Ciné, la classe, politique

Un aller simple pour maore [coup de coeur]

Les mouvements sociaux qui agitent la Guadeloupe ont récemment attiré mon attention sur le passé colonial de l’ile. Un passé dont je connaissais l’existence sans en avoir jamais vraiment pris conscience.
Du point de vue de l’enfant que j’étais, la Guadeloupe a toujours été une évidence, apprise en cours de géographie en même temps que la Corse et la Bretagne.

Imperceptiblement pourtant je n’avais pas le même sentiment au sujet de Mayotte, que j’aurais été bien incapable de situer sur une carte.
Jusqu’à hier soir et le film « un aller simple pour Maore » le nom de Mayote m’évoquait principalement les derniers articles de la plupart des décrets, cux qui précisent que le texte s’y appliquerait ou pas.
Or de ce point de vue, le documentaire d’Agnès Fouilleux est déjà une réussite, hier soir j’ai fait moi aussi « Un aller simple pour Maore ».

La réalisatrice était dans la salle, elle a longuement expliqué les difficultés qu’elle a rencontré pour faire le film, sans le moindre financement, son sujet n’ayant pas été jugé suffisamment consensuel par les chaine de télévision

Documentaire sans concession, « Un aller simple pour Maore » analyse la situation de l’ile de Mayotte « Maore » instrumentalisée pour servir les interets français.
On y apprend comment le référendum de 1974 à l’occasion duquel les habitants des Comores ont été appelés à choisir ou non l’indépendance à été manipulé par le gouvernement Français à coup de magouilles et de pressions physiques sur la population.
On y apprend également dans quel contexte la France a pu conserver ce territoire sous sa souveraineté, malgré de nombreux rappels à l’ordre de l’ONU, à des fins stratégiques.
Chronique de ravages de la Francafrique, le documentaire s’intéresse avant tout au rapports entre les trois iles des Comores désormais indépendantes avec l’ile de Maoré.

Agnès Fouilleux met en valeur l’absurdité du processus politique mis en place qui a séparé frères et sœurs, cousins et cousines par une frontière née du jour au lendemain.
On y suit notamment le parcours des Kwassat Kwassat (ça secoue, ça secoue) prêts à traverser la mer en canot pour atteindre l’ile de Maore et des conditions de vies meilleures.


« Un aller simple pour Maoré » n’est pas exempt de défauts, pour l’essentiel dùs à son budget presque inexistant.
C’est néanmoins un film réussi et nécessaire.
D’autant plus nécessaire qu’un référundum doit avoir lieu dans quelques jours à Mayotte qui décidera ou non d’en faire un département Français sans que les médias de métropole n’aient daigné lui offrir une quelconque couverture.


Voilà un film rare qui ne restera pas longtemps à l’affiche ; une authentique raison de vous déplacer que vous aimiez ou non le cinéma.

Foncez-y si un cinéma près de chez vous le diffuse :
Pour en savoir plus :
Un extrait du film pour vous donner une idée :

Laisser un commentaire