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Communication autiste au vatican

Les jours se succèdent et la polémique causée par la levée de l’excommunication du révisionniste lefebriste Williamson n’en finit pas d’enfler.
Et l’on assiste stupéfait une tragicomédie dans laquelle chefs d’États, prêtres, homme politiques, croyants, athées et anticléricaux se sentent tous obligés de mettre leur grain de sel.
 
La dernière séquence fait apparaitre l’un principaux acteurs ; le Pape Benoit XVI qui, bien qu’habitué à la polémique ne semble plus savoir que faire pour clarifier ses dernières décisions.
Cette fois cependant, on aurait bien du mal à y trouver à redire tant il est préférable de le voir se positionner clairement au nom et ostensiblement au nom de l’Église plutôt que se contenter d’affirmer avoir ignoré les positions de Williamson sur la Shoah.
Recevant une délégation d’organisations juives américaines, jeudi 12 février, le pape Benoît XVI a dit vouloir « faire sienne » la demande de pardon formulée en 2000 par son prédécesseur Jean Paul II à propos du rôle de l’Église dans la Shoah.
A l’époque, Jean Paul II avait déclaré : « Nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui ont fait souffrir vos enfants et, en demandant votre pardon, nous souhaitons nous consacrer à une vraie fraternité avec le peuple de l’Alliance. » [source]
Dont acte.
Cette fois c’est clair. 
Le pape dit clairement, je crois que Dieu est amour et tout autre comportement que l’amour à l’égard des juifs ne serait donc pas chrétien.

Je n’ai pas l’intention de m’étendre sur le contenu de la polémique ou sur les raisons et les alliances politiques subtiles qui ont pu pousser Benoit XVI a réintégrer les évêques lefebristes.
C’est d’autant moins nécessaire que l‘express publie aujourd’hui un excellent article sur le sujet.

Ce qui m’intéresse à l’instant c’est la tendance qu’illustre cet épiphénomène :  une incapacité de l’Église à communiquer clairement. 
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Le phénomène est indissociable de la nature complexe du Pape, à la fois chef d’État et chef spirituel, et qui le contraint à peser chaque mot en tant que garant du dogme alors même que la portée de ses paroles dépasse de loin la simple communauté des chrétiens. 

Oui, la levée de l’excommunication des « évêques » lefebristes me semble être une parfaite illustration de l’incapacité de l’Eglise catholique à communiquer.
Le mouvement est relativement clair pour les catholiques. Il s’agissait d’accueillir à bras ouverts les fils prodigues au prétexte de rassembler la famille des chrétien sans pour autant accepter n’importe quoi.
A ce jour, si leur excommunication est levée ils n’occupent pas de position dans l’Église catholique romaine, au sein de laquelle ils n’ont pas encore officiellement ce titre d’évêque qui prête à confusion.
En somme la situation (par ailleurs extrêmement mal vécue du coté des intégristes…) s’apparente plus à une mise à l’épreuve qu’à la réhabilitation qui a été très largement supposée… 
Mais encore fallait il le dire clairement.

Le même type de problème se pose par exemple au sujet de la position de l’Église quant au port du préservatif.
On voit mal le pape s’écarter du dogme en prétendant cautionner chez les fidèles une sexualité assumée bien éloignée du dogme. 
Lorsqu’il fustige le port du préservatif, dans la droite ligne de la la position qui était celle de Jean Paul II, Benoit XVI met nécessairement ses paroles dans un contexte. Celui d’une foi catholique qui réprouve autrement plus le fait de tuer autrui que la luxure.
Or dans certains cas, on le sait le sexe non protégé n’est guère éloigné d’un meurtre… 
Dans la vision du pape, réprouver la luxure n’est pas une incitation à commettre le meurtre.
Mais cela aussi il faudrait une fois pour toutes être capable de le dire clairement. 

En somme la communication du Vatican « pêche » par un excès inverse à celui que pratique l’Élysée. Le premier ne sait pas simplifier là où l’autre ne sait faire que cela.

Le Vatican, qui ne peut ignorer le phénomène me semble ne pas le prendre à sa juste mesure.
La mission du pape en 2009 implique de s’adresser au monde entier quelle que soit sa culture ou sa religion. Il le doit en tant que chef d’État, il le doit aussi parce que ses paroles engagent aux yeux du monde toute une fraction du monde supposé chrétien ou sympathisant. 

Et dans l’exercice de celle-ci il ne saurait prétendre tenir pour acquise cette culture chrétienne dans laquelle l’occident ne baigne plus aussi intensément qu’au cours des siècles passés. Dans ces conditions il se doit d’expliquer à tous, de s’adresser à tous : surtout aux non chrétiens. 

Mais pour cela encore faudrait il être tout à fait d’accord sur le fond. 
Or, et c’est le deuxième enseignement de « l’incident Williamson »  ; comme nos socialistes les chrétiens sont plus que jamais divisés.

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