Fatigué après plusieurs jours d’écriture, j’avais décidé de passer ma journée à lire différentes coupures de presses que j’avais pu rassembler autour du procès qui avait finalement envoyé Giacomo en prison. Je connaissais l’histoire en détail, telle que Maximilien Huet de Francart me l’avait racontée, et je ne pensais pas apprendre grand’ chose. Cependant, j’avais besoin de reprendre mon souffle. De plus, je souhaiter également me plonger dans l’atmosphère qui avait conduit à la condamnation de mon personnage, afin de comprendre dans quelles conditions ses contemporains avaient perçu cette affaire.
La plupart des articles se révélèrent d’un intérêt douteux. Nombre de journalistes s’attardaient sur les détails de la mort de Pascaline Sarpetti bien plus que sur la personnalité de Giacomo. Un entre tous retint mon attention. Il datait de la veille de verdict et était intitulé : « l’avocat de Sarpetti s’insurge ». C’est avec empressement que j’en ai entamé la lecture de ce document. J’avais terriblement hâte de prendre connaissance de la démonstration de Maximilien Huet de Francart telle qu’il l’avait conçue à l’origine, et je pensais que sa lecture pourrait potentiellement apporter beaucoup à l’écriture de mon livre. Le journaliste semblait être un des seuls convaincus de l’innocence de Giacomo. Il est vrai que les propos de l’avocat qu’il retranscrivait dans son article étaient particulièrement convaincants. Cet avocat n’était cependant pas Maximilien Huet de Francart.
L’avocat dont il était fait mention se nommait Me Laurent Brochant. Il semble avoir été relativement connu à l’époque des faits. A première vue, cette découverte pouvait certes me surprendre, mais pas forcément me faire douter de Maximilien Huet de Francart. J’aurais pu croire que Giacomo s’était attaché les services de plusieurs avocats. C’était après tout une chose courante, et sa fortune le lui permettait. Seulement, une photo de Giacomo et son avocat se trouvait à coté de l’article, et elle ne me laissa aucun doute. Maximilien Huet de Francart avait su dès le premier jour que je tomberais sur une photographie de Giacomo, et dès ce jour, malgré son age, malgré les marques laissées par l’enfermement, le chagrin, la colère et la frustration, il avait su que je ne manquerais pas de le reconnaître. L’homme que j’avais connu avait changé certes, mais son regard était resté le même, des yeux à la détermination telle qu’ils lui avaient permis des succès inimaginables, ces yeux qui dès le premier jour avaient su capter mon attention.
Giacomo, avait joué jusqu’à la fin, je crois aujourd’hui que même notre rencontre avait été organisée par lui. Il avait su dès le départ que je me refuserais à écrire sa biographie, alors il m’avait conduit à vouloir l’écrire. Mieux ; il m’avait poussé à écrire mon meilleur livre.