Mais leur méthode n’a rien à voir. Il s’agit d’une orientation de ces journaux en termes de ligne éditoriale pas d’un soutien franc et direct à un parti ou un candidat en particulier. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un événement exceptionnel puisque le Washington Post avait déjà pris position de cette manière plusieurs fois dans son histoire.
Plus près de nous, Alain Duhamel est le dernier journaliste – à ma connaissance – qui ait affiché ès qualité clairement et en public sa préférence pour un candidat à l’élection présidentielle. Les foudres de ses employeurs avaient alors tonné ; l’épisode médiatisé de sa suspension est encore très frais dans les mémoires.
Ce qui semble normal d’un coté de l’Atlantique est apparemment une faute grave de celui-ci.
Pourtant l’exemple du Washington Post est autrement plus marquant puisque c’est un organe de Presse dans son ensemble qui est concerné par l’éditorial publié ce matin et pas simplement la parole singulière d’un journaliste.
La chose semble décidément impossible chez nous, d’autant plus impossible en l’état de ces rumeurs de collusions et autre copinages qui frappent régulièrement certains médias qui s’empressent d’ailleurs de les démentir.
TF1 et Europe 1 notamment, à qui la rumeur populaire prêtent régulièrement des amitiés étroites avec l’Élysée dépensent un énergie considérable à les démentir.
Pourtant à la réflexion ne serait-il pas plus sain que l’opinion intime des journalistes soit révélée au grand jour ?
Je suis conscient que l’idée puisse paraitre scandaleuse, ne serait-ce que parce que ce qu’on attend d’un journaliste ce sont des faits, de l’analyse mais en aucun cas une vision partiale.
Je crois cependant que l’opinion n’est pas nécessairement un frein à l’objectivité. Tous les journalistes ont une opinion en tant qu’individu et cette opinion a – indépendamment de toute corruption et de tout c »opinage »- une influence sur leur perception du réel.
De même qu’un scientifique présente son protocole expérimental il me parait légitime qu’un journaliste ait la possibilité de rendre publique une sensibilité dès lors qu’elle fait partie de sa vision du monde et qu’elle ne nuit pas à son objectivité.
La neutralité telle qu’elle est imposée est une hypocrisie dont nous avons tous conscience et qui alimente les suspicions.
Comment d’ailleurs peut on prétendre imposer l’hypocrisie d’une feinte neutralité au journaliste et lui demander dans le même temps la Vérité ?