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Manuels scolaires : plutot discrimination ou manipluation ?

On parle beaucoup d’évolution des mentalités ces jours-ci. 
Or en la matière dans notre pays le thermomètre de cet évolution c’est la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité. 
On la connait surtout pour son rôle actif, puisque c’est elle que les victimes peuvent saisir lorsqu’elle ont eu à subir un comportement à caractère discriminant.
(D’ailleurs pendant que j’y suis pour en savoir plus c’est ici et pour saisir la HALDE  c’est là)
Mais la Haute Autorité a également un rôle consultatif, ce qui l’a amenée à réaliser de Juin 2007 à Mars 2008 une étude sur la place des stéréotypes et des discriminations dans les manuels scolaire. 
L’idée ne parait pas mauvaise au premier abord. C’est très jeune que se forment bien des préjugés. Et dès lors que lesdits préjugés sont si  évidemment vivaces  dans notre société il ne parait pas illégitime de porter un regard critique sur l’éducation qui est donnée à nos enfants.

Mais au vu des résultats (prévisibles) de cette étude j’ai l’impression de lire un constat d’impuissance. 

En transmettant des savoirs, les manuels scolaires proposent des représentations de la société. Ils peuvent véhiculer des représentations stéréotypées qui peuvent être à l’origine des discriminations.
De manière générale, l’étude relève la présence de stéréotypes dans les manuels scolaires quelles que soient les disciplines enseignées y compris l’éducation civique.
L’image des hommes et des femmes continue de subir un traitement différencié moins valorisant pour les femmes.
Les personnes d’origine étrangère représentées sont montrées le plus souvent dans des situations dévalorisantes et/ou de pauvreté.
Le handicap est rarement évoqué.
Les seniors sont souvent associés à des représentations liées à la maladie et à la dégénérescence du corps. Ces représentations ne sont pas compensées par d’autres images positives sur leur rôle citoyen et leur apport dans la famille.
L’impasse est faite sur le sujet de l’orientation sexuelle.

 Le bilan n’est pas optimiste. Nos manuels scolaires ont une tendance indéniable à donner du français l’image réductrice d’un homme blanc hétérosexuel.
Mais fort  heureusement ça ne ressemble plus du tout  à cela : 
 
Manuel d’histoire destiné aux élèves du primaires de cantons de Vaud, Genève, Neuchâtel & Jura bernois. Première édition 1940. La dernière édition de 1973 comporte toujours cette même illustration avec la même légende. [source]



Que cette situation soit problématique est un fait. Mais j’avoue être d’un grand scepticisme quant au solutions proposées :
« Il faut changer les représentations », en allant même « un peu au-delà de la réalité à un moment donné », afin de « donner une image en ligne avec l’ambition qu’on a pour la société », a affirmé M. Schweitzer.
Pour cela, la Halde demande à l’Education nationale que la prévention des discriminations soit présente dans tous les programmes de la 6ème à la terminale et que les enseignants aient une « formation spécifique » à ce sujet.
Aux éditeurs de manuels, elle recommande notamment que les personnes « qui souffrent d’une représentation le plus souvent négative soient illustrées dans des situations ordinaires et non systématiquement négatives ».
« Ces recommandations vont dans le bon sens. Montrer des contre-stéréotypes et la société telle qu’on voudrait qu’elle soit, on va en tenir compte », a réagi auprès de l’AFP Pascale Gélébart, du Syndicat national de l’édition.


 Je ne prétends pas avoir de réponse défintive à la question, mais vraiment je m’intérroge. Est-ce vraiment le role des manuels scolaires que d’aller « un peu au-delà de la réalité à un moment donné » ou de plus fort « donner une image en ligne avec l’ambition qu’on a pour la société » et monter « la société telle qu’on voudrait qu’elle soit ». 

Que les manuels scolaires présentent une image faussée et caricaturale de la société est inévitable ne serait-ce qu’en raison de leur nature.  
Parce que les manuels scolaires n’ont pas vocation à embrasser la réalité dans son ensemble mais à donner des bases élèves, des repères capables de guider leur réflexion future. 


 Dans ces conditions il ne me semble pas inutile de tracer une ligne. De définir ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. 
Les manuels scolaires doivent-ils continuer à rendre compte compte de « la norme » qui avant toute chose n’est rien d’autre que la situation la plus fréquente ?


 Ou doivent-ils s’engager dans un processus volontariste, une discrimination positive appliquée à l’éducation ?


 A première vue j’aurais tendance à préférer la première option qui me semble reposer sur un critère plus objectif. 


 Car l’hypothèse contraire reviendrait à insérer une manipulation volontaire et active de l’éducation dans le domaine de l’acceptable.  


 Mais je suis peut être pessimiste…

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