Il faut que je vous parle d’une pétition.
Ne fuyez pas. C’est assez important pour mériter ne serait-ce que les deux prochaines minutes de votre journée.
Il faut que je vous parle de Christophe.
Christophe Kalivogui est né le 10 décembre 1998 en Guinée Konakri.
Après la mort de ses parents, frappés à mort par le virus Ebola en novembre 2014 il se retrouve seul au monde et victime de discriminations.
Pour survivre, il rejoint la France en janvier 2015.
Initialement accueilli à Avignon, il est pris en charge pas les services de l’aide sociale à l’enfance et scolarisé en classe de 3° au collège Jean-Henri Fabre à Carpentras depuis le mois de Mai 2015.
Seulement, le Procureur de la République, s’interroge sur les conditions d’entrée de Christophe sur le territoire Français et soupçonne l’existence d’un réseau de passeurs.
Par ailleurs il souhaite s’assurer de l’age de Christophe et décide de lui faire subir un test osseux.
Cette méthode, régulièrement critiquée, est peu fiable de l’avis mème de l’académie de médecine qui a d’ailleurs officiellement indiqué au ministère de la justice des risques « d’erreur dans les deux sexes au-delà de quinze ans, en particulier chez le garçon ».
Peu importe, les autorités persistent à vouloir utiliser cette méthode faute de mieux sur les milliers de mineurs isolés qui demeurent sur le territoire français.
Pire, dans de nombreux cas, ces tests sont purement et simplement annulés par les tribunaux car pratiqués sans que ceux qui les subissent soient effectivement informés que ce qui a l’apparence d’un simple examen médical peut, le cas échéant, servir de base à des poursuites les concernant.
Dans le cas de Christophe, les résultats du test osseux semblent indiquer qu’il serait âgé de 19 ans.
A la suite de ce test, le Procureur envisage sur le plan judiciaire de poursuivre à Christophe pour usage de faux documents, dès lors que le test laisse supposer qu’il serait plus âgé que ce qui est indiqué sur son passeport.
Sur le plan administratif, la conséquence est immédiate : le vendredi 5 mars 2016 Christophe fait l’objet d’une mesure administrative d’éloignement, de sorte qu’il est conduit au centre de rétention administrative de Sète.
Christophe est bon élève, parfaitement intégré et très apprécié de ses camarades et de ses professeurs qui se mobilisent immédiatement en sa faveur.
Dès le lundi 7 Mars Christophe est libéré et peut réintégrer sa classe.
Mais la situation est loin d’être résolue car Christophe est encore sur le coup d’une OQTF, une décision administrative d’éloignement du territoire.
Le réseau éducation sans frontières a mis en ligne une pétition pour tenter de convaincre le préfet que sa présence en France ne pose pas de problème d’ordre public et qu’au contraire il mérite de rester.
Ça se signe en moins de temps qu’il ne faut pour lire ma prose.
Et pour le coup ça peut vraiment aider.