Il y a de cela quelques mois, un ami cadre dans un groupe de taille importante me téléphone. Il a le cafard, ca transpire dans sa voix.
Sa direction vient de lui donner l’ordre de se séparer de l’un de ses subordonnés.
Il ne s’agit pas d’un renvoi mais d’une mutation forcée, à quelques quarante kilomètres, effective sous huit jours.
Forcément, je passe la conversation en mode juridique, judiciaire même. Je martèles mots « Prud’hommes » et « modification unilatérale du contrat de travail » de manière à ce qu’il soient retenus, et de préférence transmis.
Puis je comprends que le salarié en question se trouve lui aussi à l’autre bout du fil, assis à coté d’un téléphone dont le haut parleur diffuse mes exclamations depuis bien cinq minutes.
Et puis, au terme terme d’un entretien tendu, je comprends que mon indignation ne sert à rien. Pour le salarié en question le problème est d’une simplicité désarmante : s’il refuse sa mutation il sera licencié.
Peu importe que cette mesure soit une violation flagrante du code du travail.
Pour lui, saisir le conseil des prud’hommes signifie perdre son emploi, pour obtenir gain de cause sans doute, mais pas avant des mois… au mieux.
Or, il ne peut pas se permettre d’attendre plusieurs mois, pas avec les charges qui sont les siennes.