Bienvenue au Haram cinéma !
C’est sur ces mots que l’on rentre dans la salle où se joue la Main de Leila.
Il y a un drap suspendu à un portant. Et Samir (Kamel Isker) arrive qui ouvre la séance. Kamel Isker a un jeu espiègle et sensible et lorsqu’il renvoie la lumière, on sait dès les premières secondes que l’on va être capté par la pièce. Puis Leila arrive (Aida Asgharzadeh), et il est évident qu’il se passe quelque chose entre eux. Entre Samir et Leila l’amour ne demande qu’à surgir. Et il le fera. Entre Aida Asgarzadeh et Kamel Isker, il se passe aussi quelque chose. Il y a une énergie joyeuse dans cette pièce.
La Main de Leila est une histoire d’amour, dans laquelle on rit beaucoup.
Azize Kebouche est tour à tour redoutable lorsqu’il incarne le père de Leila et carrément poilant lorsqu’il saute d’un role à l’autre tandis qu’apparaissent les personnages de Sidi Fares, un petit village de la région d’Alger.
La Main de Leila est un portrait d’une époque, Octobre 1988, et de la jeunesse algérienne à ce moment très particulier.
Samir passe de la rébellion à la recherche du bonheur dans les bras de Leila tandis que l’un de ses amis, lui rêve d’une vie meilleure, en France. La pièce parle avec empathie et une bienveillante drôlerie des aspirations politiques des jeunes algériens à l’aube des émeutes contre le FLN.
La Main de Leila se joue cette année au théâtre des Beliers à 15h30 jusqu’à l’issue du festival d’Avignon sur une mise en scène de Régis Vallée. Et si ce nom vous parle, c’est parce que Régis Vallée est également un comédien (le Porteur d’Histoires) dont le jeu déborde d’émotion et de générosité.
Ces qualités se retrouvent dans sa mise en scène qui, si elle emprunte quelques éléments beaucoup vus ces dernières années, (que de draps et de portants au théâtre !) sert parfaitement l’émotion. Même si parfois on se dit que le spectacle mériterait une salle plus grande pour exprimer son potentiel.
Profitez néanmoins de voir la pièce dans ces conditions ; elle se joue dans la petite salle des Béliers, où chaque sourire et chaque regard des comédiens semble vous toucher un peu plus fort qu’ailleurs.
Je savais déjà le talent d’Aida Asgharzadeh qui co-écrit la pièce pour avoir déjà été épaté par deux de ses créations le Peuple de la Nuit et Les Vibrants (cette dernière se joue au théatre de l’Alizé cette année et c’est une vraie claque).
La Main de Leila me convainc un peu plus de continuer à la suivre assidûment.
Son co-auteur, Kamel Isker vient d’ajouter son nom à la liste de personnes à surveiller à l’avenir avec ce spectacle drôle et intelligent.