mandat de cinq ans.
C’est tout le paradoxe du quinquennat sous la cinquième république qui a sans vraiment le dire supprimé les élections nationales intermédiaires.
Puisque la nature (humaine) a horreur du vide, il semble que les élections locales soient condamnées à désormais jouer ce rôle… pour un moment encore.