à vif

L’enfant du diable

Patrick a l’impression d’être un enfant convoqué dans le bureau du directeur.

Les mains posées sur les genoux, le dos légèrement voûté, il tente de refréner l’impatience de son pied gauche qui ne cesse de vouloir battre la mesure.

Son œil est attiré par la lumière du dehors. Patrick voudrait sortir, là tout de suite et enfin passer à autre chose.

Par la fenêtre, une banderole claque au vent. Elle surmonte la petite toile verte d’une tente. Selon le vigile à l’entrée du tribunal, cela fait quatre jours à présent que ce papa fait  une grève de la faim. Depuis ce jugement qui lui a enlevé son fils.

Patrick a écouté l’histoire, sans manifester d’émotion particulière.

Qu’espère-t’il cet imbécile avec sa grève de la faim ? Que le juge revienne sur sa décision ? Il ferait mieux de faire appel, ce serait moins spectaculaire, mais ce serait utile au moins…

Patrick a d’autres choses en tête, comme ce gamin de quinze ans qui attend, les yeux rivés sur son Iphone, de l’autre coté de la porte capitonnée.

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Billets

Taxi ou transport de malade ?

Décidément, cette année le hasard met la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) sur ma route.

Hier soir, j’ai raté mon train à quelques secondes, de sorte que j’ai été contraint de prendre un car qui m’a déposé (très) loin de chez moi.

Il était vingt heures et les quarante minutes de transport supplémentaires qui m’étaient nécessaires m’ennuyaient au point de justifier que je passe la portière du Taxi qui se trouvait devant moi.

C’est sur la banquette arrière que j’ai croisé ladite LFSS.

Pas toute la loi, seulement son article 44.

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Restes de soupe
à vif

Le Mal de Mer

Le mal de mer est arrivé le 24 décembre, peu après midi.

Les bancs de passants nageaient de droite et de gauche.
Les flots charriaient des paquets multicolores.
Au loin, des hauts parleurs hurlaient des chants de Noël désuets jusque dans la rue.
Je me suis accoudé au bastingage, déjà plus très sûr de la solidité de mes entrailles.

Ce n’est pas bien original de ne pas aimer Noël.
C’est banalement la période durant laquelle une moitié de la population se réjouit et fait la fête tandis que l’autre scrute la calendrier comme la trotteuse d’une montre
Il y a comme un darwinisme calendaire lors des fêtes de fin d’année.
Comme s’il fallait faire un tri pour distinguer ceux qui ont assez d’envie pour atteindre la rive de l’année prochaine.

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