Points de jonction

Points de jonction (13)

J’ai accepté la proposition de Maximilien Huet de Francart. Comment aurais-je pu faire autrement ? Il est vrai que le salaire que le vieil homme m’offrait avait –et plus encore dans ma situation- de quoi me faire tourner la tête. La somme que l’ancien avocat se proposait de me payer pour une semaine de ce travail correspondait plus ou moins à ce que Sophie mettait un mois à gagner.

Je suis rentré tôt à la maison, mais je ne me suis pas mis à l’histoire de Nicolas. Mon nouveau patron m’avait en effet interdit d’écrire une ligne supplémentaire sans sa présence. Je me suis donc mis immédiatement aux fourneaux. Lorsque Sophie est rentrée, des fleurs et un repas de fête l’attendaient sur la table. J’avais terriblement envie de lui parler de mon nouveau travail, de mon nouveau patron. Pourtant, lorsque les mots sortirent de ma bouche, je me découvris incapable de lui révéler la nature exacte de mon nouvel emploi.

C’est ainsi que je lui ai dit ;

-Mon cœur, dès demain je travaille dans un cabinet d’avocat.

-Toi ? Dans un cabinet d’avocat ? Mais à quoi tu vas leur servir ? Tu n’y connais rien en droit, et tu détestes tout ce qui est paperasse…

-SI j’ai bien compris, l’avocat qui m’a engagé veut que je l’aide à rédiger ses plaidoiries, ses conclusions, lui s’occuperait de l’aspect juridique, moi de l’aspect littéraire. En quelque sorte, je vais être une espèce de nègre.

Je venais sans m’en rendre compte de reprendre la formule de mon nouveau patron ; celle qu’il avait employée lors de notre première rencontre. C’était un mensonge grossier, incroyable (mais à la réflexion ; la vérité l’était tout autant) cependant, Sophie me crut, ou du moins, fit semblant d’une manière convaincante. J’aime à penser qu’elle m’a cru. Je ne voudrais pas qu’elle m’ait vu en train de lui mentir. A vrai dire, je pense qu’elle avait vraiment besoin de me croire, et que pour cette raison, elle n’a pas douté de moi.

Mes rendez-vous avec Maximilien Huet de Francart se sont dès lors succédés, et c’est dans de nouvelles conditions que j’ai pu poursuivre l’écriture de l’histoire de Nicolas.

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