reverie

L’aiguillage

Elle le nargue cette guitare désaccordée dont l’étui s’est couvert de poussière, comme pour donner la mesure de son abandon. Il a le sentiment d’avoir perdu la force plus que l’envie. Et puis les mots aussi, depuis qu’ils peinent à se ranger en harmonie sous sa plume.
Il se voit comme un train lancé à plaine vitesse, trop conscient de l’aiguillage qui ne cesse d’approcher.
Et le vent tape d’un cote comme de l’autre. 

Il tremble. Il a froid, un peu. 

 
Puis il se dit que c’est parfaitement bête un train. 
Quel idiot accepterait de se mettre sur de rails, pour ne plus pouvoir qu’avancer ou reculer et ne s’arrêter que dans les gares autorisées ? 
Il n’a pas envie de cela. Plus envie. De cela au moins il est certain. 
 
C’est peut être l’heure des petits sentiers, ceux qui ne mènent pas forcément loin, pas aussi vite que le train. 
Mais rien qu’à l’idée de marcher parmi les ronces et le thym il se sent déjà comme un peu plus vivant. 
Bientôt viendra la prochaine gare et l’occasion de descendre peut être, discrètement, l’air de rien. 

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