Giacomo était un homme dont la méfiance était aussi célèbre qu’éternelle. Sa vie entière, il garda chacun de ses collaborateurs sous une surveillance étroite. La tentation de récupérer une part de la fortune qu’il s’était peu à peu constitué était grande, mais il semble que tous ceux qui ont à un moment donné tenté de s’attaquer à GIacomo Sarpetti, ou pire ceux qui se sont risqués à le trahir, ont fini leur vie ruinés, ou en prison ; parfois même les deux…
Maximilien Huet de Francart ne lui connaissait aucun ami véritable, seulement des collaborateurs et des employés. Giacomo semblait s’être sa vie durant imposé comme règle de limiter au maximum toutes formes d’attaches. Pascaline seule réussit à briser cette règle. Cette simple indication suffit je pense à vous décrire combien cette femme pouvait être exceptionnelle. L’ancien avocat m’a fait d’elle une description sublime. Je regrette vivement de ne pas être capable de vous la restituer fidèlement. Je sais cependant que celle qui n’avait pourtant que vingt huit ans lorsqu’elle devint Mme Sarpetti était d’une beauté et d’une assurance peu communes. Ma mémoire et les mots de Maximilien Huet de Francart me font défaut. C’est donc au regard d’une Photographie que j’ai pu me procurer que je vais essayer de vous la décrire.
Pascaline avait les traits d’une enfant et le regard d’une femme. Deux grands yeux sombres aux reflets brillants, cernés de longs cheveux noirs. La courbe de ses jambes était véritablement hypnotique. Elle semble, en dépit de l’ancienneté du cliché capter à elle seule la lumière toute entière. Je vous avoue m’être moi-même surpris de l’impact qu’a pu avoir sur moi cette beauté passée, et je comprends sans peine qu’elle ait pu susciter une telle passion de la part de Giacomo.
Ils se sont mariés environ huit mois après leur rencontre, que je n’ai pu situer en dépit de mes efforts. Maximilien Huet de rancart s’est quant à lui bien gardé de m’en faire le récit. La cérémonie fut discrète, elle eut lieu au printemps 1968. Leur bonheur semble avoir été total, une de ces passions que seuls semblent pouvoir connaître deux êtres aussi exceptionnels.