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Publicité : la théorie des vases communicants (Billet du 5.06.2008)

Il y a d’abord eu cette annonce du président de la république :



A l’époque, ça sonnait presque comme une gaffe. Voire comme un caprice. Certains se demandaient même à l’époque s’il y s’agissait d’un projet véritable ou d’une idée lancée au hasard.

La suppression de la publicité sur les chaînes publique… Avant même que cette annonce ne commence à se transformer en un projet véritable, les investisseurs s’en frottaient les mains.
A l’époque on aurait pu y voir un premier signe.

Seulement voila, depuis les choses se sont corsées. La commission Copé a certes tenté de trouver des solutions pour garantir le financement des chaînes publiques… avant de se faire renvoyer dans les cordes par le président lui-même.
La seule explication possible à cette réaction, si vive et si immédiate c’était bien sûr l’absolue vanité de la commission Copé privée de toute initiative véritable et condamnée à à homologuer et et rendre acceptables des solutions décidées à l’avance. Tirant les seules conséquences possibles de cette situation d’impuissance, les parlementaires de l’opposition qui avaient accepté de participer à la commission viennent de se retirer.

C’est dans ce contexte très particulier qu’intervient l’annonce d’une seconde coupure publicitaire accordée aux chaînes privées.
C’est Jean Francois Copé justement qui a ouvert la charge. Il est cette fois soutenu par le gouvernement puisque selon les Échos ;

« Christine Albanel a déjà prévu d’intégrer la mesure dans son projet de loi sur l’audiovisuel devant être débattu à l’automne à l’Assemblée, à l’occasion de la transposition de la directive européenne sur les services audiovisuels »

Si quelques uns étaient encore convaincus à ce stade que l’annonce présidentielle relevait de la gaffe cette idée doit à présent être dissipés. Peu importe d’ailleurs puisqu’une fois encore les marchés se frottent les mains.
Selon les premières impressions recueillies, l’enthousiasme populaire lui n’est guère au rendez vous…

La réforme de la télévision publique engagée par L’Élysée profite aux patrons des grandes chaînes privées c’est un évidence. Il serait vain cependant de penser que cette affaire se résume à un simple copinage, à un simple cadeau fait par le Prince à ses amis.

Il y a dans cette réforme une idée plus grande, un projet sous-jacent qui anime toutes les réformes conduites par Nicolas Sarkozy depuis son accession à la Présidence.
Ce projet, c’est de réduire peu à peu le rôle de l’Etat en confiant à une gestion privée tout ce qui ne relève pas de ses missions Régaliennes.
Quand on y pense, il n’est pas illégitime en effet de se demander s’il appartient effectivement à l’État de s’occuper de l’achat et de la diffusion de séries telles que « Derrick » ou « FBI Portés disparus » par exemple.
Le même raisonnement peut naturellement être appliqué à la distribution du courrier, ou à l’aide à la recherche d’emploi.
C’est en ce sens qu’il faut comprendre, pour ne citer qu’elle, la récente fusion de l’ANPE et de l’UNEDIC

Quoi que l’on pense du président de la République ou de sa politique, la question du rôle de l’État et de la nature de son intervention mérite d’être pensée en ce qu’elle est au cœur de la chose politique. De la réponse qu’on y apporte dépend en effet en grande partie le choix du type de société au sein de laquelle on souhaite vivre.
Cette question fondamentale cependant n’a jamais été ouvertement posée au cours de la campagne présidentielle.
Faute de l’avoir fait, Nicolas Sarkozy aurait tord de considérer son élection comme un blanc-seing.

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