Billets, brèves

Bagram la prison du pragmatisme

Cest un vieille règle en politique ; la ferveur et l’état de grâce qui suivent une élection doivent tôt ou tard laisser place aux réalités de la politique la plus pragmatique. 
Même un président à la popularité en apparence inoxydable tel que Barack Obama pourrait très bientôt en faire les frais. 
Si l’on avait pu se réjouir de la fermeture camp de Guantanamo de triste réputation, il convient à présent d’accueillir cette information avec plus de nuance alors qu’une seconde vient lui donner un nouvel éclairage.

Vendredi 20 février, dans un communiqué lapidaire, [le département américain de la justice] affirmait en substance que les détenus de la prison afghane de Bagram, à la différence de ceux de Guantanamo, ne pourront pas contester leur détention devant une juridiction civile, pas plus qu’ils ne pourront être épaulés par un avocat.  [source]

La prison de Bagram est une base américaine relativement ancienne, elle était déjà utilisée par les américains lors de l’occupation soviétique de l’Afghanistan

Les autorités américaines justifient actuellement son maintien par le fait que l’Afghanistan est une zone de guerre ce qui justifierait l’application de la loi martiale. 

Beaucoup moins médiatisée que la base Cubaine de Guantanamo elle n’abrite pourtant pas une réalité plus agréable , bien au contraire.  

D’ailleurs,

En mai 2006, le New York Times avait publié une enquête révélant comment deux détenus – identifiés comme Dilawar et Habibullah – étaient décédés, fin 2002, des suites de mauvais traitements. [source]
 

Voila qui risque de tomber comme une douche froide chez ceux qui supposaient que la simple arrivée de Barack Obama à la maison blanche suffirait à changer l’attitude des États-unis à l’égard des droits de l’homme. 

La divulgation de l’existence de prisons sécrètes destinées à mener des interrogatoires extrêmes est un paradoxe qui ne s’explique que par l’idée  encore très largement partagée dans la population américaine, que leur existence est nécessaire et de l’intérêt du plus grand nombre. 

Or aussi longtemps que cette idée sera aussi prégnante dans les mentalités, il est en réalité bien vain d’espérer voir fermer ces prisons en marge de toute légalité.  

D’ailleurs quand bien même cela se réaliserait, l’administration Obama, pas encore sortie d’Irak et sur le point de s‘enfoncer un peu plus encore en Afghanistan semble difficilement en mesure de se permettre le luxe de renoncer à ces prisons.
La chose semble d’ailleurs devenue si nécessaire que la France serait elle aussi en train de créer ses prisons secrètes.
Je ne sais pas vous, mais à l’instant, j’ai une furieuse envie de prendre l’air… 

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